Comme des signes
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- Catégorie : Poésie
Comme des signes
Comme des signes s’en viennent de vastes fenaisons, les houles à propos, clameurs des âmes fécondes, de l’empyrée, lèvent leurs cristallisations, pour offrir une nef nuptiale, parcours de l’invincibilité, aux bourrasques comme aux tempêtes, d’obsidienne le nacre, de cèdre le pont en majesté, des souffles le lin mordoré des voiles tissées, nantie de cet équipage glorieux que la vie illumine, de joie, de corail, de quartz et d’or, rives parchemins semées de mines et de cimes toutes plus nobles les unes que les autres.
Assouvissant le fer comme le cuivre, les minerais rares des alluvions, dans le cil de la vertu qui se prononce, cargaison de moires et d’ivoire, de granit et de schistes, voyant d’écumes blondes les essors contraints initier les paysages les plus denses, des forêts virginales aux sables d’émeraude, des clairières agraires aux orées de frêne, des mousses chenues aux blés de senteurs safranées, estampes de fleuves incarnés dont les rubans s’éprennent comme une ode.
Passementerie du souffle naviguant, levant d’oriflamme des hymnes qui transparaissent, obéissant à la mesure de toute divinité, qui des lagunes, qui des anses, qui des sites partagés, œuvrés, manifestés aux clairs échanges qui s’évoquent, draperies de l’orient, ferronneries du couchant, pacotilles bigarrées du septentrion, faunes aussi au pelage vigoureux, hurlant la méprise du sort que d’être prisonniers sans rançons du lendemain, les yeux épiant, la racine des fossettes crispée de ne plus se savoir maître d’un avenir.
Tandis qu’en périphérie de stridentes harmonies s’affrontent, avaleurs de sabre, cracheurs de feu, diseuses de bonne aventure, danseuses exotiques aux pas charnel dont l’éloquence émousse les regards des passants, orbes en semis des nectars qui s’exposent, allant en leurs filets les pulsations des heures, les enfantements des songes, alors qu’au vent distrait, les prières des temples effeuillent la noblesse du vivant, l’accentuant à un respire calme, olympien, par-delà les répulsions comme les désirs.
Dans l’équilibre des règnes, dans la secrète harmonie qui est splendeur de toute onde qui se respecte, se transmet, s’initie parfois, se contemple toujours, ainsi dans le vent, sous le soleil de Midi, azur des flots des terres du sérail, épousant ce cycle de la féerie des âges par l’espace engrangé, visitant les citadelles de l’aube comme du crépuscule, dérivant des repos altiers les agapes surannées, où s’adressent les ombres pour clairsemer d’histoires les vagues aux aventures mystiques et profondes.
Reprises par les chœurs enseignés, aux portuaires moissons des graines et semences, fruits aux nectars d’illusion, fèves des prés aux mystères éveillés, que chante le buccinateur aux espaces des gréements officiés, de paroles mages aux perfections votives incitant les uns les autres à cette communion qui se lit dans les yeux des enfants, celle de l’appartenance, résultante dont la motricité est liée invariablement à la rémanence des racines qui ne s’oublient, se fortifient et, grandioses, énoncent des fresques de majesté, de grâce comme de certitude au déploiement natif, irisant les regards de cette étincelle matricielle qui est le feu de toute destinée.
Épure des cils éveillés qui frappe de son glaive la distorsion, afin de concaténer les énergies et les élever vers l’infini, candeur des rêves qui s’estompent voyant de fiers cavaliers franchir le Rubicon des âges pour prononcer la gloire de la victoire sur les prurits des heures sauvages et barbares, mannes sans repos des heureux présages, de ces puisatières circonstances levant des oriflammes de bravoures, et des instants magiques que pleut le ciel en son dessein qui n’est autre que le destin des Êtres au Levant.
Libérés des carcans des menstrues glauques et stupides, des trafiquants d’esclaves et de joyaux, des livres de comptes et des sérails enturbannés de pestilences ovipares, dont les fumerolles sont les inquiétudes des temps qui passent, et qu’il suffit de sombrer dans l’abîme pour retrouver le pur éclair des cimes, venue de haute passementerie de corolles enivrées au fer de lance des guerres à venir qui dissoudront dans la nue les fresques de ce monde sans lendemain, cette hydre aux cent têtes qui se couronnent lorsqu’elles ne sont que celles de quelques marchands sans devenir.
Ainsi l’écume et la forge qui se gréent tandis qu’en l’aventure se mêlent les auspices des clameurs accouplées, des cils les vertus, des actes les volitions, des chants sans amertume l’iris du renouveau qui parle et partage cette parole par tous les flots de cette terre gravitant l’espace, son sursis comme sa semonce, ainsi alors qu’épanouie se dresse vers le soleil l’incarnat de la Vie en ses splendeurs communes qu’il nous reste à engranger pour le salut des mondes et la beauté des règnes, là, ici, plus loin, déjà demain dans la rosée du matin dont les flamboyances vives sont constellations du vivant et de ses œuvres multipliées, azur d’une fraîcheur incommensurable que le temps avive de ses parfums mélodieux…
© Vincent Thierry