Systémique de la Voie
- Détails
- Catégorie : Philosophie
Systémique de la Voie
Le système s’effondre, quoi de plus normal ? La Voie est détournée, la Voie prend mesure et devant le nanisme de l’évolution qualitative Humaine provoque une contraction dimensionnelle, sans précédent. Comment pourrait-il en être autrement ? Sur le chemin de l’évolution, il n’y a pas de place pour la régression, l’anéantissement, la viviparité mentale, l’obstruction, le réductionnisme, la perversité comportementale, l’abdication et le reniement.
Ajurna trouve ici son principe éclatant, renouvelé, participe de ce choix que la raison évoque, participe de cette émotion qui ne s’oublie, confrontation entre deux rives, l’une permettant au flot de passer librement, l’autre jugulant le flot, permanence des symptômes qui depuis des centaines de millier de millénaires préoccupent les Êtres Humains qui, lorsqu’ils oublient leur devenir qualitatif s’enfoncent dans le chaos, feed-back que la Nécessité conjoint afin de ne laisser scorie l’évolution qualitative de la Vie en un seul lieu, en un seul temps de sa raison d’être qui n’est autre que la régénérescence de l’Absolu.
On le voit la nature ou nécessité en ce degré temporel où nous sommes représentants de la Vie formelle, en ses droits et dans ses actions, se détermine afin d’œuvrer la désintégration de ce qui n’est pas réalité mais virtualité condescendante, en l’occurrence inverse un cycle afin qu’il s’autodétruise, pour permettre l’éclosion d’un nouveau cycle qui en son ordonnance, facteur d’adéquation entre la nécessité immanente, la Voie, et la nécessité transcendante, le pouvoir d’action de l’Être Humain, permette le dépassement de la virtualité, totalement sidaïque, que l’on connaît dans ces jours noirs de l’Humanité.
Ainsi se retrouve à nouveau le concept de la Baghavâd Gîtâ, en son fil tisserand où l’on voit ce prince en conflit avec la moitié de sa famille devoir se décider à prendre des mesures de clarification. Clarification de la Voie dans sa consubstantialité, clarification majeure dont l’ignorance mène sur ce chemin désertique dans lequel nous survivons. Rappelons qu’Ajurna, en maïeutique de cette clarification se retrouve désespéré, lui qui est naturellement en et par la Voie, et qui se trouve, toujours aussi naturellement devant ce dilemme effroyable, de se voir dans l’obligation de livrer et porter la guerre à cette partie de l’humanité qui en faillite de la Voie, ne peut continuer à être un frein à l’Évolution qualitative de son incarnat.
La mesure en ce lieu comme en notre temps est moins vindicative, car non binaire, mais géométrique par excellence. Ainsi la lutte ne se résume à un affrontement physique, mais à un affrontement non seulement moral, mais culturel, spirituel, affrontement dantesque des Esprits qui triompheront soit pour l’autodestruction de tout ce qui est, soit pour la construction de tout ce qui est. Il y a parade dans la vision sphérique des éléments circonstanciés qui se déchaînent, par les fluctuations intégrées et intégrantes en chaque champ d’action, et par-delà ces fluctuations, au regard des rémanences formelles civilisatrices, le maître jeu d’une ordonnance intégrante.
Conscience, ce rameau vert est lieu et par-delà le temps se tient, généreux, conjugué, matrice du vivant, qui fonde la destinée, matrice souveraine dont le déploiement contrarié se replie sur lui-même afin de se libérer des scories qui l’agitent et l’appauvrissent. Témoignage s’il en fut de ces contractions dimensionnelles qui sont nécessaires, telle celle que nous traversons qui en est le symbole le plus approprié à notre perception, car nous la vivons, l’orientons, la déclinons d’une manière où de l’autre, par notre réalité.
Ce repliement précité trouve nidation en notre lieu, dans la théurgie des valeurs inverses qui y prédominent. Nous sommes et nous le voyons bien ici, en guerre contre nous-mêmes, pour le bonheur éphémère de l’illusion, ce temple de la féodalité qui marque les esprits, enfante le reniement, dénature les circonstances afin d’ignorer la réalité et laisser apparaître la virtualité. Virtualité profonde, égarée elle-même dans sa préhension des phénomènes qui régissent ses apprentissages, ses conjonctions, ses similitudes, toutes forces qui sont phasmes de son ignorante perception.
Ainsi dans la dramaturgie l’évanescence, thématique houleuse dont les flots portent tous les outrages, toutes les perversions, tous les reniements, ancrés dans l’aveuglement général, torpeur de l’immondice, de cette vassalité particulièrement outrageante réduisant l’être Humain à ce non-esprit, cette non-âme, ce non-corps, qui brisés les uns les autres, les uns aux autres s’abandonnent dans une léthargie dominatrice.
Expression d’un vide consommé appelant à encore plus de vide, voyage incommensurable vers le non-être qui détermine toute volition individuelle comme collective, engendrant ce naufrage volontaire où l’avortement, l’euthanasie des corps, l’anéantissement culturel des peuples, la soumission spirituelle des âmes à l’erreur matricielle, coordonnent toutes actions de la destruction en marche.
Le fléau est immense, bouleversant tout sur son passage, les valeurs comme l’esthétique humaine, dévoiement forcené alimentant les arts du sordide, les lois du totalitarisme, les politiques de la dérision, amenuisement spontané tant dans la fonction comme l’organisation, laissant place à ce désert insipide en lequel se vautrent nos contemporains, ignares généreux de leur propre autodestruction acclamée, ignares pompeux de la défécation portée déification de l’accroire pavlovien qui les mute dans une stérilité dont l’orgueil démesuré vampirise toutes souches de la société.
Éponge sans fond explosant des ruisseaux qui gémissent leur importance dont l’inutilité est tellement provocante qu’on ne peut que les saluer au passage, car de l’art du vide épanouissement du parasitisme qui devient caducée de toutes définitions d’être.
Faste de cette écume charriée tel le dégazage à la sauvette de navires sous pavillons complaisants, le système s’initie à cette dérision, et des limbes sans mystères naît cette invariance qu’on nomme l’indéfinitude, indéfinitude matricielle permettant à chacun de n’être plus un mais un tout indifférencié, qui telle une masse perdue dans l’espace, tourne autour d’elle-même, vivipare, glauque, écœurante de miasmes, splendeur de ses écheveaux bruissant la perméabilité de l’incohérence, cette fonction déifiée par les saturnales aux commandes qui s’imaginent maîtres alors qu’ils ne sont eux-mêmes qu’esclaves, esclaves alarmés et en larmes devant la portée frénétique des sorts qui les conjoignent, dans ce jeu stupide qui les enfante et les lient aux abîmes.
Ce jeu de l’errance, de l’incroyable devise de leur incapacité à vivre qu’ils voudraient voir communion de tout être par cette sphère. Autisme du pouvoir livré à lui-même, sans contre-pouvoir pour tempérer les folies qui l’animent, ces bestialités qui voudraient fonder le devenir, alors que prononcées, déjà elles le dérivent pour l’ordonner dans la villégiature d’un marais où se perd chaque écrin, chaque force, chaque désinence, au profit d’un désert sans nom, celui de l’incapacité.
Celui de la négation, celui du vide emplie de cette nauséeuse imperfection, déjà dans la profusion de ses scories, alimentée par la vitesse, à laquelle s’agglutinent ses sédiments, explosant afin de perdre la moisissure temporelle qu’elles incarnent.
Image même de ce système qui se glorifie, s’autopénètre, se réjouit de sa propre déliquescence, qui gonflée comme une baudruche de ses flagellations, déjà se fissure de partout, dans tous les domaines, conjoints de l’expression de ses limites dépassées en termes de pouvoir dont les glorifications engendrent failles sur failles, alimentant ce degré zéro qui forge cette explosion, tant leur concentration devient point de non-retour !
Ainsi cet effondrement auquel nous assistons, et qui n’en est qu’à ses prémisses. L’orientation précise relève de cette accélération telle qu’on la découvre dans le cadre de la physique, lorsqu’un objet tourne autour de lui-même à une vitesse telle qu’il explose pour retrouver dans un état indifférencié son équilibre, avant que de disparaître nucléarisé, et que ses composants enfin restaurés initient une nouvelle trajectoire.
In fine, on s’aperçoit que ce renouveau est toujours sous-tendu par cette formalité physique qui est celle de l’équilibre, équilibre induit dans le cadre du Vivant ou de l’organique, par une rémanence formelle née de la conjugaison de l’action individuée et de l’action générée, force motrice de la survie qui est le lieu et l’origine de tout système. Ainsi dans les caractéristiques phénoménologiques des sociétés que nous vivons voyons-nous apparaître ces potentiels qui nous permettent de définir l’effondrement qui en résulte.
Au regard de cette dysfonction, trois attitudes sont en correspondances : le statisme univoque qui est devenu norme en réaction aux atteintes liberticides développées par les sur systèmes que révèlent les forces en présence, une attitude que j’appelle l’attitude du judoka, qui accompagne ce mouvement pour mieux le déstabiliser où même, l’accompagner afin de le finaliser, et enfin une attitude de lutte qui choisira les voies opportunes liées à la personnalité de l’individu concerné, suivant ses aptitudes et ses convictions.
Trois voies à l’intérieur de la Voie inversée permettant de restituer à la Voie sa motricité, son ardeur, et sa souveraineté.
Voici l’enjeu de notre siècle qui nous réservera bien d’autres surprises, les efforts et les essors des tensions étant tels que l’on assistera à des retournements qui frapperont de plein fouet les tentatives d’hégémonies, jusqu’à quel point ? Tout dépendra de la canalisation des énergies actuellement cannibalisées par ce cercle sans fin qui rejoint le point de la létalité humaine, auquel il convient de ne pas céder, sous peine de perdre l’élément le plus précieux qui est en chacun d’entre nous, l’Humanité avec un H majuscule, et non cette inhumanité barbare qui pavane sur tous les fronts de l’arrogance, atrophie née de la lâcheté à être, voulant conjoindre tout être au non-être.
À chacun ici, dans la volition souveraine, de choisir sa Voie, tout chemin menant quoi qu’il en soit, à la restitution de la Voie, soit par intégration, soit par statisme, soit par désintégration. Ainsi vont les systèmes qui sont en dernier ressort les contre-pouvoirs naturels qui permettent de juguler puis éradiquer tout pouvoir tendant à la déstructuration, au nivellement, à l’anéantissement de la Vie, en ce lieu, en ce temps, de l’Être Humain et de l’Humanité.
© Vincent Thierry