Aux Ordres Templiers
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- Catégorie : Poésie
Aux Ordres Templiers
C’était aux runes septentrionales, alors que les lagunes de feux tiraient sur l’ambre, que ce jour vécu, la foi instaurée se révéla dans une promesse victorieuse, et dans l’annonce vertigineuse de cette force nantie de son armure gréée, le glaive flamboyant dressé vers les cieux, au-dessus du tellurisme inconditionnel des abstractions serpentaires, se tenait ce Templier, mage et sage à l’éloquence vibrante et magnifiée disant ce qui suit :
« Mes frères en pensées, qu’il me soit permis ici de signifier l’indigence de nos ordres face à l’hypocrisie servile à laquelle dans l’accueil se sont complues bien des acceptations, soit l’une née de l’amitié, soit l’autre née de la cupidité, soit les autres nées de l’inclination à un laisser-aller que l’on ne saurait imaginer ! Il est grand temps de réparer ces ignominies, ces belliqueuses outrances, ces calvaires abandonnés !
Nos Ordres ne sont pas nés pour servir le serpent et ses monstrueuses configurations, ils ont été bâtis pour servir et accomplir l’humanité et non pour en renier l’existence et la confluer dans un esclavage roturier, pavane de dynasties de circonstances dont l’intelligence est inexistante ! Face à ce masque hideux de prébendiers, dévoués aux ordres de ces êtres inachevés, qui insinuent nos rangs, les infiltrent et les noyautent, pour mieux nous corrompre et nous décimer, il ne nous reste plus qu’une seule voie, combattre !
Combattre pour la justice, combattre pour l’Humain, combattre pour l’Avenir, combattre pour la Voie ! Premier lieu, nettoyer notre préau, du grade le plus humble au grade le plus noble, au-delà de tout sentimentalisme, car en notre lieu il ne peut y avoir double appartenance, si on a choisi le service du serpent on rejoint le serpent, si on a choisi le service de notre Ordre, on reste dans notre Ordre ! Nous avons connaissance des membres pervertis, et savons que d’autres se cachent en nos rangs, que nous dévoilerons en temps voulu, en attendant que ceux édictés rendent leurs armes dont ils sont indignes et rejoignent leurs maîtres.
Nous n’avons nul besoin de leurs services impies, de leur obséquiosité grotesque, de leurs larmoiements hypocrites, qu’ils partent et disent à leurs maîtres que notre Ordre ne les servira désormais en rien, que bien au contraire nous porterons la guerre jusqu’en leur sein s’ils cherchent à nouveau à le corrompre, une guerre terrible dont ils ne seront pas vainqueurs, leur nombre limité ne pouvant s’opposer à nos légions, car ces légions sont l’Humanité, sept milliards d’Êtres Humains contre leur vindicte !
Nous lâcherons nos légions telles des nuées de sauterelles sur leurs temples, jusqu’en leurs maisons intimes, en chaque lieu, par chaque temps, jusqu’à ce qu’ils soient décimés comme ils ont cherché à nous décimer en nous avilissant à leur dénature ! Qu’ils se gardent ! Car nous nous garderons et ce ne sont les quelque cent mille qui les perdurent en leurs tributs, et ce ne sont leurs chiens de guerre qui ne savent pas ce qu’ils font, qui viendront nous détruire ! Je le répète, nous avons la force, nous avons le nombre, et nous avons pour nous la justice, ce qui leur fait défaut, ainsi n’ayez peur de leurs cris et de leur sauvagerie, n’ayez d’inquiétude de leur bassesse et de leur outrage, n’ayez pitié de leurs racines et de leurs fleuves dévoyés, nous saurons les vaincre, vaincre pour restituer la Voie, en nos arcanes, en nos degrés, en nos Ordres !
Prenez mesure et préparez-vous à cette action intrépide et sans haine, il convient d’éradiquer les maux dont souffre la Vie en ses éléments les plus humbles, il convient de restituer à la Voie son devenir, celui de l’épanouissement de l’Humanité ! Ne faiblissez en aucun cas sous les invectives, les injures et les tentatives de subordination, armez-vous d’une infinie patiente et traquez jusqu’aux derniers ces fléaux qui n’ont d’autres principes que ceux de leur atrophie !
Nos alliances sont multiples, nos Ordres de mêmes et si chacun d’eux se sépare de l’ivraie qui les stérilise, très tôt serons-nous victorieux de ce mensonge qui salit la nature de notre philosophie, ce mensonge bestial né de l’avidité et de l’avarice associées, ce mensonge qui doit être foudroyé comme fut foudroyé le mystère de sa nature en un temps si proche ! Prenez mesure et que chacun s’arme pour élever dans le sein de nos degrés la voie de la guerre libératrice, cette voie en la Voie qu’il convient de naturer afin que ce monde dont nous ne sommes qu’éveilleurs, ne tombe entre les mains de l’agonie, fauve errance de la mort et de ses serviteurs les plus exécrables !
Soyez tel Saint Michel pourfendant le dragon, nanti de la pure luminosité du Verbe dans cet azur où se dressent la nuit et ses oracles ! Prenez mesure Chevaliers, des ordres maçonniques, Rose Croix, Teutoniques, Templiers, prenez mesure et libérez ce monde de ses scories ! Debout Guerriers de la Vie ! »
Ainsi parlait ce Templier aux aréopages qui tressaient une ovation dans une acclamation ordonnée et claire, tandis que sapiteurs de la nuit, les quelques frères qui croyaient être parvenus au sommet du Temple disparaissaient sous les huées afin de rejoindre l’ordre du serpent, étriqué composé de ce qu’ils croyaient être l’élite de ce monde !
© Vincent Thierry