Recession

Récession

 

La ruine des nations s’ouvre sur la densité exsangue des permissivités octroyées par l’incapacité. Voici l’état de l’ouvrage qui se dresse, une pluralité de sociétés boursouflées qui implosent ou explosent pour ne laisser place qu’à cette réalité qui n’a rien de virtuelle, une réalité dantesque sur laquelle planent encore ces oiseaux d’infortune qui ne savent régir et encore moins agir.

Le crash annoncé est là, présent, impitoyable. L’immobilier, voussure du néant se désagrège, la valeur s’actualise, le néant fait place au réel, et à quoi assiste-t-on ? À l’inévitable, à ce que l’on croyait au-delà des plus noirs cauchemars, cette récession sans condition, ajustant le virtuel dans le réel. Devons nous en pleurer ou bien en rire ?

Ni l’un ni l’autre, il convient bien au contraire de prendre la mesure de ce qui naît cette récession, ce mensonge éhonté des valeurs qui n’a jamais été corrigé, mensonge global des circuits bancaires, des États, mesurant et imposant l’avenir sur la virtualité et non la réalité, alliant une croissance à cette utopie des valeurs, utopie grandiose, source de toutes les prévarications, de tous les dols et vols organisés et consentis, de cette aubaine circonstanciée née de l’ignorance de la réalité économique permettant d’instruire une faillite universelle dont profitent quelques atrophies en mal de pouvoir.

Les mois qui vont suivre vont être douloureux pour ce monde du clinquant, de la pacotille et du mensonge, le réajustement obligatoire des valeurs à leur réalité primitive, une source de délitement de la sphère économique dans son ensemble. Les bourses n’ont pas fini de chuter, invariablement d’un bout à l’autre de la terre, permettant de voir enfin la valeur réelle des entreprises, et non cette bulle endémique dérégulée qui se maintient par ce mensonge universel conditionné par des banques et des États à l’agonie.

La ruine est là, née de l’incapacité générale à s’ajuster au réel. Il n’est question ici de juger la panoplie de mandarins qui ont couronné ce vide, mais bien d’asseoir désormais le pouvoir où qu’il soit sur des bases pragmatiques et non serviles qui sera capable d’initier des valeurs réelles et non abstraites, fluides et non gorgées d’une prétention sans mesure, afin d’innerver le corps économique de flux financiers réguliers et non corrompus.

Lorsque le sang, les flux financiers, ne parviennent plus au cerveau, les organismes financiers, bancaires, il convient de prendre des mesures circonstanciées. Quelles mesures me dira-t-on ? La première de ces mesures est de repenser radicalement les modèles économiques qui nous ont menés vers cette gabegie sans nom. L’équation travail capital peut être conservée mais dans un cadre de transparence qui ne permette pas de voiler la réalité, tant au niveau des valeurs créées qu’elles soient matérielles ou financières.

Cette transparence, par la mise en ligne consultable par toutes et tous et ce gratuitement, de l’intégralité des bilans et états financiers des entreprises permettra de ne plus investir dans des sociétés moribondes qui survolent le précipice en faisant appel au secteur bancaire, qui distribue sans parcimonie par attitude collégiale ou inféodée.

Complément de cette transparence l’économie ne doit plus être regardée comme mondiale, sauf dans les domaines technologiques de pointe, aviation, automobile, spatial, pharmaceutiques, etc mais bien se recentrer sur la région et bien plus encore la nation. Il ne peut être pensable que des pays indépendants au niveau agricole ou énergétique soit dans l’obligation d’importer cette typologie de ressources ! Prenant l’exemple de la France, grenier de l’europe, comment en est-on arrivé à appauvrir et déraciner sa capacité agricole, reconstructible toutefois, uniquement pour faire régner une utopie qui n’engrange que la pauvreté : l’europe !

Les pays peuvent assurer leur indépendance économique et vivre correctement s’ils cessent d’accroire que la mondialisation est inévitable. Elle est évitable, sans le moindre problème, au titre des denrées de première nécessité, de la nourriture, des soins, des secteurs de constructions, qu’ils soient du domaine du bâtiment, de la construction de machines de production, de l’électronique, et même de la fabrication de vêtements, etc !

Mais pour remettre en route ces unités de production précitées, faut-il encore avoir la volonté de faire prospérer l’économie locale et faciliter la création des TPE, ME, en diminuant considérablement les taxes qui les frappent de plein fouet.

Transparence des comptes donc, y compris bancaire qui seront responsables de leurs investissements sur les biens personnels de leurs dirigeants, remise en route des économies locales, et enfin régulation par taxation des multinationales chargées de la vente des produits de haute consommation précités ci dessus.

Et l’État là-dedans ? Économie et État ne font pas bon ménage, hors le domaine social, l’État dans cette typologie doit rester à sa place, et éliminer progressivement les taxes qui parasitent les flux financiers, et érodent le bon fonctionnement de l’économie. Afin que cela se fasse deux réformes fondamentales s’imposent : la suppression de la sécurité sociale, remplacée par les Compagnies d’assurances qui permettront à chacun de cotiser individuellement, la suppression des caisses de retraites, remplacées elles aussi par des compagnies d’assurances permettant à chacun de gérer sa propre retraite, et donc son temps de travail.

Une autre réforme importante serait la suppression définitive des allocations familiales qui aujourd’hui sont versées à tort et à travers au levier d’un parasitisme gigantesque qui suce le sang de l’État comme il n’est pas permis de l’imaginer.

Trois réformes, pour un équilibre économique permettant de satisfaire non à cette croissance débile dont on nous rabâche les oreilles (quelle croissance d’ailleurs ce jour où l’endettement des États est tel qu’il faudra des siècles pour combler ce trou sans fin de l’utopie de la pensée unique qui le dirige), mais à une harmonie entre ces trois vecteurs essentiels à la régulation économique, le travail, le capital, le flux financier, régulation advenant l’élimination progressive du parasitisme et ses composantes.

Nous pourrions nous étendre indéfiniment sur le sujet, mais là n’est pas notre propos, qui est celui de dénoncer cette virtualité qui fonde la récession, virtualité accentuée par les États dont le nôtre qui avec ces milliards de dettes s’empresse à se voiler la face, virtualité qui ne pourra être combattue que par la clarté des entreprises comme des institutions, la transparence, cette transparence pour laquelle il convient de se battre sans relâche, afin que l’économie cesse d’être un leurre, redevienne locale, humaine, et non plus telle la grenouille, ce bœuf dont la difformité atrophiée, présente la réalité sous les traits abscons d’une virtualité légiférée.

© Vincent Thierry