Les pendules à l’heure
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Les pendules à l’heure
Quelques extraits de presse sur ce qui se passe en réalité en Syrie, sur les intentions bellicistes non ignorées de certains Pays, et plus particulièrement le nôtre envers l’Iran, pretexte à un nouveau conflit mondial. Il est temps de se réveiller pour les Peuples avant que de se soumettre au mondialisme unipolaire dont chacun de ses habitants ne sera qu’un esclave attitré.
A suivre…
http://www.afriquedemocratie.net/la-ruissie-et-la-chine-se-preparent-a-une-troisieme-guerre-mondiale-l%E2%80%99iran-se-dote-missiles-nucleaires.html
Le président de la Fédération de Russie, Dmitri Anatolievitch Medvedev, a indiqué il y a quelques jours à ses généraux qu’il « fallait se préparer à l’Armaggedon. »
Un membre du FSB (russe : ФСБ) ou Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie (Федеральная служба безопасности Российской Федерации, retranscrit en Federalnaïa sloujba bezopasnosti Rossiyskoï Federatsii), les services secrets de la Russie, a récemment parlé à un journaliste d’investigation français d’une opération géopolitique planifiée sans précédent, laquelle serait supervisée par le premier ministre russe Vladimir Poutine, lequel souhaite fonder l’union eurasienne dont le Kazakhstan et la Biélorussie, mais également l’Ukraine et la Bulgarie feraient partie.
Le gouvernement russe est tout simplement ancré dans une volonté de récupérer sous d’autres formes son empire perdu. Il bute cependant sur la Turquie et sur la Mongolie. La Turquie que les américains se dépêchent de faire entrer dans l’union européenne, union européenne qu’ils souhaitent à terme fusionner avec une union nord-américaine, et la Mongolie car la Chine ne veut pas cautionner cette fusion puisque ce pays riche en matière premières qu’elle voudrait bien aussi s’accaparer posent ainsi des difficultés aux deux gouvernements frontaliers qui n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur le partage des ressources du captif mongol. Les négociations portant sur le problème mongol s’enchainent et se ressemblent, mais une résolution qui mettrait un terme à des décennies de litiges semble encore loin de portée.
En outre, les états-majors russes et chinois se sont coordonnés sur un plan commun, ils ont décidé conjointement de mettre leurs armées respectives en « état d’alerte maximale », en raison d’une prévision d’une attaque terrestre massive que le FSB croit être planifiée par les américains et les forces de l’OTAN, à la fois au Moyen-Orient et en Asie centrale.
Alors qu’une formidable bataille géopolitique et économique s’engage à peine entre l’union eurasienne dirigée par Moscou et l’union européenne dirigée par Washington, pour savoir qui récupérera la Turquie, dont le marché, les ressources et la géographie en font un bien précieux, économiquement et stratégiquement, une troisième guerre mondiale serait déjà en cours, son arrivée inattendue aurait été précipitée par la crise économique et le surlendemain des États-Unis. Le calendrier du pentagone aurait été avancé pour anticiper la chute de l’euro et du dollar. La Russie et la Chine veulent certainement profiter du marasme économique mondiale pour prendre la relève et arbitrer à eux seuls le monde, et ce sur tous les plans. Il faut saisir l’opportunité tant que la « bête » (les Etats-Unis) est à terre, aurait dit Poutine à son homologue chinois Hu Jintao.
Le projet d’une guerre mondiale totale que se prépare à lancer les américains aurait en premier lieu été révélé au MSS chinois par le mercenaire Bryan Underwood actuellement détenu par les autorités américaines pour espionnage. Le ministère de la Sécurité de l’État (Guoanbu, en chinois simplifié : 国家安全部, en pinyin : Guójiā Ānquánbù), appelé aussi MSS (Chinese Ministry of State Security) est l’agence de sécurité et probablement les services secrets de la République populaire de Chine. Son adresse est le 14, rue Dongchang’an (East Chang’an Street) à côté du Ministère de la sécurité publique de la République populaire de Chine (Gonganbu) à Pékin.
Aussitôt la Chine a avertit les autorités russes, le mardi 4 octobre 2011, du grand événement américain à venir. Ce n’est qu’après en avoir été informé, que Vladimir Poutine a fait paraître dans un article du quotidien Izvestia une interview de lui en vérité improvisée, dans lequel il annonce au grand public la création prochaine d’une union eurasienne intégrant à la Fédération de Russie les Etats post-soviétiques afin d’établir une coopération plus étroite entre les gouvernants et une meilleur stabilité politique des régions. Poutine a également changé brusquement son agenda afin d’effectuer un voyage diplomatique d’urgence pour rencontrer le président chinois Hu Jintao. Remerciant ce dernier pour les informations transmises et pour la confiance de l’Etat chinois accordé à Moscou, Vladimir Poutine a ordonné au FSB de confirmer au MSS chinois que c’est bien la Russie qui est responsable de l’arrestation et de la détention de l’espion chinois Tun Sheniyun qui a été capturé l’année dernière par le FSB pour avoir tenter de voler à la Russie des informations sur leur système anti-aérien. Il sera libéré prochainement.
Mais qu’on ne soit pas dupe de cette mise en scène qui assure le prolongement de la seconde guerre mondiale. Nous savons pertinemment, et il n’y a pas que les journalistes indépendants d’investigation de Wikistrike qui le savent, loin de là, Cette troisième guerre mondiale n’est que la nouvelle étape planifiée, encore une fois, pour permettre la création d’un gouvernement mondial que tous les citoyens du monde accepteront sans contrepartie, aveuglément, tant ils seront atrophiés psychologiquement et émotionnellement par les atrocités de cette nouvelle boucherie. L’implosion délibérée et voulue par la FED du système économique global actuel, à commencer par la contexture financière et économique de l’Amérique du nord et de l’Union Européenne, n’a pour but que la destruction et la refonte total du système financier mondial qui a été mis en place depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Le lancement de cette guerre terrible est un chapitre capital pour les élites mondiales, les Etats-Unis et les forces de l’OTAN vont entrer en guerre contre la Russie, la Chine et l’Iran, pour le contrôle du monde. Au cours de ce conflit, des deux côtés, sera délibérément utilisées des armes biologiques puissantes destinées à exterminer rapidement des centaines de millions, si ce n’est des milliards de civils innocents. Une fois le chaos généralisé, une fois que le nombre de victimes aura été jugée suffisant pour les oligarchies mondiales, un appel à la paix sera lancé, car il n’y aura pas de vainqueurs, personne ainsi ne se sentira lésé, et un appel à un nouvel ordre mondial sera émis, on assistera alors à la mise en place d’un gouvernement mondial et d’une banque mondiale, afin d’unir les peuples et de gérer les ressources, l’écosystème et l’économie, dans le but d’éviter à jamais une crise économique. A cet effet, une monnaie unique sera émise.
Pourquoi doit-on en arriver là ? C’est parce-que la surpopulation est un problème grave. Le nombre d’habitants de la planète ne cesse de croitre alors que les matières premières, les sources d’eau potable et les terres cultivables ne cessent de diminuer. Il existe en vérité des solutions pacifiques pour contrer la troisième guerre mondiale prévue par les Illuminatis : une loi pour la régulation démographique mondiale, abandonner le pétrole et le gaz en faveur des moteurs à hydrogène, à aimants permanents, des moteurs électromagnétiques utilisant la bioélectricité naturelle des champs magnétiques terrestres, et créer un système alimentaire mondial axé sur plus de végétarisme. En Inde, sur 1 milliard d’habitants, 450 millions d’indiens sont végétariens. Ce n’est pas seulement pour des raisons morales, c’est parce qu’un hectare de fruits et de légumes nourrit des milliers de fois plus de gens qu’un hectare de bétail. Et avec l’arrivée des pays émergents, les terres commencent à manquer, l’alimentation carnée à grande échelle pose problème.
Pour faire court, si tous les pays du monde devenaient des sociétés de consommation à hauteur de pays européens par exemple, ce qui est leur droit le plus fondamental, il faudrait 17 planètes car il n’y a pas d’hectares et de matières premières suffisants. Si la Chine continue son exponentialité actuelle, en 2040, il faudrait deux planètes juste pour nourrir la population chinoise !
Mais qui va imposer une loi de régulation démographique mondiale, un système alimentaire végétarien et l’interdiction pure et simple de l’utilisation au niveau mondial du pétrole et du gaz, alors que les américains possèdent la quasi-totalité du pétrole et les russes la quasi-totalité du gaz ? Réponse : personne.
Alors, la solution qui consisterait à éviter cette troisième guerre mondiale qui s’avère inéluctable rendrait automatiquement l’humanité libre, elle vivrait mieux et plus longtemps, chacun utiliserait une technologie quasi-gratuite et tous accepterait la régulation démographique en fonction de ses besoins et du respect des autres. Ainsi, il apparait que les élites du monde, pour conserver leur pouvoir, ait choisi un plan B, un peu moins paradisiaque, qui consiste à exterminer tout le monde, cette même logique a d’ailleurs été appliqué pour la première et pour la seconde guerre mondiale, les élites de ce monde ne sont pas à leur coup d’essai, on ne change pas une méthode qui gagne. Comme disait Anatole France, en parlant de la première guerre mondiale, « on croit mourir pour la patrie, et on ne meurt que pour des banquiers et des industriels. » Les guerres mondiales sont pour les élites comme des snuff-movies. Ils sont tels des dieux dont le seul ennemi de leur éternité réside dans l’ennui, alors il faut innover.
L’Iran sera le tombeau des États-Unis d’Amérique
Le combat des palestiniens pour leur liberté est le combat de tous les peuples
Les lignes de front se dessinent
Les américains n’ont pas besoin des décrets de leur Congrès pour étendre leurs zones de combat. La preuve : en Afghanistan et en Irak ils ont pré-positionné des milliers de chars M1 abrams au cas où… Washington s’apprêterait même à une « mobilisation générale » de 2 millions de personnes, en incluant les réservistes des diverses forces américaines. Les russes ne sont pas en reste puisqu’ils ont renforcé leur présence militaire au Kazakhstan, ainsi que dans les régions russes près des villes de Samara et de Volgograd. Si les américains attaquent l’Iran, les russes et peut-être les chinois profiteraient de la situation pour porter le coup de grâce à « la bête blessée », saignée par un dollar ne valant plus rien, un surendettement économique historique, sans compter le moyens mis en œuvre que les américains auront du déployer pour affronter l’Iran.
Le plan de domination américain rencontre des obstacles
Il est intéressant de noter que l’ancien leader de la Libye, le colonel Kadhafi, voulait introduire dans l’économie, basée sur un dinar or, une monnaie africaine unique qui aurait servit d’alternative à l’hégémonie du dollar, ainsi les pays africains se seraient peu à peu vus disposés à recevoir plus de partage de richesses. Les américains avaient alors décidé d’intervenir. Avant l’épisode libyen, c’était Saddam Hussein qui en 2000 s’était séparé de la valeur dollar, deux ans plus tard, les américains intervenaient brutalement.
Et aujourd’hui, en février 2009, une nouvelle nation a décidé de se révolter contre la dictature américaine en abandonnant le dollar, préférant opter pour une valeur de son pétrole et de son gaz en euro. Ce pays c’est l’Iran, merde, les américains ne sont pas encore intervenus ! C’est incroyable, que s’est-il passé ?
Explications : attention ouvrez les yeux, l’Iran n’a pas été attaqué pour la simple et bonne raison que Téhéran a fait l’acquisition d’une vingtaine de têtes nucléaires ukrainiennes armées de missiles X-55, ayant une portée de 3500 km.
L’ancien président ukrainien Viktor Iouchtchenko a déclaré que ce qui a été vendu à l’Iran ne constitue aucune menace. Déclaration qui a été vivement contestée par Washington et par Moscou (pour faire bonne figure…).
Si on rajoute les têtes nucléaires russes et chinoises négociées discrètement dans le dos de l’ONU, la guerre en Iran pourrait devenir historique : premièrement parce-que ce sera la première guerre directe entre deux nations nucléaires, secondement parce-que le règne de la grande Amérique pourrait bien prendre fin. Si les États-Unis se fatiguent trop en hommes et en moyens contre l’Iran, la Russie et la Chine pourraient profiter de l’aubaine offerte sur un plateau, et le destin du monde basculerait.
Par Svetlana Antonovitch
Torture à gogo dans la "Nouvelle Libye" de l'OTAN par Bill Van Auken
Mondialisation.ca le 10 fécrier 2012
wsww.org
Titre original: Torture en Libye:
la réalité répugnante de la « libération » impérialiste
De multiples articles sur la torture dans les camps de détention dirigés par le nouveau régime libyen soutenu par l’impérialisme et les « rebelles » de l’OTAN démentent tous ceux qui, au nom des droits de l’homme et de la « libération » avaient justifié la guerre de l’année dernière.
A peine un peu plus de 100 jours se sont écoulés depuis l’assassinat par lynchage de l’ancien dirigeant de la Libye, Mohamed Kadhafi, un acte horrible qui avait marqué l’aboutissement de la guerre de huit mois menée par les Etats-Unis et l’OTAN. A l’époque, le président Barack Obama avait, depuis le jardin de la Maison Blanche, salué l’assassinat comme étant l’avènement d’« une nouvelle Libye démocratique. »
Les preuves et témoignages fournis au cours de la semaine passée par des groupes d’aide et des organisations de droits de l’homme donnent une tout autre image. Une guerre impérialiste criminelle se terminant par un meurtre brutal a, sans surprise, produit un régime de terreur, de torture et de répression.
Selon un rapport publié par Amnesty International (AI), « Des actes de torture sont perpétrés par des militaires reconnus officiellement et des organismes de sécurité ainsi que par une multitude de milices armées opérant en dehors de tout cadre légal. »
L’organisation a rapporté de nombreux cas de détenus ayant été torturés à mort. Elle a également rapporté avoir rencontré d’autres qui présentaient « des marques visibles de torture infligées au cours de ces derniers jours et semaines. » AI a poursuivi en disant : « Parmi leurs blessures il y avait des plaies ouvertes à la tête, aux membres, sur le dos et d’autres parties du corps. »
Les prisonniers sont « suspendus dans des positions de contorsion, battus des heures durant avec des fouets, des câbles, des tubes en plastique, des bâtons, des chaînes et des barres métalliques, on leur administre des décharges électriques à l’aide de câbles sous tension et de pistolets semblables à des Taser, » selon un rapport d’Amnesty. Un porte-parole de l’organisation a qualifié «d’effroyable » le fait que le Conseil national de Transition (CNT), soutenu par les Etats-Unis et l’OTAN, ne conduise pas une enquête et à plus forte raison ne prenne pas des mesures contre la torture.
Les conclusions d’Amnesty ont été étayées par la commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies, Navi Pillay, qui a récemment dit au Conseil de sécurité que la torture était largement répandue. « Il y a de la torture, des exécutions extrajudiciaires, des viols d’hommes et de femmes, » a-t-elle dit.
Pillay s’est dit tout particulièrement préoccupée par le sort des immigrés d’Afrique sub-saharienne et des Libyen noirs qui ont été raflés par les milices car suspectés d’être des partisans de Kadhafi uniquement à cause de la couleur de leur peau.
Le groupe d’assistance médicale Médecins sans frontières (MSF) a retiré ses volontaires des centres de détention de la ville libyenne de Misrata parce qu’il leur avait été demandé de traiter les victimes de torture exclusivement dans le but de les mettre sur pied pour une nouvelle séance d’interrogatoire. « Notre rôle est de fournir des soins médicaux à des victimes de guerre et des détenus malades et pas de traiter sans cesse les mêmes patients entre des séances de torture, » a dit le directeur général de l’organisation, Christopher Stokes. Il a ajouté que MSF avait maintes fois soulevé cette question auprès des autorités libyennes, mais qu’aucune mesure n’avait été prise.
La brutalité et la torture infligées par les « rebelles » qui ont été portés au pouvoir par les bombardements de l’OTAN et les « conseillers » des forces spéciales ont provoqué le mois dernier un soulèvement dans la ville de Bani Walid où des citoyens ont pris les armes pour libérer des prisonniers et chasser la milice qui y avait été postée par le CNT.
Tous ces développements ont soigneusement été ignorés par la clique des organisations de « gauche » et les universitaires et journalistes libéraux qui ont joué un rôle tout à fait crucial en promouvant et en justifiant la guerre des Etats-Unis et de l’OTAN en faveur d’un changement de régime en Libye.
Il y a un peu plus d’un an, ils avaient mis en garde contre un soi-disant massacre imminent à Benghazi et critiqué la répression du régime de Kadhafi, et invoqué le concept de la « responsabilité de protéger » les civils comme justifications pour une intervention militaire menée dans l’ancienne colonie par les puissances impérialistes.
Des vauriens universitaires tels Juan Cole de l’université du Michigan, qui comptait sur sa réputation de critique de la guerre contre l’Irak pour vendre la guerre en Libye, ainsi que des groupes pseudo-gauches allant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France au parti La Gauche (Die Linke) en Allemagne en passant par l’International Socialist Organization (ISO) aux Etats-Unis, ont tous fourni un service essentiel à l’impérialisme en soutenant les dirigeants « rebelles » pro impérialiste et en contribuant à toiletter une brutale intervention pour du pétrole et des intérêts géostratégiques en une croisade visant à protéger des civil et promouvoir la démocratie et les droits humains.
Le fait que ces pseudo-gauches et ces libéraux sont à présent capables de fermer les yeux sur la torture en Libye, et de lui fournir une couverture, a une signification indéniable. Cette couche socio-politique a résolument intégré le camp de l’impérialisme.
Leur politique reflète les intérêts des sections les plus nanties de la classe moyenne. Dans une situation de polarisation sociale sans précédent qui a été intensifiée par la crise capitaliste mondiale, ils se regroupent autour de leurs élites dirigeantes respectives et sont prêts à défendre toutes les méthodes nécessaires, quelles qu’elles soient, pour défendre leur régime. La Libye sert d’avertissement. Si cette couche et ces organisations acceptent la répression et la torture dans le but de faire valoir les intérêts de l’impérialisme à l’étranger, ils n’hésiteront pas à soutenir des méthodes identiques pour confronter la classe ouvrière chez eux
Article original en anglais, WSWS, paru le 1er février 2012
Url de cet article:
Silviacattoti.net le 13 mars 2012
Homs une année après le début des troubles
L’ingénieur qui s’exprime ici résidait dans la ville de Homs, jusqu’à ce qu’en juin 2011, effrayé par les horreurs commises par des extrémistes sunnites dans son quartier, il a fui Homs avec sa famille pour aller se réfugier chez des parents dans un village proche de Homs (*). Ce qu’il affirme dans cet entretien avec Silvia Cattori contredit tout ce que racontent nos principaux médias. On comprend que les crimes les plus inimaginables sont commis par des extrémistes sunnites et non pas, comme ces derniers l’affirment, par l’armée gouvernementale.
Silvia Cattori :
La ville de Homs, le quartier de Baba Amro, ont été l’objet de nombreux reportages de la part de journalistes entrés illégalement en Syrie, « au cœur de l’armée syrienne de libération » [1]. Nous aimerions connaître votre point de vue sur ce qui s’est passé à Homs depuis une année.
Réponse : Je suis originaire de Homs. Je vivais dans le quartier de Bab Sebaa. À mi-avril 2011 les gens ont commencé à se rassembler pacifiquement au centre de Homs, rue Al-Kowatly, pour demander des réformes. Mais, assez rapidement, les gens ne se sentaient plus à leur aise. Ils ont senti qu’il y avait quelque chose d’étrange, de pas clair dans ces manifestations ; des comportements provocants et étrangers au pays, des slogans qui appelaient au Jihad, les ont inquiétés. Très rapidement les gens que je connaissais ont cessé de manifester. Ils ne se sentaient plus du tout en accord avec ces manifestations à la sortie des mosquées le vendredi.
En juin sur la route de Hadara [à Bab Sebaa], les corps d’une quinzaine d’alaouites ont été retrouvés en morceaux, la tête coupée, les bras coupés, avec un écriteau : « viande à vendre ». Bouleversés par ces assassinats, des alaouites ont mis le feu à des magasins sunnites. Les gens parlaient entre eux des actes horribles dont ils avaient été témoins. Des voitures appartenant à des alaouites ont été brûlées. L’inquiétude grandissait.
C’est alors que les alaouites et les chrétiens ont commencé à mettre des croix bien en vue dans leurs boutiques, sur le pare brise de leurs voitures. Un jour j’ai entrevu, sous la bâche d’un camion appartenant à des sunnites, une cargaison d’armes et de munitions. Puis j’ai vu des sunnites armés tirer sur des alaouites, tuer pour tuer. Il y avait tout le temps des détonations, des tirs, des cris « Allah Akbar ». Nos enfants étaient perturbés, avaient peur. C’est alors que j’ai pris la décision de quitter Bab Sebaa. Avec ma famille nous nous sommes réfugiés chez des parents dans un village proche de Homs.
Source: charentelibre.fr
Nous n’avions jamais connu ce genre de choses en Syrie. Nous avions toujours vécu en parfaite harmonie. Il n’y avait jamais eu aucun problème entre Syriens de diverses religions. J’ai entendu pour la première fois les gens parler de salafistes…
Je suis retourné à Bab Sebaa deux fois, en juillet et août. J’ai vu que cette zone se vidait peu à peu, qu’elle avait cessé de vivre. La grande majorité des familles avaient fui. Il n’y avait presque plus d’enfants et les écoles ont dû fermer. Les rares familles qui étaient restées, c’était parce qu’elles n’avaient nulle part où aller. J’y suis retourné une dernière fois en novembre. Toute la ville de Homs était devenue une ville fantôme. Plus personne n’osait s’aventurer dans certains quartiers. C’était une ville morte.
Silvia Cattori :
Des sunnites ont-ils également été persécutés ? Y en a-t-il qui se sont enfuis ?
Réponse : Oui bien sûr. La grande majorité des sunnites sont opposés à ces extrémistes sunnites et sont contre les milices armées. Mon médecin était sunnite mais il n’était pas d’accord avec leur violence, il en avait peur. Il allait prier à la mosquée mais il n’allait pas manifester avec eux. Peu à peu son cabinet s’est vidé de toute sa clientèle sunnite. Se sentant menacé il a quitté Homs. Dans la rue où j’habitais, seules deux familles sunnites sont restées. Les Syriens qui soutiennent ces opposants armés sont très très peu nombreux. Les opposants armés n’ont pas un comportement humain. Ils font peur aussi aux sunnites, pas seulement aux chrétiens et aux alaouites.
En mai, Fadi Ebrahim, un jeune sunnite, âgé de 25 ans, qui avait été vu en train de prendre des photos alors que les miliciens avaient averti que cela était interdit, a été kidnappé. On a ensuite retrouvé son cadavre dans une poubelle à Bab Sebaa, dans mon quartier.
Silvia Cattori :
À quand situez-vous la rupture de la population avec cette minorité de manifestants dont le comportement inquiétait ?
Réponse : À partir de fin avril je crois, la grande majorité des gens, dont de nombreux sunnites, ont cessé de manifester avec eux. Seuls des gens fanatisés ont continué d’aller à ces manifestations qui partaient le vendredi de la mosquée. Des sunnites qui ont refusé d’aller manifester avec eux ont été kidnappés, rançonnés, tués. Leurs manifestations anti Bachar el-Assad, n’ont jamais réuni plus de quelques milliers de personnes, mais elles ont bénéficié d’une grande médiatisation à l’extérieur.
Peu à peu, il y a eu une grande prise de conscience du véritable danger qui guettait notre pays. La crainte que l’on fasse chez nous ce que l’intervention extérieure avait fait subir au peuple libyen y a contribué. Ce fut le début de grandes manifestations réunissant des millions de gens dans toutes les villes du pays appelant à soutenir Bachar el-Assad, appelant à un changement progressif et pacifique, et surtout à s’opposer à toute intervention étrangère.
Silvia Cattori :
Dans votre parenté y a-t-il eu des personnes qui ont subi des persécutions dont vous avez la preuve que leurs auteurs étaient les milices armées ?
Réponse : Oui. Dans la famille de mon épouse deux cousins, originaires d’Al Qusayr, un village proche de Homs habité par des chrétiens et des sunnites. L’un, ingénieur âgé de 24 ans, a été tué en février 2012 en sortant de sa maison. L’autre, âgé de 30 ans, a été kidnappé il y a dix jours puis retrouvé pendu à un arbre. C’est dans ce village d’Al Qusayr que l’armée régulière se concentre aujourd’hui pour déloger les rebelles.
Du coté de ma propre famille, en décembre, un cousin âgé de 33 ans, a été kidnappé à Baba Amro. Il a été retrouvé deux semaines après à côté de notre village entre la vie et la mort à cause des tortures qu’il avait subies. Il est resté hospitalisé durant deux mois. Trois autres hommes avaient été arrêtés avec lui. À celui qui était sunnite, ils ont abîmé les jambes. Les deux autres étaient alaouites ; ils ont été égorgés. Nous pensons que notre cousin n’a pas été tué parce qu’il était chrétien.
En janvier, mon voisin -le seul voisin avec une autre famille à être resté à Bab Sebaa- sortait de son immeuble en compagnie de sa fille qu’il conduisait à l’université, quand ils ont tiré sur eux. Lui a été tué sur le coup, sa fille a été blessée.
Silvia Cattori :
Nous aimerions bien comprendre qui sont véritablement ceux qui égorgent, torturent, kidnappent. Comment ont-ils procédé dans le cas de votre cousin par exemple, qui en est revenu et a pu témoigner ?
Réponse : Lui et ses camarades se sont fait arrêter à l’entrée de Baba Amro à un barrage militaire par des hommes masqués qui portaient les uniformes de l’armée gouvernementale. Quand ils ont présenté leurs papiers d’identité en disant on est vos camarades, les hommes masqués se sont moqué d’eux en disant : « Oui oui, nos camarades voyons !… » À ce moment là ils ont compris que ces hommes masqués c’étaient en réalité des milices de l’« Armée libre ». Chez nous, le nom et la région d’où ont vient, permettent de savoir de quelle religion vous êtes. Les hommes masqués ont tout de suite égorgé les deux alaouites. Ils ont ensuite abîmé les jambes du sunnite mais l’ont laissé partir en lui disant qu’ils menaçaient sa famille. Quant à mon cousin, ils l’ont kidnappé et lui ont dit qu’il ne serait libéré que contre rançon. Des négociations ont commencé entre les miliciens et les forces du gouvernement, pour obtenir sa libération. Il a été retrouvé comme je vous l’ai dit deux semaines plus tard dans un état effroyable.
Silvia Cattori :
Je crois en ce que vous me dites. Mais nos médias - se fondant sur les dires des reporters entrés illégalement en Syrie - imputent systématiquement au gouvernement d’el-Assad les actes barbares que vous imputez à des extrémistes sunnites [2] ; comment le public qui lui veut savoir qui dit vrai peut-il s’y retrouver ?
Réponse : Les violences, les horreurs que nous subissons depuis bientôt une année ce sont les milices qui les commettent. Nous connaissons notre peuple ; nos gens, nos soldats ne sont pas violents. Ils font ce qu’ils peuvent. Ils risquent leur vie pour nous protéger de ces milices armées qui kidnappent, rançonnent et tuent. Plus de 3’000 soldats ont perdu la vie depuis une année.
La situation est devenue très cruelle pour les Syriens dont le quotidien est totalement bouleversé à cause du chaos et de l’insécurité que ces milices entretiennent. C’est dur, très dur de voir notre peuple forcé à se déplacer, tomber dans la misère. Beaucoup de gens ont perdu leur travail. Les sanctions de l’ONU aggravent la situation.
Silvia Cattori :
Nous apprenons en vous écoutant que Baba Amro était une zone vidée de ses habitants depuis longtemps. Aucun de nos médias n’a jamais dit cela. Quand l’armée a donné l’assaut contre l’ASL à Baba Amro il n’y avait donc pas de civils pris en tenaille comme les médias chez nous le prétendaient ?
Réponse : Mon frère est rentré deux fois à Baba Amro en novembre pour y livrer des marchandises. Il nous avait raconté que la quasi totalité de ses habitants avait déjà quitté Baba Amro, que tout était détruit, les magasins étaient fermés. Qu’il y avait encore l’eau et l’électricité mais très peu de gens ; cent ou deux cent familles tout au plus. Or, 90 000 personnes vivaient à Baba Amro avant l’arrivée des milices armées. [3]
Silvia Cattori :
Combien de personnes ont-elles fui Homs ?
Réponse : La plupart des habitants de la ville de Homs, et de l’agglomération de Homs, ont fui [4]. Plusieurs centaines de milliers je crois. Quand je suis retourné à Bab Sebaa en novembre, dans la rue où j’habitais seules deux familles sur cinq cents étaient encore là. Tout le monde avait fui, chrétiens, sunnites, alaouites.
Silvia Cattori :
Quand vous avez appris que les combattants de l’ASL avaient été délogés de Baba Amro qu’avez-vous éprouvé
Réponse : Un grand soulagement. Cela faisait longtemps que nous attendions que l’armée intervienne. Les images montrées durant l’assaut de février pouvaient faire croire que c’était l’armée gouvernementale qui avait détruit Baba Amro. Comme je l’ai déjà mentionné, Baba Amro avait été détruite par les milices bien avant.
Silvia Cattori :
Si à Baba Amro les gens reviennent, les groupes armés ayant été délogés, qu’en est-il des autres quartiers ?
Réponse : Un des quartiers les plus problématiques maintenant est celui d’Al Hamidia. Il y a une petite minorité de sunnites. Les chrétiens qui sont restés ont vécu des temps très durs. Victimes d’agressions, de vols, de kidnappings depuis des mois, les gens n’osaient plus sortir de chez eux. L’armée ne pouvait pas leur venir à leur aide car les milices contrôlaient les accès, occupant des maisons de chrétiens qu’ils prennent en otage.
Le seul quartier de Homs où les gens ne se sont pas enfuis massivement est celui d’Akrama [comme c’était le cas auparavant à Al Hamidia]. C’était à Akrama, où les chrétiens et les alaouites sont majoritaires, que les gens qui voulaient trouver plus de sécurité cherchaient à trouver un logement. Ses habitants s’étaient organisés pour se protéger. Ils se sentaient plus en sécurité que dans d’autres zones de Homs, du moins jusqu’en janvier. [5]
URL de cet article :
http://www.silviacattori.net/article2966.html
Silvia Cattori
(*) Nous ne dévoilons pas son nom pour le protéger. Nous sommes disposés à révéler son identité le jour où une commission de l’ONU se préoccupera d’interroger les témoins victimes de l’opposition armée.
[1] Notamment les reportages de Sofia Amara : « Syrie, dans l’enfer de la répression » (diffusé par Arte en août 2011 et primé au festival de la vidéo à Lille), et « Syrie, au cœur de l’armée libre », (11 février 2012). Elle y présente une Armée libre idyllique, représentative, crédible et légitime. Dans ses interviews elle incite à soutenir l’Armée libre, à lui fournir des armes, à ce que la communauté internationale lui garantisse une zone sécurisée, une zone d’exclusion aérienne, face à un président Assad « sanguinaire ». - D’autres journalistes – Manon Lozeau, Martine Laroche-Joubert et Christophe Kenck pour France 2 ont fait la part belle à la propagande des bandes armées ; Marc de Chalvron et Romaric Moins pour I-télé, Paul Moreira pour Canal-plus- sont entrés clandestinement en Syrie, accompagnés par les groupes armés et ont fait l’éloge de l’« Armée libre ».
[2] Les médias depuis le début de la contestation rapportent sans jamais aucune vérification, ce que disent des bloggeurs ou les comités de la Commission générale de la révolution syrienne qui envoient des vidéos manipulées, et ce que dit l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) basé à Londres. Alors qu’ils sont censés savoir que ce sont des sources partiales qui servent la propagande des bandes armées.
[3] Quand, le 7 mars 2012, des membres du Croissant rouge syrien sont entrés à Baba Amro ils ont constaté que tout était détruit et vide.
[4] La région de Homs compte 2’087000 habitants (40% vivent dans la ville de Homs, 60% dans les villages alentour). L’ONU estime à 200’000 les personnes déplacées en Syrie. Ce chiffre nous paraît très largement sous-estimé. Des centaines de milliers de personnes ont fui Homs, vers d’autres villes et villages.
[5] C’est à Akrama que, en janvier 2012, le journaliste Gilles Jacquier et 8 Syriens furent tués par les tirs lancés par les rebelles basés à Baba Amro, quoi qu’en disent les autorités françaises.
Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm, La Nouvelle République du 14 janvier 2012
En dépit de la focalisation de l’actualité sur l’Iran, la Syrie demeure sujet à préoccupation de la part des observateurs. Ce pays rétif à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial reste est « victime d’actes de terrorisme planifiés et organisés par des puissances étrangères ». Quelle part des services secrets occidentaux dans cette tentative de déstabilisation ? Instrumentalisation de l’OTAN par l’impérialisme US, bras armé de l’ONU ainsi que d’autres questions auxquelles Joëlle Penochet, journaliste, ethnologue et sociologue des mass-médias a répondu dans cet entretien accordé exclusivement à La Nouvelle République.
La NR/ Quelle est votre analyse de la situation en Syrie?
J.P/ Ce n’est pas Bachar el-Assad qui est visé, mais la Syrie en tant que pays laïc, nationaliste et indépendant, ennemi d’Israël et rétif à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial. Après l’Iraq et la Libye, ce pays doit inéluctablement être détruit à son tour pour permettre la réalisation du vieux projet atlantiste de «Grand Moyen Orient». Par ailleurs, la Syrie est une tête de pont pour une agression contre l’Iran et la poursuite de l’encerclement de la Russie et de la Chine.
Après l’élimination du colonel Kadhafi, dans les conditions ignobles que l’on connait, Bachar-el-Assad est le nouvel homme à abattre, l’Hitler du moment. L’agenda atlanto-sioniste (qui correspond à celui des néo-conservateurs du PNAC (Projet pour un nouveau siècle américain) a pris du retard, et le rythme infernal de l’enchaînement des guerres contre les pays ciblés (annoncé par Bush dans le cadre d’une «guerre de cent ans contre le terrorisme) doit s’accélérer. La Syrie est depuis longtemps sur la liste étasunienne des «Etats-Voyous» dont le régime doit être renversé. L’ancien commandant en chef de l’OTAN, le général Wesley Clark, a rapporté en 2007 qu’un officier d’état-major de haut rang lui avait confié, quelques semaines après les attentats du 11 septembre, qu’une campagne militaire de cinq ans était programmée, pour des motifs inconnus, pour attaquer sept pays: l’Irak, la Syrie, le Liban, le Libye l’Iran, la Somalie et le Soudan.
Concernant l’application de ce projet en Syrie, c’est le scénario libyen, à quelques détails près, qui est répété: la même propagande guerrière contre le régime et la diabolisation de son chef, les mêmes mercenaires et combattants professionnels étrangers lourdement armés déguisés en manifestants pacifiques, les mêmes faux-témoignages de «victimes», la création d’un «Conseil national de transition» (le 1er octobre à Istanbul) – un clone du CNT libyen -, et des sanctions économiques répétées pour asphyxier le pays.
Car, depuis la chute du mur de Berlin, c’est toujours le même schéma qui est utilisé pour lancer une guerre «humanitaire» (en Yougoslavie, en Iraq, en Libye…): on déclare que le dirigeant du pays ciblé «massacre son propre peuple», ensuite on fait des discours droits-de-l’hommistes enflammés à l’ONU («nous devons libérer le peuple de son tyran»), on impose des sanctions économiques de plus en plus lourdes, on menace, on lance des ultimatums innacceptables. Siimultanément, on prépare méthodiquement l’opinion publique internationale (que l’on doit émouvoir en lui racontant des histoires atroces préfabriquées – de bébés, de femmes et d’enfants torturés, massacrés par le régime…) à une intervention «humanitaire».
Actuellement, Washington et ses vassaux – en premier lieu la France – se disent «mécontents» des rapports des observateurs de la Ligue arabe, qui les a «trahis» en ne remplissant pas leur mission véritable qui était de de confirmer la version de la Maison Blanche. Ils leur font le même reproche qu’au projet de résolution russe, celui de mettre sur le même plan les violences du régime et celles des «contestataires». Les américains ont d’ores et déjà déclaré que, quelles soient les recommandations de la délégation des observateurs arabes, leur position resterait inchangée. On s’en serait douté!
Mais Washington a oublié que la Syrie n’est pas la Libye. C’est un pays de 23 millions d’habitants, avec des moyens militaires plus importants, des forces militaires aguerries, et des alliances qui semblent plus sûres, du moins pour l’instant. Le pays est toujours en état de guerre larvée avec Israël depuis 1948 – avec l’épisode douloureux de la prise du Golan en 1967 (territoire qu’Afez el-Assad avait toujours essayé de récupérer) et la guerre de 1973 -, et en froid avec l’Egypte et la Jordanie qui ont signé des traités de paix avec Israël.
La Syrie étant alliée de l’Iran, du Hezbollah au Liban, et du Hamas à Gaza, pour contrer l’expansionnisme de l’état d’Israël, elle connait des tentatives de déstabilisation récurrentes: rappelons-nous l’accusation de l’assassinat de Rafic Hariri en 2005, invalidée par la révélation que les chefs d’accusation reposaient totalement sur une série de faux-témoignages. Ce n’est pas à la Syrie que profitait cet assassinat…
Les puissances occidentales, par l’intermédiaire des dictatures théocratiques du Golfe et de la Turquie veulent en finir avec ce pays comme ils l’ont fait de Iraq et de la Libye. On peut malheureusement redouter qu’il ne s’agisse que d’une question de temps, car Washington est déterminé à appliquer son agenda quoi qu’il en coûte, quitte à provoquer l’embrasement de la région entière et le déclenchement d’une troisième guerre mondiale, avec l’utilisation d’armes thermonucléaires.
Une nouvelle fois, il ne s’agit en aucun cas d’une révolte populaire, comme les media mainstream, aux mains des banksters et des multinationales de l’armement, veulent le faire accroire. Le gouvernement syrien est victime d’actes de terrorisme planifiés et organisés par des puissances étrangères pour le renverser. On assiste depuis le début des événements à une militarisation impressionnante de la soi-disant «contestation», et à son escalade sans fin: attaques à l’arme lourde contre les forces armées gouvernementales et les bâtiments publics, tirs de snipers sur les policiers, les manifestants et la population, enlèvements et assassinats de fonctionnaires et de civils qui refusent d’obéir au diktat des bandes armées.
Le niveau d’agression a monté d’un cran avec des sabotages d’infrastructures du pays, comme celui d’un pipe-line approvisionnant l’une des principales centrales électriques, revendiquée par l’Armée syrienne libre (ASL, la branche armée du CNS). Et maintenant l’escalade se poursuit avec des attentats, qui risquent de se multiplier. Ceux de Damas, qui ont fait 44 morts et 166 blessés graves à Damas à la veille de Noël, revendiqués par les Frères musulmans, ont été cyniquement attribués au régime par l’opposition et les puissances occidentales! Le 6 janvier, une nouvelle explosion à la voiture piégée a fait des dizaines de morts et de blessés. Plusieurs milliers de personnes, dont plus de deux mille soldats et membres des forces de sécurité, auraient déjà été tuées par les terroristes depuis l’apparition des troubles.
A l’instar des «rebelles» libyens, qui n’ont jamais existé que sur les écrans de télévision et les photos de presse, les bandes armées qui opèrent en Syrie sont des mercenaires et des terroristes islamistes armés de matériels lourds et sophistiqués par des puissances étrangères et l’OTAN : fusils de chasse, antichars, lance-roquettes, roquettes antiaériennes, mortiers, mitrailleuses lourdes, équipement électronique, lunettes laser…).
Ces gangs instillent un climat de terreur dans la population, menaçant de mort ou exécutant froidement ceux qui refusent de participer à leurs manifestations, ou à leur grève générale. Ces méthodes terroristes ressemblent étrangement à celles du GIA en Algérie dans les années 90′, dont on peut se demander, avec le recul du temps, pour qui il roulaient vraiment… Le gros des troupes de «l’Armée syrienne libre» (ASL) serait composé d’éléments étrangers, principalement des terroristes islamistes armés par le Qatar, monarchie théocratique richissime. Après avoir servi de base à l’état-major américain pour ses opérations en Irak, il avait envoyé cinq mille combattants professionnels en Libye. L’ASL est dirigée par Abdelhakim Belhaj, chef historique d’Al Qaida en Libye déjà sacré gouverneur militaire de Tripoli par l’OTAN.
C’est pourquoi la population syrienne est en quasi-totalité derrière son président pour contrer l’agression étrangère (les grandes manifestations de soutien au régime n’ont jamais cesser depuis le début – rassemblant plus d’un million de personnes, à Damas et à Alep) et qu’elle ne cesse de réclamer plus de protection de la part de l’armée et de la police. Même les opposants, qui critiquaient la lenteur des autorités à réformer le pays pour éradiquer la corruption et instaurer plus de libertés et de justice sociale, soutiennent activement le régime pour contrer à tout prix une agression étrangère. Les réformes entamées par Bachar el Assad dès son entrée en fonction ont pris d’autant plus de retard qu’après avoir été freiné par la vieille garde de son père Afez, il a du faire face à des menaces extérieures et que le pays est l’objet de sanctions économiques du plus en plus dures.
Les minorités religieuses ont particulièrement menacées par les terroristes islamistes. Grâce au régime laïc, quarante-cinq communautés avaient jusqu’à présent coexisté en harmonie en Syrie: les Chrétiens – qui représentent 15% de la population -, les Druzes, les Kurdes, les Chiites et les Alaouites. Ces minorités soutiennent leur président et craignent l’instauration d’un régime religieux dont les persécutions les contraindraient à l’exil. Deux millions de réfugiés irakiens et près d’un-demi million de Palestiniens ont été accueillis généreusement par la Syrie, où ils ont les mêmes droits que les citoyens syriens. Provoquer et attiser les violences inter-confessionnelles ou inter-ethniques est un moyen classique pour instaurer le chaos, provoquer des guerres civiles, et imposer ensuite un nouvel ordre.
En revanche, il n’est jamais question de Résolution de l’ONU contre les dictatures sanguinaires amies de l’Occident comme l’Arabie saoudite, théocratie obscurantiste qui a massacré des milliers de manifestants au Barhein depuis le début de 2011. En Iraq, les nouveaux «dirigeants» font tirer à balles réelles sur les rassemblements – faisant à chaque fois des dizaines de morts et de blessés, et ont assassiné un journaliste co-organisateur des «Jours de la colère» contre le régime. Tout cela, dans le silence assourdissant de la dite «communauté internationale».
Ces préparatifs de guerre se déroulent honteusement avec le soutien de l’opinion publique occidentale, façonnée par la propagande des media mainstream. Les slogans (en anglais, donc à destination de l’étranger) sont conçus par des officines américaines spécialisées. Les accusations les plus grotesques ont été lancées contre Bachar el-Assad: enfants torturés, blogueuse lesbienne persécutée et prise en otage (en réalité un étudiant américain émettant d’Ecosse…). Sachant que la guerre de l’information se déroule maintenant sur l’Internet, les rejetons électroniques des media mainstream (comme le Post et Rue89 en France) se répandent en faux témoignages de soi-disant victimes (dont les noms ne sont jamais cités et dont les photos sont floutées…).
Ces accusations odieuses sont basées sur de faux documents audio-visuels provenant généralement d’ Al-Jazira et Al-Arabiya (les Voix de son Maître de l’OTAN et du Pentagone). Ces media prennent aussi leurs «informations» – relayées sans vérification – auprès «d’ONG» basées dans des pays occidentaux (Londres-Paris-Washington), financées paradoxalement par des organisations para-gouvernementales! C’est le cas d’Amnesty International, dont l’antenne américaine est dirigée par une assistante d’Hillary Clinton.
Mais la première source des médias mainstream est l’obscur «Observatoire syrien des Droits de l’Homme» (OSDH), basé à Londres et membre du CNS aux mains des Frères musulmans (les plus radicaux de la région), dont le but est l’instauration d’une république islamique. Son porte-parole, en exil en Turquie, s’exprimant au nom du «peuple syrien» réclame depuis des mois une «intervention extérieure».
En vue d’obtenir le feu vert pour déclencher l’agression, les Etats-Unis ont même fait pondre au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU un rapport sur mesure, totalement bidon sur les «crimes syriens contre l’humanité”. Fabriqué entièrement «en chambre» à Genève, il est basé uniquement sur les pseudo «témoignages» de 223 «déserteurs» et «victimes» dont, bien sûr, l’identité ne peut être révélée! En outre, il a été co-écrit par la directrice d’un Think-Thank de Washington (le Middle East Policy Council), qui inclut des représentants du gouvernement, de l’armée américaine, de la chambre de commerce américano-qatarie (comprenant Chevron, Exxon, Raytheon et Boeing) et agents de la CIA. Comme attendu par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, ses conclusions préconisent une intervention militaire. Ce «rapport» a permis au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU d’adopter une résolution condamnant «les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales » en Syrie. La menace d’une "guerre civile" pourrait justifier une intervention militaire «humanitaire».
Bachar-el-Assad n’a rien d’un dictateur. C’est un médecin formé à Londres qui n’avait aucune ambition de devenir président. Il a été élu par référendum en 2000 et la population – même ses opposants-, est plus que jamais massivement derrière lui. Les forces militaires qu’il déploie – bien insuffisantes au demeurant – pour tenter de contenir cette insurrection armée de grande ampleur, font face à des escadrons de la mort redoutables entraînés par des forces spéciales américaines, françaises et israéliennes en Turquie et au Liban Nord. Le président a regretté publiquement des bavures – attribuées au fait que les forces de l’ordre étaient exaspérées par des assassinats massifs de leurs membres par des «insurgés» armés alors qu’eux-mêmes n’avaient pas le droit de tirer. De nombreux soldats ont été atrocement torturés et mutilés avant d’être jetés d’un pont, comme le montrent des vidéos de témoins directs.
Tout est fait pour isoler la Syrie sur la scène internationale. La décision obtenue le 25 novembre de la Ligue arabe, dominée par l’Arabie Saoudite et autres suppôts des Etats-Unis, de suspendre la Syrie, pays fondateur de l’organisation – et dernier état arabe à s’opposer à Israël – avait pour objectif d’assurer une couverture arabe à l’agression.
Cette fois, c’est la Turquie, membre de l’OTAN et alliée d’Israël, qui tient le rôle de paravent pour les Etats-Unis que la France avait joué en Libye. En effet, ruinés et en campagne électorale (l’opinion publique américaine étant défavorable aux opérations extérieures – c’était le sens du vote à la présidentielle de 2008), les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre d’apparaître au premier plan, mais orchestrent toute l’opération en coulisses.
Par ailleurs, on remarquera que les nouvelles guerres sont déclenchées avec l’assentiment quasi-unananime de l’opinion publique occidentale. La démobilisation des anti-guerre ne s’explique pas totalement par le découragement qui a gagné les participants aux grandes manifestations de 2002-2005 contre la guerre en Iraq (qui ont rassemblé plus de 10 millions de personnes dans le monde, et à plusieurs reprises plus d’un demi-million de personnes à New-York, Washington et à Londres). La fièvre de la guerre humanitaire a contaminé les milieux traditionnellement anti-guerre, comme en France, la «Gauche de la gauche» et les «écologistes» – révélant ainsi la véritable nature de ces mouvances très médiatisées-, et aux Etats-Unis les «libéraux», depuis que le milliardiaire Georges Soros (l’inventeur génial des « révolutions colorées ») a mis la main sur le mouvement pacifiste en 2004 pour canaliser ses énergies derrière le candidat belliciste démocrate (à l’aide de slogans aussi fédérateurs que «Anybody but Bush»), en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes.
La NR/ Dans la guerre libyenne, certains observateurs ont souligné le rôle des services secrets occidentaux dans la préparation de l’insurrection ; assisterait-on au même scénario en Syrie ?
Ce type d’opération de déstabilisation ne peut pas se réaliser sans une longue préparation. Les services secrets occidentaux et israéliens fomentent la déstabilisation de la Syrie depuis des années. Des agents de la DGSE (les renseignements français) sont basés au Nord du Liban et en Turquie. On sait que les Frères musulmans, qui dominent le CNS, ont des liens étroits avec les services anglais (MI6) et la CIA depuis des décennies. Les mouvements islamistes ont souvent été manipulés par les puissances occidentales pour contrer le nationalisme arabe (par exemple le nassérisme dans les années 50′). Les mercenaires étrangers (saoudiens, qatari, libanais…) sont armés, formés et financés par les mêmes services, et le Mossad, l’Arabie Saoudite, la Turquie, le Liban et la Jordanie.
La NR/ Certains pensent qu’une guerre contre la Syrie aurait de lourdes conséquences sur la région. A quelle configuration géopolitique pourrait-on s’attendre dans ce cas ?
C’est un scénario à la Yougoslave qui se dessine. On essaie de déclencher une guerre civile pour créer des divisions ethniques, politiques et religieuses menant à l’éclatement du pays. Déjà dans l’ex-fédération yougouslave, en Bosnie et au Kosovo, l’objectif avait été atteint grâce à la création d’organisations paramilitaires armées (comme l’UCK) similaires à l’ASL. La propagande mensongère (faux-charnier de Timisoara, faux massacre de Raçac, faux camp de concentration..) voulait démontrer que le gouvernement de Belgrade avait commis des crimes atroces, afin de pouvoir justifier une «guerre humanitaire». Là aussi, on avait utilisé des groupes islamistes, et créé par la suite, en toute illégalité, un état sur des bases ethniques et confessionnelles, le Kosovo (où les rares Serbes et Chrétiens qui n’ont pas fui sont toujours persécutés).
Mais la Syrie n’est une étape de plus après la Libye dans le plan de remodelage de la région programmé par l’axe atlanto-sioniste, qui passe ensuite par l’Iran. Il faut éliminer tous les régimes encore récalcitrants au Nouvel ordre mondial, et les partitionner les pays à l’instar de la Yougoslavie ou du Soudan (en 2011), sur des bases ethniques et/ou confessionnelles.
La NR/ La Russie et la Chine ont opposé leur veto à cette campagne anti-syrienne. Sauront-ils résister face à l’axe américano-occidental ? Et pour combien de temps ?
Les dirigeants chinois et russes portent une part de responsabilité dans les massacres du peuple libyen et la chute du régime. Saurons-nous jamais à la suite de quels marchandages sordides ils en sont arrivés là?
L’intervention militaire en Syrie, qui avait été planifiée pour la mi-novembre 2011, a été stoppée in extremis le 5 octobre par les vétos russe et chinois au Conseil de sécurité. Exaspérée par cette résistance inattendue, les puissances impérialistes ont décidé d’intensifier leur campagne de propagande de guerre et les provocations meurtrières sur le terrain. Les media multiplient les calomnies odieuses contre le régime, et diffusent quotidiennement des bilans des morts fantaisistes de plus en plus lourds. Tout cela pour préparer les opinions publiques à une nouvelle bonne guerre humanitaire qui réduirait le pays en cendres et ferait des dizaines de milliers de morts.
La Chine, qui a dénoncé l’instrumentalisation du rapport du Conseil des Droits de l’Homme pour forcer le Conseil de sécurité à voter une Résolution, a tout de même reconnu le CNS et appelé à deux reprises le régime syrien à «respecter et répondre aux aspirations et aux revendications légitimes du peuple». La Russie a jugé le rapport Pillay «inacceptable», mais elle a finalement opéré un recul tactique en proposant une Résolution au Conseil le 5 décembre. Il semble évident que la nouvelle tentative de déstabilisation de la Russie à l’occasion des récentes élections est liée à sa position, même si elle a été infléchie (les media évoquent même aujourd’hui un «Printemps Russe»!). Se retrouvant isolée, et étant dépendante des ressources pétrolières de la région, elle doit assurer ses arrières. Le 8 janvier, une flotte russe comprennant des navires de guerre, des sous-marins, des avions de combat, des hélicoptères et plusieurs systèmes de missiles anti-aériens a accosté en rade de Tartous, la seule base dont disposerait la Russie en Méditerranée.
La Syrie offrant plus de résistance que prévu, et les premiers rapports de la Ligue arabe n’étant pas à la mesure des espérances des puissances occidentales, désignent de nouveau à la vindicte publique l’adversaire principal dans la région, l’Iran, le plus gros morceau. Pour l’instant, la Syrie ne fait plus la une des media, même avec les attentats odieux qui ont frappé Damas. Mais les exactions des terroristes continuent de s’amplifier, avec cette fois des attentats à répétition.
La NR/ Vous êtes de ceux qui pensent que le « printemps arabe » lui-même était une opération américaine, une nouvelle « révolution de couleur » ; pouvez-vous explicitez ?
Le renversement des potentats corrompus régnant en Egypte et en Tunisie était espéré depuis longtemps. Mais les multiples révoltes de la faim et les manifestations contre la politique étrangère de ces marionnettes (notamment contre leur alliance tacite avec Israël) avaient toujours été jusqu’à présent matées dans le sang sans que la «communauté internationale» s’en émeuve. La situation en Egypte et en Tunisie, pays rongés par la corruption et en proie à un taux de chômage extrêmement élevé, est très différente de celles de la Libye et de la Syrie. La Tunisie compte 800.000 sans-emploi et un taux de chômage de 30% dans certaines régions (contre 8% en Syrie, et une quasi-inexistence en Libye, grâce au système social mis en place par Mouammar Khadafi). Les soi-disant «Révolutions» arabes louangées par les occidentaux n’ont abouti qu’à la mise en place de régimes islamistes et d’un gouvernement militaire qui continue de réprimer la population.
Beaucoup trop d’indices semblent indiquer que ce dénommé «printemps» n’était pas aussi spontané qu’il a été décrit. Le matériel standardisé, comme les nouveaux drapeaux et les pancartes, fabriqués à grande échelle et distribués aux manifestants, les slogans en anglais, sont également le signe d’une main extérieure, de même que les noms donnés à ces révoltes, baptisées abusivement «Révolutions», comme la «Révolution du Jasmin» tunisienne, après les révolutions «Orange» (en Ukraine), «des Roses» (en Géorgie), Verte, Pourpre, etc. Tout cela a un air de «déjà vu». Tout est bien trop ordonné pour être spontané…
Le nom même de «printemps» était réapparu en 1967 en Tchécoslovaquie (avec le «printemps de Prague»), au moment où son nouveau dirigeant, Dubcek, s’était rapproché de l’Ouest, provoquant l’ire de l’URSS et l’invasion du pays par les troupes soviétiques l’année suivante.
La NR/ Quels enjeux, pour Washington, présentent ces guerres menées par procuration via l’OTAN, notamment dans le monde arabe et en Afrique ; comment voyez-vous la nouvelle répartition des rôles dans ce nouvel ordre mondial ? Quel rôle pourrait jouer Israël dans cette éventuelle redistribution des rôles ?
Une fois débarrassé des régimes qui le gênaient, l’axe atlanto-sioniste pourrait remodeler le Moyen Orient à sa guise. Israël pourrait élargir ses frontières à l’intérieur de l’actuelle Syrie, de l’Iraq et du Liban. La politique d’Israël est une politique d’extension sans limites du pays et de son influence à travers le monde. Sa soif d’extension et de domination mégalomaniaque est inextinguible, et elle peut donner libre cours à la réalisation de tous ses phantasmes, étant assurée que tous ses crimes passés et à venir resteront à jamais impunis. Israël contrôle aujourd’hui pratiquement tous les media occidentaux mainstream, et nombre de gouvernements. Il est impossible à un candidat aux présidentielles américaines d’être élu sans son soutien. Le même phénomène semble s’être étendu à la France où, aujourd’hui, même la candidate du Front National en campagne semble rechercher l’appui d’Israël.
Si le plan occidental réussissait, Israël serait reconnue par les nouveaux dirigeants mis en place par les Etats-Unis. Les nouveaux gouvernements fantoches (comme ceux d’Iraq, d’Afghanistan, et de Côte d’Ivoire…) permettraient également aux grandes multinationales américaines (notamment les géants du pétrole, du bâtiment et de l’agroalimentaire) de s’implanter dans les pays recolonisés.
La NR/ Certains pensent que la guerre de l’OTAN contre la Libye est dirigée contre la Chine notamment pour l’accès aux ressources énergétiques, d’autres avancent qu’elle est dirigée contre l’Afrique, qu’en pensez-vous ?
A la fois contre les deux en réalité. Les Etats-Unis sont en concurrence avec la Chine pour le contrôle des ressources énergétiques. Ils ne peuvent tolérer que la Chine cherche à s’approprier les champs pétroliers les plus riches connus, alors qu’il est prévu que l’économie américaine sera supplantée par celle de la Chine dans les cinq ans à venir. Ils n’avaient pas pardonné à Kadhafi d’avoir refusé, en 2008, de rejoindre l’AfriCom, le commandement régional créé par le Pentagone pour contrer la pénétration de la Chine en Afrique. Il faut savoir que le tiers des importations de pétrole de la Chine provient du continent africain.
Et, en même temps, il faut éviter qu’un nouveau continent (de surcroît le plus riche!) puisse sortir du sous-développement: il faut maintenir l’Afrique la tête sous l’eau pour éviter qu’elle devienne une puissance émergente. Le colonel Kadhafi, symbole de la lutte anti-impérialiste en Afrique parce qu’il avait toujours oeuvré pour le développement et l’indépendance du continent, devait être éliminé. Il avait financé le satellite RASCOM, qui a permis à l’Afrique de sortir de la dépendance des multinationales occidentales en matière de télécommunications. Il était sur le point de lancer une monnaie basée sur l’Or, travaillait à nouveaux projets panafricains, dont les États-Unis d’Afrique et une Organisation du Traité de l’Atlantique Sud. Les puissances impérialistes ne pouvaient le tolérer. L’Afrique est un continent extrêmement riche en matières premières indispensables aux pays développés: pétrole, gaz naturel, minerais rares utilisés pour les nouvelles technologies… La carte des conflits en Afrique se superpose avec celle des richesses de son sous-sol.
C’est pourquoi les pays africains les mieux dotés en matière premières sont voués à la famine et à des guerres civiles programmées de l’extérieur. On pourrait dire que plus un pays est riche, plus il va s’enfoncer dans le sous-développement, car les puissances étrangères ne peuvent piller un pays que s’il est faible et dépendant des «aides» extérieures (du FMI, de la Banque mondiale…) qui l’étranglent, avec des «dirigeants» installés par ses soins. Ce n’était le cas ni de l’Iraq ni de la Libye, comme ce n’est pas le cas de l’Iran ni du Venezuela – également sur la liste noire des Etats-Unis depuis l’élection d’Hugo Chavez à sa tête.
La NR/ Selon ses statuts, l’OTAN est un pacte défensif dont l’objectif consiste dans l’aide mutuelle en cas d’attaque d’un de ses membres. Elle n’est absolument pas habilitée à intervenir hors de son territoire, dans des pays non membres. Or, on constate aujourd’hui qu’elle est instrumentalisée. Elle est devenue une force de frappe militaire de l’ONU pour renverser des gouvernements de part le monde. Comment expliquer ce revirement ?
L’OTAN n’est qu’un instrument au service de l’impérialisme US, le bras armé de l’ONU. C’est en prévision des nouvelles guerres américaines programmées de longue date que Sarkozy, l’agent américain, a fait revenir en 2009 la France dans le commandement intégré de l’OTAN duquel le général de Gaulle l’avait fait sortir en 1966. Comme G.W. Bush, Obama – le nègre blanc -, ne fait que suivre la feuille de route.
L’OTAN, qui aurait logiquement du disparaître à la fin de la guerre froide, s’est au contraire notablement renforcée depuis, avec notamment l’adhésion des anciens pays de l’Est. C’est à l’OTAN qu’Obama, prix Nobel de la Paix, a transféré sa guerre contre la Libye lorsque les pays qui lui servaient de paravent se sont trouvés en difficulté. Toujours en contradiction avec sa Charte, L’OTAN participe aussi à des guerres d’occupation et mène avec la CIA des opérations criminelles.
L’accord entre l’OTAN et l’ONU, alliance militaire pourvue d’armes nucléaires, est incompatible avec la Charte de l’ONU, qui exige que les conflits soient résolus pacifiquement. L’OTAN n’est plus qu’un instrument des États Unis pour mettre en œuvre le plan concocté par les néoconservateurs dans les années 90′ (le PNAC) dans le cadre de l’instauration d’un Nouvel Ordre mondial.
Peut-on distinguer les interventions de l’ONU de celles de l’OTAN, si trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont aussi membres de l’OTAN? Comment les violations du droit commises par l’OTAN pourraient-elles être poursuivies par les tribunaux internationaux?
La NR/ Actuellement, on assiste à une dépravation de l’application du droit international de la part du Conseil de sécurité, comme on l’a constaté notamment en Libye, avec la malversation de la résolution 1973. Quelle crédibilité pourrait avoir l’ONU dont la Charte a été détournée de sa vocation première ?
C’est une vaste fumisterie pour donner l’illusion que le droit international serait respecté, alors qu’il n’y a qu’un seul droit qui régit notre monde, la loi de la jungle.
Certes, la résolution 1973 a été violée, mais elle avait été conçue et votée justement dans le but de pouvoir l’être. C’était un cheval de Troie en vue d’une escalade militaire pour faire tomber le régime. Au demeurant, elle n’avait pas lieu d’être, puisqu’il avait été prouvé rapidement que le Guide libyen n’avait jamais fait bombarder son peuple ni fait tirer sur lui. La Résolution a été votée sans qu’aucune enquête soit diligentée pour vérifier les faits allégués.
Combien de guerres d’agression ont été menées avec ou sans l’aval de l’ONU ? En 2003, les Etats Unis et la Grande-Bretagne ont violé le droit international en attaquant l’Iraq sans résolution du conseil, parce que la France avait prévenu qu’elle utiliserait son droit de veto. Nous avions le précédent de l’attaque de la Yougoslavie, qui avait pour but l’implantation de bases américaines en Europe de l’Est comme nouvelle étape de l’encerclement de la Russie, et contrôle de l’acheminement des produits pétroliers… Israël avait elle obtenu un mandat de l’ONU avant d’attaquer le Liban en 2006 et la bande de Gaza en 2009 ? A-t-elle été poursuivie pour violation du droit international et pour crimes contre l’Humanité?
Le Conseil de sécurité et le secrétariat de l’ONU sont devenus depuis la chute du mur de Berlin (qui avait le mérite au moins de maintenir «l’équilibre de la terreur») sont les premiers responsables des catastrophes humanitaires. Ainsi, l’embargo contre l’Iraq decrété en 1990 (et jamais levé jusqu’à 2003 malgré le respect de ses clauses) a causé 1.500.000 morts, dont un demi-million d’enfants. Pour protester, quelques honnêtes hauts-fonctionnaires de l’ONU avaient préféré démissionner plutôt que de rester complices de ce génocide à petit feu, comme deux coordinateurs des opérations humanitaires en Irak successifs (Dennis Halliday en 1998 et Hans Christof von Sponeck en 2000), suivis par la responsable du Programme alimentaire mondial (PAM).
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont attaqué plus de cinquante pays en totale impunité. Sans compter tous les coups d’Etat organisés à travers le monde pour renverser les dirigeants gênants… Et Israël a été condamnée plus de deux cent cinquante fois par des résolutions de l’ONU, mais n’a jamais été sanctionnée. Le sionisme a été stigmatisé comme «une forme de racisme» par l’ONU en 1975, mais cela n’a pas empêché la construction d’un mur de l’Apartheid aussi ignoble que le mur de Berlin sans que la « communauté internationale» s’en émeuve.
Les dirigeants de tous ces pays-voyous (qui possèdent tous l’arme nucléaire) ont-ils été jugés et condamnés par un tribunal international? Leur a-t-on envoyé les troupes de l’OTAN pour les mater?
Par contre, les dirigeants vaincus des pays attaqués et vaincus sont jugés par des tribunaux fantoches et sont condamnés à mort après un simulacre de jugement (Saddam Hussein, Tarek Aziz, et bientôt Saïf Al Islam Kadhafi), sont laissés mourir à petit feu (Milosevic), quand ils ne sont pas tout simplement lynchés, comme Mouammar Kadhafi, sans que personne n’y trouve à redire. Dans quel monde vivons-nous ?
(On pourra noter au passage que les «grandes» démocraties où la peine de mort a été abolie se réjouissent des exécutions sommaires de dirigeants extra-occidentaux, et acceptent d’être responsables ou complices de millions de morts aux cours des guerres d’agressions. Ceci est pour le moins grotesque…).
Par ailleurs, l’ONU n’est jamais intervenue lorsque des dirigeants démocratiquement élus ont été assassinés ou chassés par les Etats-Unis : Mossadegh en Iran en 1953, Allende au Chili en 1973, Manuel Zelaya au Honduras en 2009 pour n’en citer que quelques uns… Les dictateurs sanguinaires qu’on leur a substitués n’ont jamais été jugés pour crimes de guerres ou crimes contre l’Humanité devant un tribunal international comme ils auraient du l’être selon les lois en vigueur. Le général Pinochet est mort tranquillement chez lui, et les généraux argentins n’ont pas été inquiétés malgré toutes les manifestations de familles de dizaines de milliers de « disparus ».
Tous les dirigeants africains intègres qui ont tenté de développer leur pays et d’échapper au Diktat des néo-colonisateurs ont été assassinés (Thomas Sankara au Burkina Faso, Patrice Lumumba au Congo…)… Et le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, aussitôt après avoir démocratiquement réélu en 2011, a été kidnappé et chassé par la France au profit d’Alexandre Ouattara, la marionnette sanguinaire du FMI. C’est le vainqueur des élections qui se retrouve maintenant devant le tribunal international de La Haye! C’est vraiment le monde à l’envers! Un exemple de plus qui démontre que l’ONU n’est qu’un instrument au service de l’Occident et de ses sbires.
Il nous faut donc nous demander si le monde serait différent en l’absence de cet organisme dévoyé et corrompu, au service exclusif des gendarmes du monde.
En effet, depuis sa fondation, l’Organisation des nations unies s’est avérée inefficace pour maintenir la paix et n’a jamais empêché ses membres les plus influents de contourner ses mécanismes pour mener des opérations unilatérales. Les secrétaires généraux du «machin», comme l’appelait si bien le général de Gaulle, sont tous des marionnettes des USA, comme Ban Ki-Moon, après Koffi Annan et bien d’autres. C’est un organisme de convenance, un paravent créé pour servir les intérêts des Etats-Unis et ceux de leurs valets tout en faisant croire à une justice internationale. Point final.
Ainsi, le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye n’a jamais eu à juger les responsables des Etats-Unis et de ses alliés, qui ont commis des massacres à très grande échelle, et utilisé des armes nucléaires et chimiques, que ce soit au Vietnam (avec l’agent Orange), en Iraq, en ex-Yougoslavie, en Palestine, au Liban, en Libye (avec les armes à l’uranium appauvri, au phosphore, au napalm «amélioré»…). Le président Clinton a été inquiété dans son pays pour des délits sexuels, mais il ne sera jamais jugé pour l’assassinat de centaines de milliers d’Iraqiens (pas plus que son acolyte, le prix Nobel de la Paix, Al Gore). De même que Richard Nixon fût chassé pour des écoutes téléphoniques, et non pour ses crimes de guerre. En récompense des atrocités dont il était responsable au Vietnam ou au Chili, son secrétaire d’Etat Henry Kissinger avait lui-aussi reçu le Prix Nobel de la Paix! Ajoutons que les Etats-Unis ont refusé de ratifier le traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), afin d’éviter tout jugement à ses dirigeants politiques et militaires.
Les agences spécialisées de l’ONU sont pour la plupart tout aussi inefficaces et dévoyées. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), assujettie à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) par un accord de 1959, n’a pas le droit de reconnaître officiellement la nocivité de l’uranium appauvri, substance à la fois hautement chimiotoxique et radioactive utilisée dans toute la panoplie des armes depuis plus de vingt ans et de façon de plus en plus intensive. Le Programme des nations-unies pour l’environnement (PNUE) ignore ce très grave problème de pollution de l’environnement. Irréversible, il condamne les populations victimes des bombardements à vivre dans un environnement de plus en plus radioactif, et va induire la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes sur plusieurs siècles, et la destruction du génome… L’ONU s’en est-elle souciée ? En Iraq, plus de trois millions de personnes ont déjà été tués depuis vingt ans par les Etats-Unis et ses laquais. Mais on ne pourra jamais inclure parmi les victimes le nombre de morts différées dues à cette substance diabolique.
Certains traités, comme celui de non-prolifération nucléaire (TPN), sont instrumentalisés pour assurer la domination des uns, et menacer d’extermination les autres. Notons qu’Israël, qui posséderait aujourd’hui plus de troix-cents têtes nucléaires, a pu développer en toute illégalité son programme, sans avoir signé le traité de non-prolifération (à l’inverse de l’Iran) et sans que ses installations soient jamais inspectées. (Sans compter toutes les autres armes de destruction de masse qu’elle développe en secret). Cette situation n’a jamais été sanctionnée par l’Organisation censée garantir la Paix entre les nations… Pourtant cet état hors-la-loi ose menacer sans vergogne un pays voisin, l’Iran, d’annihilation.
La NR/ N’est-il pas temps de réformer cette Organisation qui, malheureusement, n’est plus en mesure de remplir la mission essentielle pour laquelle elle a été créée, c’est-à-dire garantir la paix ; alors qu’on en est arrivé au point où l’on mène des guerres d’agression en son nom ? Si oui, comment ?
Une réforme radicale de l’ONU s’impose pour la soustraire au contrôle des USA, mais c’est un voeux pieux. Il faut d’abord se poser la question: a-t-elle jamais garanti la paix? Sa mission a été dévoyée depuis le début de son existence. Elle a pour mission fondatrice la paix internationale, mais elle n’a jamais, à ma connaissance, empêché les guerres (Cf. Vietnam, Yougoslavie, Iraq… ). L’ONU n’a jamais été plus efficace que la Société des nations (SDN,) fondée après la guerre de 14-18, qu’elle a remplacée après la deuxième guerre mondiale.
Bien au contraire, elle a favorisé les guerres d’agression et les coups d’état menés par les Etats-Unis et ses laquais pour renverser des présidents élus démocratiquement – mais qui n’avaient pas l’heur de plaire aux gendarmes du monde -, et les remplacer par des dictateurs sanguinaires à leur botte.
Depuis 1945, et surtout depuis 1989 et 2001, les violations du droit international par les plus puissants se sont intensifiées à l’envi. Nombre de populations (pas seulement dans le Tiers-Monde) se voient privées de leurs droits fondamentaux (à l’alimentation, à la santé, à l’habitat, à la culture, au travail, à un environnement sain et à la liberté d’opinion), et peuvent être victimes d’agressions militaires si leurs ressources naturelles sont convoitées.
Qui pourrait se charger de réformer l’ONU? Ceux qui sont aux commandes aujourd’hui et qui ont dévoyé sa mission originelle à leur profit en bafouant en permanence sa Charte? Il s’agirait d’abord de faire respecter le droit international qu’elle a elle-même fondé! Il y aura certainement un replâtrage censé donner plus de représentativité aux pays du Sud émergents (Inde, Brésil…) au sein du conseil de sécurité, et permettant d’éviter les blocages comme celui qu’on connait actuellement pour la Syrie.
Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm, La Nouvelle République du 14 janvier 2012
C' est un fait avéré désormais, les Nations Unies sont bel et bien mortes en 2011 avec la guerre en Libye et le renversement du Colonel Kadhafi. La façade de la résolution 1973 établissant la "no-fly zone" au-dessus de la Libye n’avait dupé personne, malgré la propagande des médias occidentaux. Mais désormais, nul besoin de résolution de l’ONU pour lancer une offensive contre un pays souverain comme la Syrie : le Pentagone va prendre les choses en main, n’en déplaise à la Chine et à la Russie qui ont jusqu’ici retardé l’échéance en opposant leur véto lors des précédentes tentatives américaines au Conseil de sécurité, comme leur statut le leur permet. Ces règles internationales ne sont plus du goût du Prix Nobel de la Paix Barack Obama qui a donc demandé au Département de la Défense d’accélérer les choses, et d’envisager toutes les options "y compris militaires" pour renverser le régime syrien de Bachar al-Assad.
Témoignant devant le Comité du Sénat US mercredi dernier, les chefs civils et militaires du Pentagone ont confirmé qu’ils étaient en train d’élaborer les plans d’attaque de la Syrie sur demande de la Maison Blanche d’Obama.
Les déclarations du ministre de la Défense Leon Panetta et du chef d’état-major interarmes, le général Martin Dempsey, corroborent les preuves toujours plus nombreuses que Washington et ses alliés-clés européens, en collaboration avec l’aile droite des régimes d’Arabie Saoudite et du Qatar, sont en train de préparer une opération secrète visant à renverser le régime syrien.
Dans sa grande majorité, la couverture médiatique des auditions de mercredi s’est concentrée sur l’intervention empreinte de chauvinisme du sénateur McCain, l’ex-candidat républicain aux présidentielles. Il exige que les USA lancent des frappes aériennes contre la Syrie, pour aménager des « zones sécurisées » dans lesquelles les groupes armés soutenus par l’Occident pourront préparer des offensives militaires contre le gouvernement du président syrien Bachar al-Assad.
« Combien faudra-t-il encore de victimes civiles pour vous convaincre que les mesures militaires que nous proposons sont nécessaires pour en finir avec les massacres et pour forcer le Assad à quitter le pouvoir ? » a demandé McCain à Panetta.
Le secrétaire à la Défense a répondu en disant, « Nous ne sommes pas divisés là-dessus. » Il a précisé que le Pentagone « étudie actuellement toutes les étapes supplémentaires nécessaires qui peuvent être mises en œuvre » pour accélérer la chute du régime d’Assad, « y compris des options militaires, si nécessaire. »
Le Général Dempsey a prévenu qu’une intervention US en Syrie serait plus difficile que ne l’avait été la guerre de l’OTAN en Libye, car le pays est « très différent aux niveaux démographique et ethnique, et plus complexe au plan religieux. » Cela dit, il a assuré le Comité du Sénat que « si nous sommes appelés à défendre les intérêts US, nous serons prêts. » Le chef d’état-major a ajouté que les opérations militaires envisagées incluaient l’imposition d’une « no-fly zone », l’ouverture d’un « corridor humanitaire », un blocus naval des côtes syriennes et des frappes aériennes.
Panetta et Dempsey ont tous deux répété les déclarations faites la veille par le président Obama lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche, disant que ce serait une « erreur de lancer une attaque militaire de façon unilatérale. »
Pourtant, aucun d’entre eux n’a parlé de demander une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies qui autoriserait l’usage de la force militaire, comme condition préalable à une intervention militaire américaine en Syrie.
Un haut responsable du département de la Défense a clairement dit à CNN que l’Administration [Obama] ne considère pas une résolution de l’ONU – qui a jusqu’à maintenant été bloquée par la Russie et la Chine, tous deux opposant leur véto devant le Conseil de Sécurité – comme une chose indispensable. Le responsable a expliqué que « n’importe quelle forme de mandat d’une organisation locale » sera suffisante, ou toute alliance multilatérale soutenant l’intervention US, comme la « coalition de la volonté » que l’administration Bush avait rassemblée avant l’invasion de l’Irak.
Dans cette perspective, l’appui important est celui de la Turquie, qui accueille une conférence des « Amis de la Syrie » ce mois-ci. Même si elle s’oppose à une intervention militaire par toute force provenant « d’un pays étranger à la région, » la Turquie a appelé à la chute du régime d’Assad et a demandé à la Syrie de permettre l’ouverture de « couloirs pour l’aide humanitaire. »
De la même façon, les Nations Unies ont préparé un plan sur 90 jours pour gérer l’urgence et amener l’aide humanitaire aux civils syriens. Le département d’État US s’est empressé de soutenir ce plan, demandant l’accès immédiat, sécurisé et sans entraves à toutes les zones affectées [par les combats] en Syrie.
En réponse, le ministre des Affaires étrangères, Walid al-Muallem a déclaré que son gouvernement s’opposerait à toute intervention étrangère. L’établissement de « couloirs humanitaires signifie des couloirs militaires, » a-t-il affirmé. « Vous ne pouvez pas établir des couloirs humanitaires sans protection militaire. »
Durant sa déposition, il a été demandé à Leon Panetta si les USA fourniraient des « équipements de communication » aux groupes armés qui cherchent à renverser le gouvernement d’Assad. Panetta a répondu qu’il « préférait parler de cela en séance privée, » admettant que l’Administration Obama « étudiait un éventail d’assistances non létales. »
En réalité, de multiples rapports indiquent que le gouvernement US est allé bien plus loin que cela.
Dans un rapport paru mardi, le ministère des Affaires étrangères a cité certains hauts responsables du gouvernement qui confirmaient qu’une réunion des délégués du Comité au Conseil de sécurité nationale avait permis de valider le projet d’ « étendre l’engagement US auprès des militants syriens et de leur fournir tous les moyens pour [mieux] s’organiser. »
Un représentant officiel a dit au journal : « La politique des États-Unis consiste maintenant à aider l’opposition à renverser le régime Assad. Cela représente un changement significatif dans notre politique en Syrie. »
Ce fonctionnaire a ajouté que des mesures sont prises pour soutenir le comité militaire formé récemment par le Conseil National syrien, que Washington considère comme une marionnette plus fiable que l’Armée Syrienne Libre. « Nous reconnaissons qu’une assistance létale sera peut-être nécessaire, mais pas pour le moment, » a-t-il affirmé.
Cependant, un message révélé par Wikileaks parmi les documents internes de la société de renseignement états-unienne Stratfor indique qu’une telle "assistance létale" existe depuis plusieurs mois.
Le message, datant de décembre 2011, émane de Reva Bhalla, Directeur des analyses de Stratfor. Il rend compte d’une réunion avec des officiers du renseignement militaire du Pentagone, à laquelle assistaient également un officier britannique et un officier français. Ces officiers, éléments des groupes d’études stratégiques de l’armée de l’air états-unienne ont suggéré que « des équipes des Forces spéciales sont déjà sur place et se concentrent sur des missions de reconnaissance et d’entrainement des forces d’opposition. »
Ces officiers, d’après Bhalla, ont affirmé que l’objectif de ces équipes des forces spéciales était de « commettre des attaques de guérilla et des séries de meurtres pour briser le dos des forces alaouites et de provoquer leur implosion de l’intérieur. »
Le jour précédent la comparution de Panetta et Dempsey devant le comité sénatorial des Services de l’Armée, le général des marines James Mattis, chef du Centcom (commandement central états-unien) responsable de l’ensemble des forces états-uniennes au Moyen-Orient s’est adressé au même auditoire et a candidement fait l’aveu des objectifs US en Syrie.
« Si nous devions offrir des options, quelles qu’elles soient, pour accélérer la chute d’Assad, cela constituerait une grande source de préoccupation et de mécontentement pour Téhéran, » a attesté Mathis.
Désignant l’Iran comme « la menace la plus significative de la région, » Mattis a ajouté que « la chute d’Assad constituerait le pire revers stratégique de ces 20 dernières années pour l’Iran. »
Derrière les attitudes affichées de protection des civils en Syrie, les objectifs et les méthodes réels de l’impérialisme US commencent à apparaitre clairement. Ils consistent à mener une campagne terroriste en Syrie, en préparation d’une intervention militaire plus directe.
Ils cherchent à renverser Assad, non pas en vertu d’un quelconque intérêt pour la démocratie ou les droits de l’homme, mais plutôt pour faire progresser les intérêts US en affaiblissant l’Iran, allié de la Syrie, que Washington voit comme l’obstacle principal à sa tentative pour assoir sa domination sur les régions riches en pétrole que sont le Golfe Persique et l’Asie centrale. Ainsi, masquée derrière l’escalade croissante de l’intervention américaine en Syrie, se profile la préparation d’une guerre beaucoup plus vaste, aux conséquences globales.
Bill Van Auken
Article original en anglais : Pentagon prepares war plans for Syria, le 9 mars 2012.
Traduction STTC & GV pour ReOpenNews Article de Bill Van Auken publiés par Mondialisation.ca