Quand

Quand

Quand le silence vous interroge et que vous ne savez où chercher, prenez conscience du ciel qui vous abreuve de lumière,

Quand la pluie des larmes amères vient comme une cascade, plongez dans l’eau de l’Océan pour reconnaître ses merveilles,

Quand le froid vous saisit et que la nuit danse ses farandoles de couleurs, ne cherchez que le lendemain à naître,

Quand le cœur sombre et chavire et vous emporte dans des îles désertes et mortifères, prenez  mesure de l’horizon,

Quand l’angoisse vous ronge comme un navire en pleine mer succombant sous la bourrasque, livrez votre cœur à l’Eternité,

Quand le chant se tait remplacé par de lourdes volutes d’obsidiennes, respirez d’un souffle calme l’heure naissante,

Quand la douleur est à son comble, ne fermez la porte mais emparez-vous de ses songes pour revenir au monde en ses couleurs,

Quand l’oiseau lui-même n’a plus que mémoire de votre cri déchirant l’espace, revenez à la lumière et priez sa rédemption,

Quand tout semble disparaître dans la limite d’un point extrême, prenez mesure de l’éternel retour qui jamais ne s’estompe,

Quand le désir éteint toutes ses rampes lumineuses, ne cédez à sa complainte, prenez essor de ses contemplatives errances,

Quand l’harmonie se brise et s’éparpille comme un hymne explose, revenez à la simple expression de l’Etre qui combat et vainc,

Quand l’Eden, lui-même, en son incarnat éternel vous semble désormais inaccessible, soyez l’aigle qui demeure et contemple,

Quand le ciel s’éteint, que le soleil disparaît, que la terre s’estompe, n’oubliez le chant souverain qui guide chacun de vos pas,

Quand la détresse est telle que rien ne semble luire à l’horizon, relevez ce défi de la contemplation pour renaître à l’action,

Quand votre savoir que la mort est là, dans ses atours qui rôdent, n’ayez peur, elle n’est qu’un passage vers la Lumière,

Quand tout vous semble terminé, interrompez le cours du temps, et relevez-vous comme tout Etre par ce temps et par ce chant,

Quand après avoir côtoyé les abîmes, empreints de leurs vestiges, revenez à la sérénité qui convient de la Vie en la Vie et par la Vie,

Car tout est en Un et Un est en tout, et vous êtes le participe passé, présent, à venir de l’Eternité qui veille et ne juge ni ne contemple…

© Vincent Thierry