Maryline Monroe

 Maryline Monroe

 

On ne parle plus de personne Humaine, on parle d’icône, non-sens au sens de l’identité qui se trouve ici broyée par le mercantilisme le plus dévorant. Date anniversaire du décès de Maryline Monroe, quarante-sept ans après sa disparition, au regard de sa Vie, nous pouvons mesurer l’ampleur de ce broyage dont elle fut la victime innocente. Maryline, née dans un milieu où le paupérisme côtoyait l’insondable délire du m’as-tu-vu officié par les arlequins de cette machine à détruire que représente l’exploitation cinématographique, Maryline issue d’un foyer brisé, sans repères essentiels, sans famille dirons-nous, ce pilier de nos sociétés, se retrouve face au désir de devenir une star, enhardie par la jalousie d’une mère qui n’a d’autres soucis que l’apparaître. Son chemin est tracé dans ce Hollywood marqué par l’étalage, la suprématie ethnique, la dénature frivole, où les êtres humains ne comptent que comme rapport financier.

Et si quelques actrices comme quelques acteurs sortent leurs épingles du jeu, c’est que leur notoriété ne peut être remise en question, le reste se couche, se love, se congratule dans un fumier d’après-guerre qui ne laisse que peu de place à la beauté, au romantisme, au rêve. On est très loin du cinéma d’avant-guerre où un certain respect dominait, ici on parle de Chiffre et non d’art, et les roturiers de la prébende y ont fait leur nid, ramenant tout à leur devise, exploitant sans vergogne les espoirs, les transformant la plupart du temps en désespoir. C’est dans cet univers de cannibale assoiffé de puissance et d’orgie qu’apparaît cet Être frêle, magnifique dans sa densité existentielle, qui va devenir le symbole du pouvoir de destruction de cette jungle répugnante qui se gargarise de sa prouesse à détruire ce qui n’est pas de leur caste, de leur prétention et de leur souci de domination.

Maryline se laisse prendre au piège, et comment pourrait-il en être autrement, le bling bling, le paraître roi, s’étalant devant ses yeux, elle qui est souche de pauvreté a envie d’en bénéficier, mais à quel prix ? Elle vient du ruisseau, et n’a pas les moyens de s’élever de sa condition, et ne faisant pas partie du cercle des vénalités qui s’autocongratulent, ne peut demander à quiconque de l’aider, la voici donc mesure de ces premières photos comme de ces premiers films hissée vers le temple profanateur de la pornographie. Maryline, dans ce milieu de la dépravation convenue qui rapporte aux aigrefins de cette finance qui vit sur l’exploitation primitive, découvre un chemin terrible, celui de la suffisance, de la traite de ce qui n’appartient pas aux communautés, cette traite abominable des sentiments, cette traite ignoble de la chair, cette traite du vivant par l’écume de la plaie de l’asservissement et de son corollaire le profit.

Le cycle infernal commence, ce cycle de la dépravation où personne ne l’écoute, personne ne l’entend, personne ne s’intéresse à sa vie sinon que pour profiter de sa plastique qui résiste, cette plastique formidable qui lui servira de paravent dans ce monde où la domesticité ne s’invente pas mais s’encourage. Premier rôle, première chance, première ovation, de Femme elle devient objet, un objet de perversité pour toute la décadence morale qui s’agite autour d’elle, cette décadence née de cette pauvreté d’esprit, de cette errance qui réjouissent la laideur et ses abjections. Maryline est sur le piédestal de cette suffisance, de cette morgue, et dans les apparences est comblée, mais là s’arrête cette infection : l’apparence, cette vision d’autrui qui n’arrive même pas à la consoler de ce trompe-l’œil dans lequel elle végète, alors qu’elle cherche à devenir, à se construire.

Personne ne lui laissera cette chance, elle doit obéir pour réussir à cette loi non écrite, non inscrite, des fauves qui régissent contrats et permissions de jouer des rôles, dans ces coucheries factices qui sont le régal de la purulence qui s’imagine dominer, alors qu’elle n’est qu’expression de la larve bestiale qui sommeille en sa déraison. Maryline suit le jeu, imperturbable, prenant sur elle d’accroire, dans la mie mesure qui la configure, non plus seulement comme objet, mais simplement laissé pour compte par la déraison et ses liens, les abjections qui pullulent de par ce monde naviguant ses liaisons fractales, devises enrubannées du toc, d’une préciosité en prévarication, de ces œuvres délétères qui unissent et la médiocrité et la bêtise. Ainsi, alors que s’enseignent les nauséeuses aperceptions, ces croyances reptiliennes, ces parcours en détresse, là, ici, dans les confluents des pouvoirs qui se combattent, des empires monétaires qui battent des pavillons lointains, cherchant à dominer par une puissance d’apparat, non pour engendrer la beauté, mais pour la mystifier, ainsi dans cette rive sans honneur, dans cette diatribe du commerce qui s’autorise.

Maryline est dans ce feu, et se brûle par ce feu. Que lui reste-t-il d’elle-même, brassée comme un météore, dévorée par cette face qui la témoigne, une image. Une image consternante de beauté au milieu de toute cette dérive d’égouts où se pressent les coordonnées de la débauche, ces fallacieux outrecuidants qui s’imaginent avoir un semblant de créativité alors qu’ils ne sont que les suppôts de la destruction de la création, noyant dans le sordide tout ce qu’ils touchent, tout ce qu’ils vivent, et dont chacun devrait admirer l’autorité de nain vagissant. Ici le lieu, ici le temps et chacun se presse à son image, dans le sublime de mariages ignominieux qui n’ont d’autres demeures que de la voir prospérer dans la bassesse et ses orgies délétères, mesures de la décadence qui inspire le respect par les tenants et les aboutissants qui inscrivent leurs noms dans le déshonneur qui les mystifie au regard de l’absolue hiérarchie du pourrissement d’un Être Humain pour lequel ils n’ont aucun respect, rien, sinon celui de la prendre et encore dans des conditions purulentes.

La nuit tombe dans ce deuil d’elle-même, et les prévaricateurs contemplent leur œuvre soumise, une image, une image bestiale qu’ils droguent de toutes les mesures de leurs concerts pour qu’elle apparaisse encore et encore comme leur jouet, leur fétiche, leur carpette, la pourriture est à l’œuvre, une singerie démente qu’on laisse faire sans prendre conscience que derrière cette loque devenue existe un Être qui ne demande qu’à sourire au jour, un Être qui n’a pas demandé à servir de charnier à cette bestialité autorisée qui se complaît, un Être lumineux qui doit se ternir dans l’ombre, se lover dans la nuit afin de s’accoupler aux paradis artificiels qui sont les rameaux de la perversité qui s’enchante par toutes faces dans cette deuxième moitié de siècle, où l’honneur n’existe plus pour les parvenus en tout genre qui exercent leur fatuité sur des contes pour enfants, ces besogneux de la destruction qui hurlent après elle, scandent pour leurs besoins la luxure dont ils veulent qu’elle fasse état, dramatique perversité voyant un metteur en scène la vouloir pute et la traiter de pute sans aucune considération de sa dignité, de son éloquence, toujours remise en question, car enfin qu’a-t-elle besoin de parler ?

Génération de la honte que cette méprise qui grouille comme un amas de vers dans ce territoire hier dédié à la beauté du cinéma, génération sacrilège qui détruit pour le plaisir de détruire, génération hideuse portant en ses ramures sa propre destruction, car l’Humain en face de cette mare fétide se rend bien compte qu’il y a là la marque d’un sacrilège envers l’Humain ! Victime expiatoire de cette ellipse de l’intelligence ? Maryline le fut à tout point de vue, ballottée en tous sens par la crétinisation de l’esprit, sans pouvoir se dérober sinon que dans cette appartenance à elle-même que personne ne peut entacher, sa beauté merveilleuse consacrée par la photographie. Confinée, sans paroles, muette par la désignation de l’autarcie régnante, elle fulgure ce rêve de l’Être Humain en chacun de ses sourires, témoignant par-delà la pourriture qui l’environne de cette rédemption extraordinaire que chaque Être peut dans l’épreuve naître en lui-même.

Et se retournant sur elle-même, inscrit dans son geste fatidique, qu’il fut aidé ou non, la gloire de son nom au-delà de la mesure et des menstrues des abîmes glauques qui ne cherchaient qu’à en user, en abuser, viol collectif des moires aisances qui n’ont d’autres desseins que de détruire la beauté pour hisser au pavois de leur sécurité leur laideur et leurs atours ! Que l’on ne s’y trompe, Maryline fut une martyre de ce temple du veau d’or où s’accouplent la prosternation communautariste et la destruction sans voiles de tout ce qui n’y appartient pas. Un communautarisme basé sur la violence et le sacrifice des autres, pour le profit d’une nuée de parasites les uns les autres obviant le réel pour cristalliser le virtuel afin de mieux effacer le témoignage constant de leurs destructions impassibles, actrices et acteurs consommés comme de vulgaires friandises, chairs à canon de cette ignominie sans fin qui ne reconnaît la valeur non pas dans la prouesse du caractère, non pas dans la prouesse créative, non pas dans la prouesse de l’intelligence, mais dans la seule prouesse sexuelle, l’Être se résumant ainsi à un sexe et en aucun cas à un Être Humain.

On pourra développer ainsi pendant des milliers de pages sur l’agonie vivante que fut Maryline Monroe sur l’autel de la dépravation où elle fut conviée, choyée, pour le seul reflet de l’or qu’elle rapportait, jusqu’à sa mort advenue, presque initiée, presque programmée par la laideur qui ne recherchait en elle que sa destruction, tant la beauté est fatale à la monstruosité. Maryline est partie, son image a disparu pour ne laisser place qu’à cette beauté qui transcendée par l’Amour aurait pu accomplir sa régénérescence, mais l’Amour en ce lieu où elle fut n’existait pas, il n’était que vaste fumisterie d'empreinte que même un adolescent sensé n’oserait pas initier, si ses convictions Humaines ne sont pas létales comme l’étaient celles qui régnaient sur ce temple de la destruction que fut Hollywood en ce temps-là.

Que l’on ne se trompe, le ver est toujours dans le fruit et continu à sévir comme jamais il n’a sévi dans tous les domaines du Cinéma, de la Télévision, de la culture, dictature contre laquelle ne s’élèvent que peu de voix, tant l’ignorance des faits et les prébendes monétaires ou sexuelles éconduisent la volition au silence. Maryline n’est plus là, mais son nom est toujours présent, symbole d’une abnégation qu’il faut éconduire, ce massacre des innocents qui servent à faire tintinnabuler des deniers dans les poches des maquereaux de l’Art, qui n’ont d’autres buts que d’asservir et détruire pour le seul petit plaisir régalien de leur atrophie à être.

Victime expiatoire, Maryline, symbole de la beauté Occidentale ne pouvait que disparaître aux yeux de la bestialité par la bestialité afin de convaincre les éblouis de la lâcheté du peu de cas que l’on peut faire de la personne Humaine, surtout en son genre et son Identité. Que l’on ne se trompe il n’y a pas d’aveugles ce jour, et l’avilissement de Maryline par ceux et celles qui l’ont détruit apparaît désormais dans sa plénitude. Son martyre n’aura pas été vain, elle aura prévenu les générations futures de l’ineptie et de l’outrecuidance des castes dévoyées qui s’arrogent un droit qu’ils ne possèdent pas, celui de la création, un droit qu’ils possèdent, celui de la destruction, et l’on ne peut être aujourd’hui qu’heureux de voir toute une jeunesse se déployer en dehors de leurs aires sordides afin de faire valoir leur imagination, leur créativité, qui ne pourra jamais leur être volée, et encore moins dégradée par la bassesse des inaptes à la création.

Merci Maryline d’avoir ouvert les yeux à toutes ces générations qui illuminent de leurs feux, en dehors des pourrissoirs institutionnalisés la grandeur du Cinéma, de la Photographie, de l’Art en général, de ces cultures, qui n’existent plus dans le carcan des aberrations qui se veulent monarques du droit de s’exprimer, unités économiques de l’abêtissement et de la servilité, de l’ignorance et de l’acculturation.

Que ton Âme repose en Paix dans cette éternité d’où ta beauté d’Être Humain à qui l’on n’a jamais laissé la parole, s’exprime aujourd’hui pour nous conter que vanité et atrophie ne sont que les refrains du sordide comme du mercantile qu’il faut outrepasser afin d’initier sa créativité.

Merci Maryline.

© Vincent Thierry