Paysages

Paysages

 

En vagues aux algues diaphanes, nos sourires et nos rires, sommes-nous paysages de ces temps qui s’enseignent et dont les règnes ne sont que fenaisons d’un voile suranné, et nos voix claires vont des rencontres nouvelles, des terres parfumées d’amazones vertus aux lacs mystérieux et profonds, des terres sacrales aux voies templières élevées rehaussant leurs citadelles marbrières dont les veines bleuies rayonnent d’une lumière divine, des terres en ébats gravitant de par les rives, celles amères ou altières, fécondant des devenirs moirés de songes, des terres de feu aux cristallisations opiacées irisant en leurs lagunes des mers souveraines dont nous prenons les sources aux rubis incarnés de leurs écrins magnifiés.

Des terres encore de vestales en émois, cohortes de chants développant leurs arguments dans des voies constellées de porphyre et de granit où s’abritent des pèlerins venus de tous les mondes connus et d’autres mondes en voie de gestation, des terres balayées par les pluies diluviennes assaillant esquifs et falaises de quartz, ruisselant d’eaux vives les fortifications des pécheurs de rêves aux puisatiers émerveillements, et d’autres terres encore aux frontières des conquêtes millénaires lançant leur regard sur l’horizon splendide des soleils d’Ajax et des lunes d’Achille.

Vêtures de mille et mille cités dont les florilèges arpentent les ponts précieux des pensées acclimatées, rencontre toujours des univers attendant le pas souverain de la Vie pour se transfigurer de signes portuaires aux gréements de milliers de nefs au repos, messagères de mondes équinoxiaux multiples aux solstices mystiques, épousant les courbes pour disparaître le temps comme l’espace, à la rencontre de leurs feux solaires.

Là, ici, plus loin, toujours plus loin, alors que les guides en essaim, maîtres d’équipage, cartographes, femmes et hommes de sciences, philosophes, artistes, accompagnants et accompagnés, sous l’égide des guerriers imperturbables, découvrent et témoignent, enseignent et assistent, la parturition du règne, d’étoiles en étoiles, demain, de galaxies en galaxies, après-demain d’univers en univers, afin d’éclairer du devoir de maîtrise de l’éternité l’hymne de la Vie dans une allégorie infinie.

Et nos rires et nos sourires dans le jeu de ces citadelles de l’écume, au-devant de l’intensité et dans le courage, poursuivons-nous notre route, fiers galions en conquête de cette Voie fabuleuse en laquelle nous sommes pierres et parcours de l’œuvre vivante, orientant aux marches de l’empire la rémanence d’un ordre sûr, volition du couronnement Vivant par toutes faces et en toutes faces, dessein des joies sans errances des éclaireurs naufragés, recueillis en nos soutes, cristallisant les routes en nombres, les inconnues et les rebelles, les parvenues et les fidèles, pour favoriser l’essor et la grandeur des nuptialités fécondes.

Laboureurs de mondes en écumes, gardiens de frontières en expansion, fantassins d’une course austère où la farouche détermination remplace l’indolence et le caprice, où la Loi de la Vie prévaut sur la loi de la mort, ses scories et ses abîmes, espaces sans lendemain cernés par nos chants et détruits par nos hymnes, par le droit ultime de voir l’ordre et la sécurité briller de tous leurs feux sur notre emprise conquérante, où nous sommes en éveil par les routes qui s’effeuillent, où nous sommes en essaims par les espaces sans troubles, rires et chants de l’inexpugnable beauté dont nos cités enchantent les rescrits, sauvages ou tendres, toujours en racines de la préhension de l’ultime rivage qui nous fera reconnaître la densité de ces autres mondes qui nous viennent et nous enchantent…

© Vincent Thierry