Un Chant Universel

Un Chant Universel

 

Candeur de la nue sauvage aux élytres parfumés des oasis incertaines, dans cette féerie des vagues qui s’alimentent, s’éploient et, dans un vol d’aigle azuréen, se libèrent pour porter, éventail, les sursis d’une heure seulement, d’une minute, d’une seconde de joie pure où les festives cohortes de la Vie irisent des serments, des balbutiements, des témoignages, des rires et des sourires, des soupirs aussi, émois aux armatures puissantes et douces, aux incarnats volubiles, dans le préau mystérieux des sources qui débordent d’une ivresse infinie, d’une parure divine.

Là, ici, plus loin, préaux des rêves incarnés dont les félicités anachorètes enchantent une mélodie nuptiale, là, ici, plus loin, aux terroirs des règnes, dans les amoncellements denses des roches lagunaires où se tient le cil, éveillé, impérieux en ses efflorescences comme en ses monarques latitudes, grâce d’une volupté dont les prémisses au souffle ardent composent de clairvoyantes injonctions advenant la Vie, sa parousie, dans une nature fidèle où s’inscrit le temple de la beauté, ce temple de l’harmonie dont les cours intérieures ruissellent des allégories de l’Astre en ses épures, en sa novation, en sa nue cristalloïde, dont les rayons parfaits embaument un sérail, celui du Vivant.

Ce cœur palpitant l’horizon, ode à peine née déjà caressée des ondes de la lumière et de son flot, soleil au mystère renouvelé dans la parturition des sèves, dans l’élément serein de la grandeur qui s’accomplit et prie, là, dans le jardin d’Éden, ici, moisson d’accueil, déjà des libres désinences de la portée des âges qui s’exondent, se fortifient, et dans la clameur du présent, jeux du parcours, gravissent l’Éternité, ivre promesse de la temporalité et de l’espace, promesse de l’Absolu, par le succès des actes qui lentement, de prouesses en prouesses, viennent la densité éclose de la perfection qui se devise.

Corps à corps des talismaniques vertus qui s’épousent, corps à corps des embruns et des vents furieux qui enserrent la voile pour l’éployer au large firmament, là-bas, dans le secret des étoiles majeures, libre dessein du devenir, autorité du verbe et semence de l’ambre, de l’or cargaison de palissandre et ses saisons, de jaspe et ses écumes, d’obsidienne et ses facettes, que le quartz dérive lentement, assurément, afin d’enivrer la perception, la rendre visiteuse, afin qu’elle éclaire de ses aires embrasées l’énergie souveraine qui plane au-dessus des eaux, des lacs et des chimères, des terres et des vents, des cieux et des éclairs.

Pour d’un jeu céleste inonder de son chant la mémoire des temps, la splendeur des fleuves, et les isthmes conquérants de la liberté conquise, celle qui ne se condescend, qui ne se fustige, ne s’immole, ne se planifie, cette Liberté magnifique et merveilleuse voyant l’Humain espoir de toute conquête comme de toute révélation, porteur, en sa nuptialité, de l’Univers et de ses feux, dans un bruissement natif, éveillant à toute densité comme à toute éclosion, éveillant à l’éternité comme à ses songes.

Éveil puissant délibérant des monotones prières l’ardeur composée de la création et de ses hymnes, délaissant les floralies adventices, les velléités précoces, les statuaires composées, pour mettre en œuvre le monde, rayon infime dans le cercle, mais vivant, majestueux, correspondant, au-delà des léthargies, la splendeur des sillons, abreuvant l’universelle composition de ces floralies bien plus impérieuses que les floralies létales, dont la distraction fut fatale.

Afin d’advenir la pluviosité de la nacre, la préciosité du souffle, la grandeur de l’Univers en ses multiplicités enhardies, ses identités motrices, ses correspondances intimes et ses bouleversements induits, toutes faces d’un rayonnement limpide permettant d’initier la justice, la plénitude, le déploiement, le respect, l’honneur, ces valeurs fonctionnelles dont les oiseaux Lyre portent l’envol glorieux après les bourrasques et les tempêtes, les révoltes et les guerres.

Ces bruissements, ces soubresauts nés de la perte du chant volontaire, qui en ce lieu ne peuvent témoigner, la Liberté féconde déversant par et pour chacun l’idéal du Chant souverain, celui de l’Universalité et de ses rythmes, haute et vaste vague submergeant à jamais la pâleur morbide d’un monde gris et terne, antichambre de la mort et de ses officiants, pour faire resplendir l’Unité nuptiale, symbiotique de toutes forces de la Vie, en la Vie et pour la Vie, ascension de la joie et de son intrépide gloire.

© Vincent Thierry