Crise

Crise

 

Crise européenne, crise française, flagellation stupide et délirante, rupture de toute face avec ses racines, voici le monde qui s’avance, soubresaut de ses errances impitoyables, de ses oublis, de ses routes avides où le pouvoir rime avec les prébendes, les prévarications, l’égocentrisme le plus forcené avenant la reptation la plus insidieuse, la plus pernicieuse, celle de l’abandon de la réalité humaine, de l’identité humaine au profit d’un complexe qui ressemble à ne pas s’y tromper à un nid de fourmis, un nid imbu de ses déjections, nanti de ses imperfections portées aux nues au nom d’un réalisme politique prolifique en bassesse ! Dérision que ce fanion, laissant cracher chacun sur des valeurs inexpugnables qui ont permis de bâtir, de construire des civilisations !

Ce jour permet désormais d’anéantir, tel un fléau, toutes forces vives du vivant, l’esprit conquérant se dissipe au profit du statisme le plus inféodé, lieu d’attente se retournant sur un passé qui peut servir d’expérience mais en aucun cas bannir le devenir de l’humanité, et qui de se prosterner, et qui de s’avilir, et qui de renier son passé, et qui de cracher sur son histoire, cette histoire qui a fait le peuple que nous sommes, ce peuple qui aujourd’hui est vilipendé par ceux-là mêmes pour lesquels tant de ses membres sont morts, afin de servir cette idée magnifique de la fraternité !

Voix oubliées devant les voix du sarcasme, les voix des désirs d’obtenir sans ne jamais rien faire, sans surtout se donner la moindre peine de construire, voix mendiantes s’il en fût que supporte notre peuple, portées à bout de bras par notre économie en faillite et qu’il faudrait voir disparaître au nom d’un devoir de mémoire, qui certes est légitime, mais ne peut en aucun cas constituer un apanage pour quiconque ! Devrions-nous demander à Rome des dommages et intérêts pour le comportement de César pendant la guerre des Gaules qui en préambule fit passer cent mille Gaulois, hommes, femmes, enfants, vieillards, au fil de l’épée lors de sa première conquête, et bien entendu une "repentance accouplée" ! Dérision des dérisions ! Qu’il soit dit que le monde n’attend pas, que la vie n’attend pas, et que le statisme, perversion de la raison, entraîne inéluctablement l’appauvrissement puis la désintégration d’un système quel qu’il soit !

Ainsi continuons et ce qui devra arriver arrivera, la disparition même de notre Peuple, au profit d’un tableau informe où la loi sera celle des meutes, loi nous entraînant vers la survie, et nous mutant au cœur du paupérisme tant économique qu’intellectuel le plus abrasif ! Nous sommes loin des routes menant vers l’Universalité et n’en déplaise aux prétendants, des voies du mondialisme ! Pouvons-nous rétablir cette situation ? Oui, et de deux façons antinomiques, en aggravant le fléau et en construisant sur un sol solide, celui des êtres humains, respectueux de leur identité, en permettant tout simplement aux prédateurs et aux hurleurs de se dévorer entre eux, parabole s’il en fut de toute chute des civilisations, annonçant la naissance d’une nouvelle civilisation sur les ruines de la précédente !

Mais me dira-t-on dans cette invariance de la chute comment construire ? Et je répondrai en restant debout, debout au milieu de ces ruines qui s’avancent, imperturbable gardien de la pensée la plus noble, gardien de l’épopée humaine, de la multiplicité des histoires humaines, de ces pierres qui imbriquées les unes les autres permettent ce jour de voir le monde dans son Unité, de voir l’espace accessible, vision qui ne saurait s’entacher de sols infertiles et compromis, l’histoire ne se fondant sur des parjures mais sur la volonté inaltérable des êtres humains qui la fondent et l’ouvrent sur l’avenir, cet avenir dont chacun doit être veilleur au-delà des gesticulations des meutes de hurleurs qui en face de l’humanité qui s’avance, imperturbablement, ne seront à la face de l’histoire qu’ils veulent recomposer, que des épiphénomènes sans lendemain, leur potentiel de construction se révélant totalement obéré par leur moteur émotionnel et pulsionnel ! Donc voués à la disparition comme l’ombre devant le Soleil invincible…

© Vincent Thierry