Rives renouvelées
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- Catégorie : Philosophie
Rives renouvelées
Rives antiques aux portuaires affluents, amazones de briques fauves, guerriers de lys bronze, sages en tuniques d’algues ivoirines, visiteurs illustres des féeries des vagues qui, lancinantes, vont et viennent les flancs d’or des granits assoiffés, temples en semis aux parousies nuptiales délivrant dans la fraîcheur adventice des îles du matin le message de la clarté charnelle, adulée aux caresses tendres d’une éloquence vive, armoiries enceintes de la perception azurée.
Là où se tient le lieu naviguant et navigable, que la légèreté des stances enseigne, hybride des humeurs comme des rumeurs qui se perdent, plus loin encore, dans un écho stigmatisant, redorant ses florales jouvences, acclimatant puis disparaissant dans l’étoffe du soir où s’abreuvent les oiseaux lyres aux yeux de cristal.
Dessein du règne, de celui de la splendeur qui ne se veut dantesque, mais tout simplement guide, libre du vent, libre du chant, car comprenant et le chant et le vent, renommée des cils qui ne s’absentent, renommée de l’éclair qui ne tarit mais illumine ce vaste monde, afin d’estomper les naufrages, les clameurs malhabiles des discours enceints perpétuant l’immobilisme, ce statisme de la raison défiant l’imagination.
Voie sans noblesse apportant ses hymnes délétères dont les vagues sont confusions, toutes de la force qui enchaîne, toutes de la démesure de la vague qui opacifie, enivrant les rivages des scories de ce temps, vague dont les combattants ne connaissent que trop les surplis d’arrogance, les méandres de leurs feux déployant par-delà les métaux précieux la gangue violente de la destruction et de ses affinités.
Vague à combattre sans répit aux fronts d’or qui se meuvent, vague déchaînée s’amenuisant jusqu’à disparaître devant la volonté de dépasser ses carcans nuisibles, vague sans ressac devant la volition qui témoigne, impassible, évanescent les velléités, les songes creux animant les envies, les désirs, ces routes ne menant qu’à la possession du statisme, sculpture immense du non-dit, du non fait, de l’impermanence et ses refuges, monument déchu regardant le saphir ruisseler une eau vive qu’il ne peut atteindre, cette eau nuptiale couronnant l’harmonie non en sa nécessité, non en son apprentissage, mais dans sa singularité propre.
Désinence d’un état souverain que rien ne peut atteindre, que rien ne peut détruire, car opérateur de l’immanence comme de la transcendance, éclosion et merveille, dans la compatibilité même, dont le pouvoir balaie la vague inutile, ses remous infertiles, ses coordonnées faillibles, lentement mais sûrement, lézardant le tissu de stuc du monument précité.
Friable structure ne pouvant résister devant la force calme et impériale de cette génération harmonieuse dont le sillon trouve sa plénitude dans le cœur de chaque correspondance vivante, là, plus loin, toujours renouvelée, malgré les assauts de l’imperfection, les stances assoiffées, les endémiques pâleurs des vides en troupeaux,.
Toutes clameurs qui se sursoient devant la profondeur de l’hymne qui s’épanche, multiplié à l’infini car fractal en sa vêture exposée, œuvre se libérant par-delà le temps comme l’espace, cette configuration bidimensionnelle sans réalité face à sa vision géométrique composée, enfantement du vœu, celui de la mise en œuvre de l’harmonie souveraine de toutes faces par toutes faces en toutes faces, car essence de la Vie à la force gravitante et perfectible…
© Vincent Thierry