Le paraître et l’Etre.

Le paraître et l’Être.

 

Où l’Être est parade, le devenir s’exclut, la pensée s’immobilise, l’imagination se tait.

Où l’Être est, les chemins exposés reviennent et la puissance du Verbe se déploie.

Il n’y a pas lieu de croire un seul instant que l’avenir appartient aux rives, mais aux fleuves solidaires ou solitaires qui effeuillent le temps, vifs et sereins affrontent avec détermination son parcours, et au-delà des clameurs, des rites, des constellations du dire atrophié, émergent le réel afin d’offrir aux yeux du Vivant, non leur propriété ou leur postérité, mais leur efflorescence, cette marche vers l’avenir, cette pierre d’écume qui disparaîtra mais permettra d’enfanter le devenir, au-delà des noms, des principes de l’errance, des convoitises et des perversions de surfaces, toutes lacunes qui emprisonnent, toutes voies éperdues qui ne savent que s’inféoder à leur propre litanie.

La connaissance est à ce prix, si souveraine que seule la témérité et l’abnégation en sont œuvres de fertilité.

Et dans la conscience de ce propos chacun ici doit se libérer de l’étreinte des contingences du paraître afin d’accéder à cette orientation de la Vie qui ne s’épuise ni ne se lamente mais impérissablement développe son incantation par-delà les phénomènes, par-delà les triviales arborescences, afin, non seulement d’initier le chant, mais de le faire resplendir au-delà des frontières et des masques tragiques des remparts qui s’abreuvent d’ignorance.

©Vincent Thierry