Constitution de l’Europe

Constitution de l’Europe

 

La constitution européenne est en train d’émerger péniblement des laboratoires d’idées qui se sont conjoints pour forger sa densité. Le rapporteur de ce projet, dans un préambule remarquable nous conte les péripéties cent fois renouvelées auxquelles il s’est heurté afin d’harmoniser les différents courants de pensées. Cette astreinte nous montre combien il est délicat de mettre en œuvre l’harmonie dans l’Art royal qui échoit au supra politique, dans la raison même du mot qui ne plaît, ne complaît, ne s’apprécie, se regarde ou bien se délaisse.

Cette Constitution reste basique dans son essence, et n’emporte qu’au conditionnel son acceptation par la multiplicité identitaire et non communautaire qu’elle entend régir. Elle a le mérite d’exister et par-delà les clivages permet de conjuguer son essor dans une temporalité qui, il faut le convenir, ne sera plus celle de sa création, les modifications des existants planétaires s’accélérant dans un processus qui ne peuvent se deviner mais jamais s’inventer, la proue d’un navire relevant de la nature même de l’Identité du Peuple composant son destin.

Ainsi avant que la critique devienne le jeu courant de la nature même de ses articles, convient-il d’aller au-delà et se poser la question de sa réalité, promontoire, certes imparfait, mais qui permettra par ses ébauches de la rendre viable, existante. Conscience inscrite qu’il conviendra de faire évoluer tant dans sa densité que dans sa finalité, la place du politique en son enseignement restant peu propice à une harmonisation vitale de l’Europe en tant qu’identité représentative et respectée, tant au niveau social qu’économique, tant au niveau culturel que spirituel, tant au niveau de la justice qu’au niveau de la défense.

Car là se situe le paradoxe de cette Constitution qu’elle ne porte en elle-même et prioritairement qu’un objectif économique, ce qui évidemment ne peut rallier la totalité des identités, et la diversité, qui composent l’Europe. Une Europe économique n’a pas de survie si elle n’est pas sous-tendue par une Europe Politique discernable et concrète qui déploie ses ramifications en toutes faces de ses représentations dans un souci d’harmonie, d’équilibre et de transparence, transparence qui fait défaut dans le cadre des institutions qu’entend initier cette Constitution, oublieuse des seules règles démocratiques qui ont su composer notre avenir et la faire naître.

Une Europe qui ignore les citoyens est amenée à se dissoudre un jour ou l’autre, et c’est peut-être ce qu’il faut rappeler aux prétendants des pouvoirs qui sont semés par cette Constitution, qui, pour certains, n’ont pas hésité, dans le cadre de sa gestation, à ne concevoir le pouvoir qu’en dehors du citoyen.

Une relecture s’impose, me semble-t-il. Quoi qu’il en soit il convient de marquer beaucoup de respect au maître d’œuvre de cette première constitution qui je l’espère ne restera dans l’état où elle se trouve, mais bien au contraire s’élèvera au-delà des passions afin d’initier dans sa mesure une réalité politique respectueuse du souci et des besoins tant matériels que spirituels des citoyens dans une transparence absolue permettant son affirmation et non son reniement.

© Vincent Thierry