La poésie

La poésie

 

La poésie ne possède pas de point, le point n’étant qu’une attirance vers le néant, elle prouve par elle-même le dépassement du soi vers autrui, comme prononciation de l’infini, permet dans sa candeur comme sa rudesse l’éclat du métal des saisons qui découvre la floraison de la Vie dans sa nature propice, son envol gracieux, mais aussi sa mesure nuptiale, celle voyant l’Être non dans sa condition mais par-delà le temps comme l’espace le Verbe dans ses tumultes, ses vagues profondes, ses initiations secrètes, ses volitions profondes, rendant ainsi sur la grève de l’Humanité, non seulement l’espoir mais la volonté du partage.

Au-delà des émotions, au-delà des balbutiements, dans l’appariement d’une méthode qui ne s’inspire mais se décrète, la méthode de la Vie, dans ses bruissements, ses palpitations, ses colères, ses élémentaires adjonctions, ses constantes devises qui dans le flamboiement intrinsèque de son Éternité vont de regards en regards l’énamoure puissant de sa conquête, impérieuse aux solstices et aux couchants dans la foison des galaxies qui traversent les univers créateurs, où s’en viennent en marche les divinations des sacres de sa féerie et de sa grandeur.

Dans ce jardin intime de la composition dont les florilèges enchantent des prononciations sublimes, d’un lac de clarté, d’une devise renouvelée, d’une ode en majesté, toujours invitant l’Âme à se situer dans cet infini voguant de nefs en nefs la gravité de la perception, sinon de la perfection qui s’agence, se destine, s’éblouit, et par les flores divines de ses existences lentement s’absout pour d’un rayon multicolore engendrer la détermination de l’œuvre, en tout être et par tout être, en ses semis comme en ses moissons, en sa nature profonde, unique et multiple  sans atermoiements, dans la complicité de l’unité, lentement se transcendant pour offrir au dessein de l’aventure du vivant les sortilèges du renouveau.

De la voie qui explose de multiples guirlandes de couleurs où se lisent les avenirs certains comme d’ailleurs les incertitudes au couchant des errances, labiales enfantements des strates dont les alluvions fondent la destinée, la régénérescence tumultueuse des solstices égarés, la puissance des soleils émerveillés, toutes voies en la voie profonde que la Poésie, seule, peut incarner, car mélodie de la Voie, musique sacrée déversant ses rubis dans des cristallisations offertes, dont l’architectonie majestueuse irradie la pérennité.

Sans oubli, car l’oubli n’existe en ses ramures, car l’Histoire est là dans son éventail de fresques magnifiées, moiteur des rencontres, lourdeur des temps traversés, tempérance, ouragan de signes, toujours elle est répons des principes mêmes qui engendrent le Vivant aux sources profondes et vitales de la Vie, sans parjure, toujours sereine en sa nef, elle chevauche le firmament pour affermir les demeures et les novations de ces demeures en assaut de l’invisible comme du visible, de tremplins en tremplins, accède aux terres vivifiées, aux constellations gravifiques, aux ordonnances des nébuleuses, dans la source devenant fleuve, dans le fleuve devenant Océan, et par cet Océan se ramifie dans l’allégorie de vivre, reconnaissant par ses témoignages l’âme de la pluralité des songes.

La méticulosité des stances, l’embrasement des sens, et par ces éphémères prières la salvation des règnes, ceux qui perdurent et ne se défraient, ceux qui s’alimentent et se coordonnent, ceux qui toujours s’ouvrent sur l’infinie beauté comme sur l’infinie clarté, dans un message singulier correspondant, suivant le dire aux armes du Verbe composé, dont l’élan gravite des perfectibles semences où jaillit le cil de la beauté, élan supérieur dont l’union des strophes s’élance vers l’embrasement idéal pour se conjoindre et rejoindre la magnificence des œuvres souveraines.

Ainsi la Poésie, sans point ne se lasse, sans point ne se dérive, la pureté du diamant n’ayant besoin de s’irradier dans le ferment de son serment, qui est celui de s’ouvrir sur l’Éternité, par l’Éternité, en l’Éternité pour que chacun sache qu’en son présent s’adresse la volonté d’aller au-delà des facultés initiées afin d’accueillir toute pérennité des devenirs flamboyants, exhaussant la transcendance en majesté qui s’expose…

© Vincent Thierry