Ambre du silence

Ambre du silence

 

Ambre du silence et de la pluie, sentes des rives de ce temps, voici des signes qui constellent l’horizon, ses voies en nombre et dans le chant, comme une farandole brisée, une ronde assiégée, un serment malmené, voici dans l’exact moment chamarré le flux ordinaire du vivant, latitude de l’attitude improvisée, actrice de sa perception et non de l’être en son hymne, gravure disgracieuse des états seconds qui se génèrent pour initier ce préambule du regard, vide, abstrait, empreint de surfaces médiatisées, oniriques, distillant des ferments sacrés les ersatz d’ébauches liminaires, corrompues par l’ombre et la pénombre conjointes qui s’animent.

Ces abysses lamentés où la voix étouffe, déjà ne se rebelle, digérée qu’elle est par la volition nauséeuse de l’atrophie gourmande qui liquéfie toute mesure de déploiement afin d’en restreindre et l’argumentation et le devenir, hissant aux abysses la vision pour la noyer dans la perfidie du mensonge et le despotisme de la veulerie, cette lâcheté induite qui fornique avec la peur et la terreur accouplées à l’ignorance, trames du vivant en ses ordonnances ses pulsions, ses votives affirmations, ses incarnations putrides, ses reniements, ses flagellations, toutes routes opiacées des étreintes ornementales de publicités langoureuses, symboliques, réduisant l’humain à ce chien de Pavlov se masturbant sur le pantalon de son maître.

Stérile incantation, libérant la mémoire de sa réalité composée, pour désigner l’abstraction totale, la nucléarisation bestiale, permettant le sacre de l’esclave roi, consentant, acceptant, quémandant, soumis, passif, répétitif, inconscient, stigmates générés par les utopies magnifiées, ces utopies de la servilité façonnant la désintégration du vivant, utopies nées de l’atrophie et de ses écrins, ces non humains qui fabriquent l’ignorance pour se protéger de leur impuissance à vivre, bâtir, créer, ici, là, présent en chaque face de ces systèmes qu’ils érigent sur le vide et qui retourneront au vide, car sans contenant, car sans contenu, sinon des larves mammifères avides de ce qui n’est pas la vie mais la superficialité de la vie, le paraître, cette ornementation factice témoignant du vide intérieur, affligeant.

Permettant d’instaurer ce carcan de fer dans lequel s’ébroue la sauvagerie triomphante de chiens de guerre dressés pour ramener vers le cœur de ce néant les anomiques de tout bord, sous le regard compassé des larves de ce lieu en adoration devant le maître et non l’humain, en adoration devant le meurtrier et l’assassin et non les victimes, en adoration devant le fouet et non l’harmonie, masochistes nés et construits pour faire prospérer la cour des miracles de pouvoirs sans consistance, miasmes délétères des impavides préoccupations de l’éphémère, dans le vide aspirant au vide, concaténation de l’hybride imperfection jonchée par les gravois du mimétisme, face incongrue du système, bulle molle s’étonnant de son mirage, de la constellation drapée d’étonnants atavismes feutrés, noyés dans les concepts brumeux de mélanges insipides, convoités par la déréliction, l’inconsistance, vertus d’une implosion à venir dont le firmament laissera gravé dans la pierre l’hédonisme perméable, la gratuité folle et perverse de l’outrance, la dégénérescence programmée, l’indigence annoncée.

Scories plénipotentiaires de la déshumanisation servile et accomplie, écueil dépassé, écueil transcendé délivré par ce cri de Vivre qui s’affermit, lentement mais sûrement déroule ses florales avenues afin d’éteindre l’incendie qui gravite les surfaces, mêle et entremêle toutes faces de l’humain, toutes cultures, tout avenir dans une mare putride et belliqueuse en laquelle se noient les vivants aveugles, flores égarées contraintes à disparaître dans un métissage chargé de destruction telle qu’il n’en existe aucune tant dans le règne minéral que dans le règne de la faune, œuvre de mort s’il en fut de plus exacerbée témoignée par les prêtres officiants de cette lagune hystérique, de Thanatos  dithyrambes, de Thanatos comblé par le mensonge et le servage, de Thanatos par l’avortement et l’euthanasie légalisés, de Thanatos toujours en chaque respire, clameur des pouvoirs qui s’abritent sous son aile, divinité précieuse pour les rapaces conquérants qui n’instillent aucune autre forme de message afin de conquérir sans peine la demeure d’autrui, cette demeure en voie de reconquête, par la Vie, pour la Vie et en la Vie, Voie souveraine de toutes celles et ceux qui se tiennent debout au milieu des ruines des civilisations multimillénaires et contemplent avec dégoût le vomitoire étronique qui cherche à les supplanter pour imposer sa loi de mort, en lequel les gouvernances s’auto congratulent, s’auto élisent, dans une masturbation conjointe naissant cette pluie de silence en laquelle somnolent les humains qui bientôt se réveilleront pour enfin terrasser ce règne ignoble et contre-nature qui se tortille comme un serpent afin de mieux hypnotiser l’Humanité !

© Vincent Thierry