Écumes

Écumes

 

Écumes de vagues, oasis aux marches septentrionales, nous fûmes en leurs moites étreintes le feu ardent des Îles sous le vent, dans la marche des brumes, guides passant des nefs cristallines, de celles qui ne se perdent aux cargaisons de rêves, de celles qui ne s’égarent aux passementeries des songes, et l’Ouest, ici, là, toujours présent, annonçait nos heures victorieuses, sur les tempêtes et les ouragans, la violence des récifs et les perditions nocturnes.

Les étoiles en essaims guidant nos ramures aux ébrouements des terres adulées, ivoires du jade et du limon, des roseraies nuptiales, le doux printemps de nos jeunesses, sépale ardent de nos pentes antiques, alors qu’au milieu des brouhahas mystiques s’élevait notre hymne de vivant, guerrier et intrépide s’il en fut, dans la mesure du flamboiement des rives qui se content.

Hautes mers de combats fratricides pour la misère d’un éclair, vanité fugace d’appartenance dont l’intérêt fuit comme l’hydromel aux carènes oublieuses, dans ces chaumes de l’automne où on se serre contre l’écrin du feu pour retrouver une chaleur votive, clameur enivrée de ruissellements limpides, de ces eaux vives qui sont les embruns de la vie au même titre que les embruns de la mer.

Ainsi de nos semonces par les villes enrubannées d’uniformes ou d’égarement, ainsi de nos silences dans la vision des lacs de l’éternité, ces lagons de l’espérance où les baigneuses au rire cristallin sont promesse d’une suavité féconde, ainsi de nos joies comme nos peines, alors que lys sur l’horizon nos oriflammes embellissent l’azur d’un serment, enseigne de portuaires dimensions, de celles qui se chantent à l’unisson des vagues, dans la témérité de la houle inondée des laves cristallines de fosses marines aux abysses bruyants de rêves.

Clameurs de règnes feutrés et d’alcôves lascives, clameurs des mers anciennes où les portiques s’effeuillent de gréements et de songes, aux voiles azurées et contemplatives alors qu’en écho se répond la divine éloquence des conquérants, ici, là, drapés de coquillages et de souffles, libres arbitres de ces destinations frontales nous voyant, maîtres et équipages, soulever l’abîme pour le porter vers des cimes toujours plus nobles, boisseau de nos heures de louanges.

De nos préoccupations novatrices, en ces lieux où le vivant féconde, frère et sœur de lacs d’émeraudes et de rubis foisonnants, là où la source du savoir nous est dessein, communication des hymnes, enchantement des sèves, et dans le flux et le reflux des migrations qui se composent, livre ouvert sur la pérennité des œuvres, au-delà du silence des nuées, au-delà des firmaments des vagues, là, dans cet espace magnifié, celui de l’horizon solaire qui pleut l’harmonie de l’éternité conquise…

© Vincent Thierry