II LES SUMÉRIENS
Origines et histoire
Il y a 5000 ans, dans la vallée du Tigre et de l’Euphrate
On ne sait pas exactement d'où viennent les sumériens, leur langue n'est ni indo-européenne, ni sémitique
Les premiers occupants ( période préhistorique ) occupaient de modestes villages sur tout le territoire. Toutes ces populations semblent avoir été résorbées par les deux groupes ethniques Akkadiens ( Sémites ) et Sumériens. C''est donc en Mésopotamie ( ce qui veut dire en grec " entre deux fleuves " ) que les akkadiens ont rencontrés l'autre groupe ethnique et mystérieux, les sumériens. Ces deux groupes ethniques donnera naissance à la civilisation antiques de Mésopotamie, en particulier celles des Sémites d' Akkad et d' Assyro-Babylonie puis au grand empire de Babylone, qui dominera longtemps la région avant les conquêtes Perses et Macédoniennes...
Les Akkadiens venaient probablement des terres du nord ( Syrie, Liban ... ) et de l'Arabie toute proche. Par contre, on ne sait pas d'où viennent les Sumériens. Ils ne sont pas originaires de Mésopotamie et leur langue, mal connue, n'est ni Indo-européenne, ni sémitique. Le fameux mythe des " sept sages " impute la première civilisation du pays à de nouveaux arrivant étranges " arrivés de la mer ". Il est possible qu'il soient arrivés en suivant le littoral iranien, venant de l' inde ou d'Asie en longeant les côtes...
Le plus étrange est qu'ils ont coupés les liens avec leur ancienne civilisation et son passé, oubliant complètement leurs origines, à la différence des akkadiens qui ont gardés des liens avec leurs cousins de Syrie notamment.
Les sumériens n'ont apparemment jamais été alimentés de sang frais, aussi ils ont été au fils du temps phagocytés par les akkadiens plus vigoureux. Ils sont supérieur militairement avec la maîtrise de l'arc.
Mais le déclin rapide de la dynastie akkadienne entraîne une renaissance de Sumer et la montée en puissance de la cité d' Our ( Ur ). Les cités sumériennes de cette époque se dotent de ziggourats, monumentales tours à étages destinées au culte, en simples briques de terre cuite comme toutes les constructions de la région. L'histoire biblique de la tour de Babel est sans doute inspirée par ces ziggourats.
Les cités-États de Sumer ne cessent de se combattre entre elles. Le pays n'était pas un royaume unifié, mais un ensemble de cités-États rivales et indépendantes ( une douzaine au sud de la Mésopotamie ), formant des royaumes au gré des alliances et des conquêtes. Ce conglomérat d'états-cités ne favorisa pas l'émergence d'une capitale précise car le centre du pouvoir se déplaçait sans cesse. Les cités d'Ourouk, Our, Eridou, Nippour, Kisch et Lagash furent les plus importantes. Our ( Ur ) était la ville principale vers 3000 avant J.C. et fut la capitale de Sumer sous la III ème dynastie.
Vers 2000 avant JC, l'effondrement des cités sumériennes et d'Our en particulier ouvre la voie à de petits royaumes indépendants. L'un d'eux va connaître un destin exceptionnel. Il s'organise autour de la cité de Babylone, à une centaine de kilomètres au sud de l'actuelle Bagdad. Cette région, la Chaldée ( ou la Babylonie ), occupe l'ancien pays d'Akkad. Babylone atteint son apogée sous le long règne du souverain illustre Hammourabi ( 1792-1750 avant JC ).
Hammourabi achève la conquête des pays de Sumer et d'Akkad et détruit le royaume de Mari, dans la Syrie actuelle. Avant de disparaître complètement, les sumériens auront eu le temps de marquer profondément la destinée du pays. Hammourabi a soin de placer toutes les divinités locales sous l'autorité d'un dieu suprême, Mardouk, le dieu de Babylone. On peut y voir l'ébauche du monothéisme.
Ce premier empire babylonien est ruiné vers 1595 avant JC par les Hittites sous la conduite de leur roi Mursili. Ces Hittites, nouveaux venus au Moyen-Orient, sont un peuple de langue indo-européenne établi au cœur de la Turquie actuelle en un royaume du nom de Hatti. Leur capitale est Hattousa. Ils ont l'avantage de maîtriser la métallurgie du fer, leur armement s'avère plus résistant. Abattus, les Babyloniens passent sous la coupe des Kassites, un peuple venu de l'Est. Les Assyriens ont même culture que les Babyloniens et comme eux, parlent l'akkadien, ( langue sémitique ). Mais ils se montrent plus brutaux et plus rustres. Leur capitale, Ninive, ( l'actuelle Mossoul ), se signale par des palais colossaux et sans grâce.
Les Hittites ayant détruit le royaume du Mitanni qui faisait de l'ombre aux Assyriens, ces derniers montent rapidement en puissance avec le roi Salmanasar 1er, vers 1274 avant JC. Ils soumettent peu à peu tout le Moyen-Orient à leur loi. Le roi Sargon II envahit le royaume d'Israël en 721 avant JC. Son fils et successeur, Sennachérib, déporte les Hébreux d'Israël entre le Tigre et l'Euphrate.
Assourbanipal, petit-fils du de Sennachérib, accède au pouvoir en 668 avant JC et étend la domination assyrienne jusqu'en Égypte. Il porte l'Assyrie à son apogée, mais le roi s'épuise à combattre les séditions locales et les ennemis des frontières. Vers la fin de son règne, il doit renoncer à l'Égypte. A peine vingt ans après sa mort, survenue en 630 avant JC, l'empire assyrien s'effondre, victime d'une coalition entre Cyaxare le roi des Mèdes ( peuple originaire de l'iran actuel ) et Nabopolassar le gouverneur de Babylone.
C'est ainsi que le gouverneur de Babylone s'allie à Cyaxare, le roi des Mèdes. Les Assyriens sont défaits en 615 avant JC à Arapkha ( aujourd'hui Kirkouk ) et leur capitale Ninive est détruite en 612 avant JC. Babylone va retrouver sa grandeur pour plusieurs siècles. Le 23 septembre de l'an 605 avant notre ère, Nabuchodonosor II ( fils de Nabopolassar ) est couronné roi de Babylone. Peu avant son couronnement, il vainc les Égyptiens à Kharkémish et les chasse du Moyen-Orient. Un peu plus tard, il soumet Jérusalem et le royaume de Juda. Il réduit aussi la cité de Tyr, en Phénicie. Le 28 mai de l'an 585 avant JC, une éclipse de soleil interrompt un combat entre les Mèdes et les Lydiens. Nabuchodonosor, allié des Mèdes, en profite pour annexer la Lydie ( l'éclipse a été identifiée et a permis aux historiens de dater avec précision la bataille ).
Nabuchodonosor II de Babylone se consacre à l'embellissement de sa capitale. Il fait aménager une enceinte de 18 kilomètres de long, dont le principal point de franchissement est la porte d'Ishtar. De celle-ci, une voie processionnelle en brique émaillée conduit au temple de Mardouk, le dieu de Babylone. Le roi fait aussi rénover la grande ziggourat, ( la tour de Babel ). Elle s'élève à 90 mètres de haut et sa base a 90 mètres de côté. Enfin, le roi fait aménager les jardins suspendus. Une légende prétend qu'il aurait ainsi voulu faire une faveur à son épouse d'origine mède qui regrettait les montagnes verdoyantes de son enfance.
L'empire néo-babylonien de Nabopolassar et Nabuchodonosor n'aura qu'une existence éphémère. Nabuchodonosor s'éteint en -562 et peu après, un usurpateur, Nabonide, s'empare du trône. Son fils Balthazar lui succède en 548 avant JC mais il est lui-même chassé par l'invasion perse...
En 539 avant JC, Cyrus le Grand, Roi des Perses et des Mèdes, s'empare de toute la Mésopotamie, y compris de la prestigieuse Babylone, réduite désormais à n'être plus qu'une ville provinciale. Il délivre au passage les Hébreux.
Babylone reprend espoir avec l'irruption d' Alexandre le Grand. Le conquérant macédonien entre dans la ville en 331 avant JC et songe à en faire la capitale de son empire, unissant l'Orient perse et l'Occident héllénique. Il engage de grands travaux dans la cité et restaure le magnifique temple consacré à Mardouk, le dieu de Babylone.
Malheureusement, Alexandre ne revient à Babylone huit ans plus tard que pour y mourir. Avec l'éclatement de son empire, le rêve babylonien s'évanouit à jamais. Le site, qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres carrés, revient peu à peu à la steppe après avoir donné vie à une cité qui rayonna sur l'Orient civilisé pendant près de... quinze siècles ! Le général Séleucos 1er, qui gouverne la région après la mort d'Alexandre, transfère sa capitale dans un camp grec du nom de Ctésiphon, aujourd'hui dans la banlieue sud de Bagdad. Disputée entre les Perses et les Romains, la Mésopotamie tombe beaucoup plus tard sous la coupe des Arabes.
Babylone retrouve un rôle de première importance avec la fondation de Bagdad ( en arabe, la cité de la paix ), sur les bords du Tigre, et la montée en puissance de l'empire abbasside.
Sources: www.herodote.net
Écriture
Il y a environ 5500 ans naissaient, quelque part entre le Tigre et l'Euphrate, les germes de ce qui allait devenir la première forme d'écriture de l'humanité. Devenus agriculteurs, les Sumériens durent concevoir un système de comptabilité durable afin de gérer les surplus de nourriture. Ils se servirent donc de l'argile, matériau abondant dans ce territoire fluvial, pour garder des traces de leurs récoltes et troupeaux. Les comptables sumériens utilisaient des boulettes d'argile, appelées "calculi" pour enregistrer les livraisons et les échanges.
Les documents écrits les plus anciens (-3000) ont été retrouvés dans les ruines d’Uruk lors de fouilles en 1929-1931. Le cunéiforme est une forme d'écriture inventée dans l'ancien Sumer aux environs de la moitié du IVe millénaire avant notre ère. Le système était à l'origine pictographique, mais en s'adaptant aux autres langues de la région (akkadien, perse, etc.) il devint plus phonétique.
L’utilisation de l’écriture débouche sur une organisation complexe de la société. Elle est administrée, de façon méticuleuse et tâtillonne, par un État monarchique et sacerdotal. Les méthodes d'agriculture, exigeant l'irrigation des terres afin de les fertiliser par le limon, demandaient une organisation sociale complexe, donc une structure hiérarchique qui allait devenir de plus en plus importante avec le temps. La population croissant, les surplus de nourriture devant être gérés, l'écriture est vite devenue un besoin pour la civilisation naissante.
La découverte en 1961 à Tartaria (Roumanie) de tablettes d'argile avec des signes pictographiques, datées par C-14 à peu près 1000 ans avant Sumer, ont conduit certains scientifiques russes, britanniques et américains a suggérer que les sumériens ont leur origine dans l'espace carpato-danubien
Les sumériens se servirent donc des techniques qu'ils connaissaient pour expliciter d'avantage leurs notations comptables, sous forme de pictogrammes tout d'abord. Ces pictogrammes se multiplièrent par la suite, se stylisèrent, ce qui donna une écriture complexe, la première connue. Le cadre d'utilisation dépassa la comptabilité des récoltes et des troupeaux, pour témoigner de la richesse de la culture sumérienne à travers des témoignages et même du premier texte littéraire connu, "l'Épopée de Gilmalesh". Voir : religions et Textes et Littérature
Le terme "cunéiforme" qui désigne cette écriture particulière signifie "en forme de coin" (de cuneus qui signifie "clou" ou "coin"). Cette appellation dépend du dessin caractéristique de cette écriture formée de petits traits triangulaires. Le cunéiforme était principalement écrit avec un calame en roseau sur des tablettes d'argile.
Les premières notations numériques étaient très simples. Les premiers agriculteurs s'étaient en effet contenté de plonger une tige dans une motte d'argile, laissant un point en creux. La motte d'argile, cuite, pouvait alors durer très longtemps, et même se rendre jusqu'à nous pour nous porter son message. L'écriture cunéiforme est dérivée de ce système simple: le scribe tenait son instrument, le calame, de plein poing, et le plongeait dans l'argile afin de laisser une simple trace. Ce type de marque avait de plus l'avantage d'être très rapide, ce qui est important puisque l'argile sèche rapidement. Cette particularité de l'argile va aussi amener une simplification progressive des signes à travers les âges.
Le calame, lui-même, était une tige de roseau taillée en biseau à une extrémité et en pointe de l'autre. Calame vient d'ailleurs du latin calamus, qui signifie «roseau».
Les témoignages extrêmement riches laissés par l'écriture cunéiforme ne vont pas l'empêcher de disparaître, lorsque le papyrus remplacera l'argile.
L'écriture cunéiforme sumérienne ne compte pas moins de 20000 signes! Les premières traductions sont dues à Sir Henry Creswicke Rawlinson (1810 - 1895).
La plupart des peuples de l'Asie occidentale adoptent le cunéiforme qu'ils transcrivent dans leurs langues respectives. Ils l'utilisent jusqu'au premier siècle av. J.-C. .Ce sont d'abord les Akkadiens (peuple sémitique, ancêtre des Hébreux et des Arabes), puis les Babyloniens et les Assyriens, puis les Hittites, les Perses... Pendant ces 4000 ans, des milliers de documents administratifs et économiques ainsi que la plupart des connaissances scientifiques et des oeuvres littéraires sont écrites en cunéiforme, dans différentes langues, par toutes ces civilisations. Le courrier et les livres de comptes sont inventés, on écrit les hymnes sacrés et les prières.
Dans "l'Épopée de Gilgamesh", oeuvre sumérienne écrite à cette époque, on devine une source de la mythologie grecque (les exploits d'Héraclès), et de la Bible (le Déluge y est conté). Voir : religions
Vers 2300 av JC, le sumérien cesse d'être la langue prépondérante en Mésopotamie. L'akkadien avait pris la relève. Dès la fin de l'époque dite "proto-littéraire", les Akkadiens avaient emprunté l'écriture sumérienne et l'avait adaptée aux besoins de leur langue sémitique bien différente du sumérien.
En 2000 av JC, le sumérien n'était plus parlé. L'akkadien, puis l'assyro-babylonien, l'avait définitivement remplacé. Le sumérien devait cependant rester la langue de la religion, de la science, des affaires et du droit pendant encore bien des siècles. Abraham, en 1900av JC, a donc vraisemblablement été en contact d'une manière ou d'une autre avec le sumérien.
On pense que le sumérien, comme langue littéraire, fut en usage jusqu'à la disparition définitive de l'écriture cunéiforme.