Ainsi l’Azur
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- Catégorie : Poésie
Ainsi l’Azur
Ainsi l’Azur dans sa beauté natale, dans son allégresse, dans sa vivacité éclose, navire majestueux aux voiles tressées de vent et de soleil, dont la poupe est cristalline, dont le pont est d’ébène, dont la majesté s’envole vers des cieux safranés de couleurs myosotis, ivoire des âges antiques contant en nos mémoires l’élégance d’une trame visionnaire épandant ses semis de cotonnades, ses ébauches de miel et d’acacia, ses vêtures de perles aux broderies intenses, et dans la mystérieuse ascension des élytres en sa coque, un bruissement de sources sur l’horizon, une nuptiale clarté embaumée par la sérénade des oiseaux lyres.
Vastes préambules des heures nouvelles grées, confondues, enhardies par un jeu d’amour constellant la voie lactée du désir intense de partager l’aventure des étoiles en nombres sœurs lumineuses aux étoles de bronze et d’argent étincelant des rivages ataviques, des marbres légers et aériens aux veines bleuies d’éden, jardins secrets des altières définitions des ondes en farandoles de la pure Déité, où l’ambroisie et le myrte naviguent sans errance, sans refuge, sans inconstance la brume des opales d’ivoires, la danse des papillons de minuit, les festives allégeances des orbes à Midi, la splendeur faune des chênes millénaires.
Prémisses de ces temps, ces temps d’éclair parmi la foudre des heures enseignées, parcourues, dévisagées, et toujours et par toujours aux demeures des fresques de la Vie aux vastes douleurs majeures, aux sentiments légers, aux rires bucoliques, aux sourires mélancoliques, embrasant par toutes faces le sentiment de l’Éternité intime développant, dans l’architectonie des symphoniques éthers des mélopées, ces lieux nous tenant lieu, lieux d’histoire, d’ivoire et de circonstance, lieux mages et sages dans l’empire guerrier renouvelant l’ordre pour incliner le désordre.
Ainsi dans les escarpements des chemins où bruine l’intensité solaire de flaques d’or et de lumière, ainsi dans la candeur définie de l’onde majeure bruissant chaque densité de l’existence, chaque écrin en sa fortune, chaque élément de ce puzzle gigantesque dont les facettes sont nos écrins, nos devoirs, nos épanchements, nos loyautés, nos couronnements, nous menant d’histoire en histoire à l’avènement d’une perfection intense, perpétuelle, par la félicité inventive, sans désaccord des règnes à genoux, ces cristaux dont les transes sont vertus, les œuvres absoutes de servitudes.
Champs de l’âme née délaissant ses incertitudes dans le carcan de dires et de savoirs tronqués par les nuées de la nuit et ses oripeaux, aux vagues enchaînées les unes les autres par la convoitise de la matière, oubliant les vestiges sabliers, la poussière des sens, toutes moires aisances ovipares du sursis d’une heure seulement, une heure de ténèbres souillant la terre de ses menstrues les plus terribles, une heure exactement dans la configuration des verbes oublieux, une heure de lagune profonde aux vallons de cristal ébruité, une heure fauchée sous la brume.
Alors que descend des cieux la pure luminosité d’un ciel sacral et prairial, le soleil en sa jouvence, dont le feu sacré de toute autorité de par ces mondes, gravite, perpétue et enfante, délaissant aux cristallisations des sables le gémissement de cette brume exondée, voyant sur les prairies s’attiser des flux divins dont les prismes témoignent de la parure de l’astre, éloignés sont-ils des désastres aux fumerolles contemplées, là, ici, plus loin, aux vestiges de l’Histoire, dans ses ambres distillés d’ivoires et de schistes et d’élégances de quartz ne sachant leur détresse affligeante, la détresse de se croire humilier, la détresse de se croire en état de supériorité comme en état d’infériorité, toutes détresses sans lendemain devant la plénitude de la Vie.
Combattant ce tombeau de l’inquiétude pour raviver sa flamme jusqu’en ces précipices où s’engouffrent des vitalités inverses dont les flots charrient sur ce monde des flots amers, des flots allant les précipices des abîmes là où ils se voulaient cimes, des flots sur lesquels naviguent de haute mer des marins habitués aux fracas et aux tempêtes, ces marins d’écumes allant par toutes mers comme tout océan de ce monde, dont de faux monarques et vrais despotes devraient emprunter bien plus souvent la voie pour comprendre la Vie, cette Vie n’ayant besoin de leurs remarques et encore moins de leur sauvagerie, pour se perpétuer loin des ivresses, loin des moissons de l’atrophie, bien loin de la barbarie enseignée, afin de faire régner la grandeur, afin de faire naître l’honneur, afin de s’accomplir dans une victoire souveraine et supérieure sans égale.
Levant ses oriflammes, sous la force mélodieuse de ses lourds tambours de bronze mettant en gardent tout un chacun contre l’aventure de la désespérance, la guerre et ses outrages, la guerre et ses maux, la guerre et ses cortèges de blessures inouïes, une guerre ne devant avoir lieu, une guerre témoignant du tombeau de ses imprécateurs fous, de ses impétrants sordides, de cette déliquescence comme de cette putridité accouplée au déshonneur le plus flagrant, le plus sauvage, ce déshonneur de l’Être déraciné ignorant la réalité pour mieux la plier à son atrophie la plus virulente.
Ainsi, toutes voiles tressées, le navire de la Vie s’avance en majesté dans ce marais de l’Histoire confrontant l’Humain au non-humain, la droiture à la bassesse, la splendeur à la hideur, l’aristocratie à la faiblesse, dont chacun des Êtres vivants de ce monde est sentiment éclos, pur et vif, naissant celui de la reconquête de la Vie par la Vie, celui de la force profonde sur des forces obscures et sans lendemains, celui de la force de la splendeur de l’honneur d’Être Humain.
Par-delà les langages atrophiés, les lamentations éthériques, les contemplations ataviques, les clameurs inutiles, voyant les forces de la Vie bafouée se dresser pour arborer son arc de triomphe sur leur déshérence et leurs acclimatations serviles, car force du Vivant face à leurs hordes de mort transpirant chaque parchemin de ce temps, vague haute au firmament dont demain conjoindra les quatre points cardinaux pour mettre fin au règne de la terreur enfantée, de cette grossière déraison se voulant mantisse des lendemains à naître.
Qui retournera dans la poussière lorsque le fléau de la Vie s’abattra sur ses hydres et dissipera les venins de ses hérésies, lorsque enfin Libre l’Être Humain arborera le fanion de cette foi invincible en la Vie par toutes faces de ce monde et délibérera non plus la division mais l’architectonie sans failles de son chemin, ainsi dans le chant alors que s’amoncellent les lourds nuages de la folie du nanisme impromptu, alors que l’ouragan de la nécrose se développe, dans une bourrasque tapageuse s’éploie, dans le secret des âmes la tempête s’élève, la tempête de la Vie sur la mort, la Tempête de la Vie qui triomphera sur l’impuissance du néant !