Passivité démesurée
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- Catégorie : Philosophie
Passivité démesurée
On ne s’étonnera pas de la passivité permissive des citoyens, de leur degré d’acceptation frisant aujourd’hui un seuil de non-retour, tant ils sont soumis à une désorientation calculée, préméditée, orientée. On veut restreindre leur liberté : les voyez-vous défiler dans la rue pour protester, les voyez-vous se dresser contre l’usurpation ? Non, ils se taisent lovés dans ce que le pouvoir politique a créé de pire, l’isolement, l’attentisme, la complaisance.
Névroses collectives qu’il convient d’éclairer. L’isolement est le lieu privilégié du règne, par la division manipulatrice qu’il incarne ; l’attentisme est la source de tout esclavage, l’humain en ce lieu se résignant pour subir l’autorité ; la complaisance est le pire des maux, réduisant l’individu à l’état larvaire devant le maître qu’il adule. Ces trois caractéristiques associées sont les vecteurs qui permettent de naître l’indéfinitude, ce vide de l’humain permettant d’enchaîner ses armatures, sa sagacité, son intelligence, son esprit critique, sa densité cognitive.
Il suffit ensuite de manipuler cet "inconscient" pour en faire ce que l’on veut, l’instruire de ce que l’on souhaite, lui faire reconnaître ce qu’on lui demande qu’il reconnaisse, toutes faces d’un remodelage de la pensée qui excluent son identité, son existant, son Histoire, sa conduite, son devenir, son pouvoir de transcendance comme d’épanouissement, toutes faces sans remèdes dans la conduite tragique de l’événement qu’il subit, accepte, honore, complaît, parfait, le devançant même afin de limiter encore plus la liberté qui lui devient terrible à honorer, car relevant de l’individualité, lui à qui on apprend à hiberner dans un collectivisme forcé et forcené, bordé par ces remparts que sont les lois liberticides !
Lois en vagues qui se prononcent, telle cette dernière en préparation sur la vidéosurveillance, qui ne déclenche aucune réaction, sinon celle de la CNIL, mais en aucun cas des citoyens, moutons devenus qui croient tout ce qu’on leur dit, du moment que cela soit imprimé, télévisé, pauvres homo sapiens dont le cerveau lavé par le détergeant mondialiste implose de pitié pour un chien écrasé alors que des millions d’enfants meurent chaque jour de malnutrition, de travaux forcés, de mauvais traitements !
Oui, une bonne partie des humains aujourd’hui est vide, vide de ce qui a fait leur grandeur, l’espérance de la Vie, ils sont agglutinés comme les abeilles dans l’essaim à la thématique du paraître, de l’apparaître, ils sont bons et mûrs pour l’esclavage le plus pur, de la naissance à la mort, outils et instruments qui seront vidés de leur substance puis liquidés par euthanasie une fois lessivés. On ne peut qu’être admiratif quelque part de voir comme les mondialistes ont bien œuvré afin de terrasser un monde hier encore plein de vitalité et d’expression, par le ciment de l’informe, le ciment destructeur de l’individu noyé dans le collectivisme bestial où tout doit être accepté sous peine de sanctions endémiques, où l’être n’existe plus, sans racines, sans passé, sans avenir, sans devenir, où l’être n’est qu’une mécanique dont le vocabulaire ne dépasse pas cent mots, un ventre qui se fast-food d’aliments aux hormones, un sexe qui ne féconde pas mais s’atrophie d’autosatisfaction sous une sculpture obèse appariée au creuset de l’intelligence collective anémiée ! Bravo !
On ne peut faire mieux en pire, les camps de concentrations et les goulags n’étaient qu’une préfiguration de ce pire qui laisse indifférent et verra naître cette dictature stérile du mondialisme, stérile car vouée uniquement à la matérialité la plus dégradante, où l’on perçoit l’animal comme plus libre que l’humain ! On peut se demander avec raison pourquoi continuer à se battre pour la Liberté dans cette institutionnalisation de l’esclavage accepté ?
Le combat continu malgré cela, car ce combat se mène pour les générations à venir ainsi que pour les êtres conscients de nos générations et non pour celles qui ont déjà baissé les bras, qui se sont repliées sur elles-mêmes pour se complaire dans la reptation, toutes ces générations de "bobos" qui ne servent à rien sinon qu’à s’inscrire dans le terrier de la déjection et de ses armes régulières : l’ignorance et la consommation, portes ouvertes sur un vide affligeant, non pas celui du statisme mais de la léthargie, cette léthargie des sens et des sentiments, cette incomparable fée dévastatrice initiée faisant accroire le laid beau, la matière fécale un plat de saison, la pensée une hérésie.
En cela la léthargie est ce seuil parvenu, édicté, permettant les plus vastes infamies, car elle naît l’aveuglement consenti, la lâcheté récompensée, forces en ébats ce jour qui glorifient l’inconsistance, mutant au néant l’humain qui n’en mérite plus le nom, car d’être devenu objet et d’objet poussière de la raison, poussière qui le nourrit comme l’héroïne nourrit le junkie.
Non, nous ne nous battons pas pour ces générations spontanées nées de l’agonie et de la bêtise transcendées par l’ignorance, mais pour l’humain tout simplement, car il en reste, et heureusement, afin qu’ils regardent le monde comme l’univers debout et non en reptation, en conquérants et non en larves affamées, au-delà des afflictions, des outrages et de leurs maux, afin qu’ils s’élèvent vers cette conscience de la vie qui leur permette de vivre au milieu des ruines qui se pressent, afin d’en réduire l’expression et permettre une renaissance vivante et expressive, celle de l’universalité constructive et non celle du mondialisme destructeur, car quel que soit le degré de désintégration acquis par ce dernier, ce qu’il ne pourra jamais atteindre c’est ce sommet de la connaissance que porte en lui l’humain.
Cet inné qu’il voudrait voir disparaître, ce qu’il ne pourra en aucun cas, car alors ce serait vouloir détruire l’humanité dans sa globalité, dont il est partie intégrée, et donc se détruire lui-même. Inné individué, rémanence générée par des siècles de civilisations, voici ce qui ne disparaîtra jamais, et c’est sur ces bases que le combat pour l’Universalité mérite d’être vécu et vaincra, et en cela s’adresse-t-il aux générations en devenir et en avenir, d’où viendra sa force conquérante, et son accomplissement, car on ne peut leurrer indéfiniment le vivant !
© Vincent Thierry