Ephémère

Éphémère

 

Éphémère, larmes en cils, une seconde, reconnaît l’Amour et son Royaume, la parturition étonnante de l’Éternité qui veille sans jamais se lasser, voyant le temps non plus s’écouler mais s’étendre à l’infini, se replier, se délasser, se fortifier, s’imaginer, et dans la claire raison du satin des roses, et dans la divine essence des mélopées qui ne s’éperdent, joindre l’immensité pour en armorier le précieux pétale, azur aux yeux incarnés de rives en chemin, des rives elles-mêmes se précipitant, développant, enhardissant et prononçant la beauté du Chant.

Harmonie messagère de pistils en leurs arômes, aux fêtes à Midi, étonnant les Oiseaux lyre dont le vol embrasé de papillon éclos, ivre du printemps où furieux de l’Été, toujours en vague souveraine de lys épithéliaux composent des symphonies pour le bestiaire enfanté, aux algues à mi-chemin, dont la raison exonde propose et dispose, d’une œuvre mage l’instantanéité du règne où une demeure déploie un sort pour embellir le cœur d’horizons sans lassitude des dômes des forêts attendant les semonces de l’automne et les frimas de l’hiver, apparaissant la dévotion d’une sève ardente, composée et magistrale, fertile, sans abandon, entonnant un doux parfum de Joie, et non de peine.

En fuite devant les exhalaisons aux senteurs iodées et mystiques, où, désinence, l’abeille œuvre le miel de la saison, l’écureuil établit ses rites, et les farandoles de lièvres organisent leur survie, sous l’aube merveilleuse délivrant des cieux les nuageuses perceptions afin d’enfanter la clarté de l’Univers, le Soleil majestueux inondant de ses rayons la pulsation des sources vivantes, afflux de son Éden, ivoire et jaspe de cristaux aux fontaines de jouvences, d’opales précieuses et de voûtes ornementées de quartz veiné de marbre, livre de Temples dont les nefs lumineuses orientent le sacre de la Vie, dans une multitude de faces enivrantes enchantant les regards du cœur compris.

Initié, sans baume délivrant sa propre lumière, se joignant ainsi à l’intensité du moment souverain que rien ne peut détruire, car au-delà du temps comme de l’espace, au-delà des vacuités de l’infortune, au-delà des bourrasques comme des orages, au-delà des théurgies s’estompant devant son essence rare sans abandon,  conservée par le plus pur éclat des yeux regardant, s’abreuvant, s’éployant à tire d’aile pour naître les fruits de l’ivresse, les stances de l’allégresse, les clameurs en majesté dont les danses nuptiales sont écrins de ce monde.

Sans cesse renaissants des écumes pour porter la houle dans la définition même d’une harmonie sans parade, en accord avec toute viduité de la Vie ruisselant son doux parfum, la Vie sans outrance perpétuée, développée dans les flux et les reflux des espaces comme des temps, délivrant le sel sacré orientant son vœu, la moisson des Amours dont l’hymne s’accueille, aux vents porteurs et lumineux de l’extase frontale de leurs rimes.

Voyant de l’infiniment petit comme de l’infiniment grand la densité éclose de la prestigieuse aventure du Vivant, par toutes faces, en toutes faces et dans les siècles des siècles, dans la temporalité d’un instant ne se voulant éphémère mais luminosité perpétuelle, dont le cœur suffit à battre l’émotion sereine, par le verbe transcendé s’affirmant dans l’immanence, insigne de l’Amour lui-même pérenne de toute Vie par toute Vie et en toute Vie afin de non seulement glorifier l’Éternité mais en être participe, souverain dans la Souveraineté qui jamais ne s’exclue.

© Vincent Thierry