Suicides et Sociétés
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- Catégorie : Civilisations
Suicides et Sociétés
À l’heure du développement durable où les Sociétés doivent prendre en compte l’Humain dans l’équation dudit développement, on assiste à une épidémie de suicide qui n’est pas comptabilisée à ce jour ni dans les entreprises, ni par l’État. Les médias ont révélé, et pour une fois ils font bien leur travail qui doit être dédié à l’Humain, que des cadres techniques se sont suicidés dans deux sociétés importantes, transnationales, et se sont émus. Il convient de ne pas laisser là cette émotion mais de la pousser dans ses retranchements par analyse des causes réelles de mortalité dans toutes les entreprises.
La surprise serait grande, j’en suis certain. En cause non seulement les impératifs d’une économie lovée sur elle-même, mais un art de diriger qui s’est lentement détruit pour ne plus laisser trace qu’à celui de l’apparence, une apparence faites de mépris et d’arrogance qui trouve ses arcanes dans un ego démesuré, centralisateur et obéré que l’on retrouve comme une constante aujourd’hui dans presque chaque société tant de production que de services. Cette écume tribale née dans des écoles vouées à l’abstraction du vivant, devrait faire réfléchir les créateurs d’entreprises, les capitaines d’industrie, les dirigeants légitimes des sociétés sur le comportement de l’encadrement existant.
Or un pourcentage à définir d’Êtres Humains qui ont un rôle d’encadrement, on trouve désormais une horde particulièrement houleuse d’êtres qui n’ont rien d’humain, bien au contraire, qui encadrent dans l’irrespect permanent de la personne Humaine, de ses qualités, de ses compétences, chaque employé étant considéré comme un rouage nécessaire à la mesure de leur déploiement, kleenex jetable à souhait lorsqu’il ne donne pas satisfaction dans l’axe, non pas de la politique d’entreprise, mais de leur politique personnelle qui n’a d’autre devenir que celui d’un arrivisme forcené.
Cette réalité que l’on cache à souhait, donne comme résultat ces suicides dont enfin on nous parle. Le mépris de la personne Humaine, de sa technicité, de son déploiement, de ses vertus, par une hiérarchie basée non sur le savoir, mais sur des théories nées aux États-Unis qui ont été bannies dans ce pays depuis deux décennies, voulant voir le management comme la science exacte du développement économique, alors qu’il n’en est qu’un rouage, nous fait arriver à cette situation particulièrement troublante où le technicien devient le serviteur du manager, alors que le manager devrait bien au contraire s’allier au technicien pour développer la branche qu’il a devoir de construire et non de détruire.
Comment imaginer des Ingénieurs issus de grandes écoles, ayant voué leur vie à la construction, au nom d’un management basée sur une conception absurde du vivant, puisse projeter dans l’avenir cette créativité qui sera toujours vouée à l’échec car jugulée par un management qui ne poursuit sa route qu’en fonction de son « moi » arbitraire, devant lequel tout le monde doit obtempérer, situation manichéenne par excellence ! Dire oui et se taire, car le pouvoir appartient au management, et le management est dissocié de la technique, cette dernière n’ayant droit d’exister qu’en raison du service qu’elle peut rendre au management et non l’inverse !
Cette situation mène inévitablement au conflit, surtout si on prend en compte les motivations personnelles du management qui ne prend pas en compte la politique de la Société, mais pour des raisons de sensibilité, de « copinage », d’appartenance, de liaisons, provoque la destruction de ce que construit le technicien. Sachant que le technicien n’est plus rien dans ce duopole, il n’a d’autre choix que de se taire et subir, et dans ses extrémités disparaître moralement et malheureusement physiquement !
Le scandale est là, il n’est nulle part ailleurs. Au regard de cette réalité, il y a là toute une réforme à faire de l’encadrement. Humaniser le management doit être une priorité. On ne peut concevoir dans une équipe un manager ne s’intéressant qu’à sa carrière personnelle et en aucun cas au développement des employés qu’il a sous ses ordres. Cette caricature malheureusement est bien vivante sur notre sol, elle est la source de l’affaiblissement de nos sociétés industrielles et de services. Il ne peut y avoir élan que lorsque l’élan est moteur, il ne peut y avoir dynamisme que lorsque l’exemple est donné de ce dynamisme, et lorsque le vivant est intégré à la fonction, et non la fonction intégrée au vivant.
L’humiliation, l’intolérance, l’avilissement, le harcèlement moral, doivent disparaître du vocabulaire du management. Comment suivre un capitaine en dehors des tranchées s’il n’est pas témoignage d’humanité ? Vous ne verrez jamais une section suivre aveuglément ce capitaine s’il n’inspire la confiance, la détermination, l’intrépidité, mais surtout l’humanité !
À l’heure du développement durable cette caste de l’apparence et de la déshumanisation doit disparaître si on veut voir notre industrie et nos services aller de l’avant et ne pas perdre la motivation constructive, issue de la technicité, dans un dérèglement menant droit à la catastrophe. Catastrophe signée par ces suicides que l’on aurait pu éviter si seulement les dirigeants des sociétés savaient regarder au cœur de leur entreprise ce qui se passe réellement au niveau humain, ce qu’ils devront faire s’ils veulent perdurer dans le cadre du modèle économique mondialiste qui se met en place !