Quand elle descendit de
voiture une odeur de foin séché la surprit tout d’abord et Roméo lui faisant la
fête, lui sauta sur ses épaules en pleurant. Etienne lui avait proposé de
s’occuper de lui, ce quelle avait accepté. Ce soir là elle fouilla dans les
papiers de Monette. Tant de choses étaient accumulées, quelle ne sut par quoi
commencer. Il y avait de vieilles factures, de vieux cahiers où tout était
marqué en clair : Recettes, dépenses, et plus loin, fermage. Fermage de
Ciétéso ( La Grande Hothe)
et voilà la preuve ! Rose pensa :
- Quelle cachottière cette
Monette ! Cependant, Rose n’était pas curieuse et ne posait pas de
questions à sa Grand-mère. Il est vrai que les gens du village regardaient Rose
d’un drôle d’œil parfois, mais elle n’y faisait pas attention ! Cette
bourgade de cinq cent habitants, entre Gironde et Landes, était un peu oubliée,
par sa situation géographique. Pourtant les coteaux, les forêts, et la pleine
faisaient de cet endroit un paysage plaisant et enviable. L’après midi Rose
résolut de monter au grenier. Parmi les objets posés là, se trouvaient des
vieux sacs papiers, des poupées, des chaises d’enfants, de vieux vélos, et une
grande malle. Rose ouvrit celle-ci, des objets personnels se trouvaient là,
oubliés. Elle s’approcha de la lumière du jour, avec un paquet de lettres
poussiéreuses à la main, s’assit et commença à défaire les rubans qui les
entouraient.
Une poussière se souleva,
tandis que Rose s’apprêtait à lire.
Il y avait quelques jours,
elle s’était informée. Elle s’était renseignée à Paris auprès de la
bibliothèque, s’ils n’avaient pas d’ouvrages traitant sur : ‘après la
mort’. La bibliothécaire lui énuméra la liste des E.M.I. la libération de la
conscience hors du corps quand l’on voit la mort de près. En 75, avait paru ‘La
vie après la vie ‘du docteur Moody. En 80, ‘Sur la frontière de la vie’ de
kennet Ring. En 93, ‘Dying to live’ de Suzan Blackmore. Et en 96, ‘La vie après
la mort’ du Dr Scoott Rago.
- (Ce sont des expériences
de la mort, lui avait expliqué la dame, je vous conseillerai dans un premier
temps de lire ‘La vie après la vie’. Elle le prit espérant avoir des réponses
sur les fantômes. Elle le lirait ce soir. Un autre petit fascicule aussi
qu’elle avait acheté en librairie l’interrogea sur l’âme et la vie après la
mort ; cela parlait d’un fait troublant :
Un jeune homme de bonne famille
était réveillé la nuit par une voix qui lui disait : (- Va jouer !)
celui ci devait avoir dix huit ans et il apprenait à jouer du piano. Il en
était encore aux balbutiements, et il n’arrivait pas encore bien à accorder ses
deux mains. Il se levait alors et se mettait au piano ! Ses mains comme
par magie effleuraient les notes et une musique mélodieuse envahissait sa salle
à manger ! Il ne contrôlait plus ses mains, c’était comme si une autre
personne s’était introduit dans son corps et jouait ! Il n’osa divulguer
la chose à personne tant cela paraissait extraordinaire ! Mais ce qu’il
fit, il enregistra la musique car il savait à quelle heure la chose se
produisait ! Il fit écouter l’enregistrement à son professeur et celui-ci
après quelques recherches, déclara que ce grand pianiste avait vécu au siècle
dernier, mais n’avait pas été reconnu en son temps !
La chose durait au moins une
heure et ensuite ce jeune homme réintégrait son lit. Cela dura au moins pendant
six mois, mais pas toutes les nuits. Se pouvait-il que les âmes se baladent
ainsi ?
La chaleur du grenier sous
les combles restait étouffante. Malgré la sueur qui lui coulait sur la peau Rose défit les
lettres et commença à lire.
Ma
chère Léonce,
Je
compte les jours qui me rapprochent de toi. Merci pour ton sacrifice, et pour
ta patiente envers ma femme, embrasse bien Mariette. Si joint quelques pécules
pour l’élever. Ton bien aimé Hippolyte.
Rose crut défaillir, mais,
Léonce ! C’était son arrière-grand-mère ! Et qui s’appelait
Hippolyte ? Qu’avait-t-il à faire avec sa grand-mère ? Plusieurs
lettres du même genre suivaient. Elle en prit quelques-unes unes et descendit.
Son cœur battait la chamade. Quel était cet imbroglio envers ses
ancêtres ? Et pourquoi sa grand-mère avait-elle hérité du domaine ?
Heureusement qu’une de ses
collègues venait bientôt la rejoindre, sinon elle deviendrait folle. Au coucher
elle prit le livre qu’elle avait acheté à Paris et se mit à le lire. Celui
ci parlait de témoignages recueillis par un docteur américain sur des patients
ayant eu un arrêt cardiaque. Ils se sentaient tous aspirés par un tunnel, du
moins leur âme ou leur subconscient. Des couleurs multicolores et une musique
douce y régnaient. Puis ils se retrouvaient près d’une grande lumière où ils se
sentaient si bien qu’ils ne voulaient pas repartir. Si cela durait plus
longtemps la lumière leur parlait et ils revoyaient leur vie passer très vite;
dans leurs instants où ils avaient fait du bien ceux-ci se sentaient bien et
dans les moments où ils avaient fauté, ils ressentaient une grande souffrance.
Si cela continuait, ils revoyaient des membres de leur famille disparus,
ceux-ci leur parlaient :
- Viens !
Viens ! Alors la grande lumière leur demandait s’ils n’avaient pas
d’autres choses à faire sur la
terre. Si ceux-ci avaient des enfants en bas âge à élever,
ils disaient :
- je
resterais bien mais j’ai encore des enfants petits. Puis, tout à coup, ils se
revoyaient dans leurs corps, entourés des docteurs leur faisant des soins de
massage cardiaque.
Rose prenait plaisir à la
lecture de ce livre. Monette devait se trouver là bas elle qui était si
gentille. Elle devait profiter de la présence de ses parents, grands-parents et
arrières grands-parents, si ceux ci avaient dû mériter le ciel car la grande
lumière ne devait représenter que Dieu ! Ce livre la réconcilia un peu
avec elle-même, puis elle s’endormit aussitôt. Cette nuit là fut emplie de songes,
quelqu’un la poursuivait, elle courait dans une grande demeure et tombait dans
l’escalier, elle se réveilla en sueurs.
Le lendemain un klaxon
l’éveilla, c’était sa collègue Sabine, Une joie immense la submergea, enfin des
vivants ! Depuis quelques jours elle se débattait avec les morts. Aussitôt
descendue de voiture, Sabine gronda :
- Mais Rose qu’as-tu ?
- As tu vu, ta tête ?
- Oh ! J’ai mal
dormi ;
- Je suis là, dis moi ce
qui ne va pas ! En déjeunant, elle lui raconta toute l’histoire.
- Mais les fantômes
n’existent pas !
Sabine, fille moderne
toujours au top de la mode, jupes courtes et cheveux bruns, coupés au carré
représentait la joie de vivre et le bon entrain !
- Tu sais, je suis contente
que le boss m’ait laissée partir.
- Alors ma vieille !
Nous allons y aller là haut et même au grenier je te parie qu’une ribambelle de
rats énormes occupe cet endroit, continua Sabine.
L’après midi Sabine
bronzait sur la pelouse.
Sa peau était déjà noire, et, comme un lézard, elle aimait se
mettre au soleil. Tandis que Rose avait le teint plus délicat et sa peau
fragile l’empêchait de s’exposer. Elle prenait vite un coup de soleil.
- Allez viens !
Répliquait Sabine j’ai une crème solaire spéciale pour toi la Nordique !
- Pourquoi dis-tu
cela ?
- Ta peau est si fine que
l’on croirait que tu sors d’un conte de fée !
- C’est peut-être vrai,
répondit Rose ! Et elle se mit à pleurer.
- Je te promets de rester
jusqu'à ce que ce mystère soit résolut, lui dit Sabine en la prenant dans ses
bras.
– Ne pleure pas. Soudain un tracteur passa
tirant une charrette de foin énorme !
- Etienne ! C’est
Etienne ! Dit Rose en essuyant ses larmes.
- Tu ne vas pas tout de
même t’enticher d’un paysan !
- Mais non ! C’est un
ami !
Etienne arrêta le tracteur
et vint saluer ces demoiselles.
- Bonjour ! Ça
va ?
- Veux-tu boire quelque
chose ? Demanda Rose ?
- Non ; Merci, je dois
décharger la remorque, je reviendrai en soirée.
Le culot de Sabine fit
qu’ils se retrouvèrent tous les trois dans la maison hantée le lendemain soir.
Munis d’une torche et d’un gourdin, ils avançaient à petits pas dans la maison. Roméo se
cachait derrière leurs jambes, il n’en menait pas large. Il ressentait la peur
de ses maîtres. Il se mit à aboyer tout à coup comme si un cambrioleur se
trouvait là. Le grand escalier prenait, à la lueur de la lune, un décor de
théâtre d’une tragédie antique. Ils
montèrent les marches doucement, Etienne devant et
les filles derrière. Quand, tout à coup, un tintamarre assourdissant se fit
entendre. Ils s’immobilisèrent,
- Ce ne sont pas des rats ! Ce sont des
Singes ! Dit Sabine doucement.
- Allez ! Il faut
continuer ! Décida Etienne.
La lune ronde par le toit
donnait une lumière tamisée presque irréelle ! Ils avancèrent dans le
couloir, plus rien.
- Alors je vous l’avais
bien dit que ce n’était que des rats !
- Le plancher faisait un
petit craquement. Sabine ne pouvait pas tenir sa langue, aussi Etienne lui
suggéra de se taire sinon rien ne se passerait ! Ils s’assirent à même le
plancher et éteignirent leur torche. Au bout d’un moment qui leur semblait une
éternité, une forme lumineuse blanche apparut au fond du couloir jetant de
lugubres gémissements. Sabine se mit à trembler tandis que Rose claquait des
dents.
- Qui êtes vous ?
Lança courageusement Etienne.
La forme se rapprocha doucement
et il semblait quelle voulait leur parler mais Sabine qui était habillée
légèrement se mit à éternuer : « Atchoum ! »
Aussitôt le spectre
s’évapora. Alors des bruits effrayants de chaînes, et de grincements se firent
entendre, comme si il y avait là une grande souffrance d’outre tombe. Tout à
coup, Sabine tomba à terre, évanouie, et Rose et Etienne durent la descendre
par l’escalier.
- Là il y a un salon, dit
Rose à Etienne. Ils la déposèrent sur le canapé, et Rose lui tapotait gentiment
les joues, tandis qu’Etienne allait chercher un peu d’eau. Elle ouvrit les yeux
et ses cheveux se redressèrent sur la tête, elle cria :
- Je veux m’en aller !
Ils ne le lui firent pas répéter deux fois et s’enfuirent en courant. Dans la
voiture, ils reprirent leur souffle.
Rose constata que Sabine se
trouvait sur les genoux d’Etienne. De retour chez elle, sans entrain, Rose leur
prépara une infusion au miel et Sabine ne faisait que dire :
- Quelle aventure !
Les fantômes existent ! Je m’imaginais que ce n’était que des contes
populaires. Etienne avoua qu’il en avait entendu raconter quelques-uns par sa
grand-mère.
- Raconte, suggéra Rose.
- Ho non ! Riposta
Sabine, elle en avait assez vu pour ce soir.
- Si on mettait un peu de
musique ! Continua Sabine ! Etienne prétexta qu’il avait du travail
le lendemain, et se retira. Sabine le raccompagna à la voiture et il sembla à
Rose, qu’elle mettait beaucoup de temps pour renter…..
Minuit était passé depuis
longtemps, Rose et Sabine bavardèrent dans leur lit jusqu’à une heure assez
avancée de la nuit.
Le lendemain Rose reçut la
visite de son fermier : monsieur Ciétéso était grand et fort. Il lui serra
la main si fort qu’elle lança un petit ‘Ail’ il lui dit :
- Alors c’est vous la
nouvelle propriétaire ?
Elle l’invita à rentrer, il
lui tendit un chèque d’une somme assez rondelette.
- Avez vous déjà vu le
fantôme de la Grande
Hothe ? Monsieur Ciétéso ?
- Non jamais, vous savez
j’ai assez à faire, et je ne crois pas à ces balivernes ! Je n’avais loué
que les terres à votre grand-mère, et je n’ai jamais mis les pieds dans la maison. J’ai assez à
faire avec la mienne.
Rose était préoccupée par
cette histoire ; après tout la maison était à elle maintenant et il
faudrait bien qu’elle envisage quelque chose à son sujet.
Elle fut étonnée aussi par
la somme rondelette que Monette lui avait laissée. Elle qui s’imaginait que
Monette était pauvre, c’était le contraire, elle était même riche. Mais d’où
venait cet argent ? Elle allait d’étonnement en étonnement, que cachait
tout cela ?
Sabine décréta quelle en
avait assez vu et rentra à Paris, Rose demeura triste et désemparée au départ
de son amie.
Ce soir là elle ouvrit l’album de
photos de famille. Elle se revit enfant, jouant à la
poupée, ou, avec son chat sur les genoux. Elle était quand même bien habillée
pour une pauvre, sa grand- mère lui disait toujours, il faut faire attention à
l’argent. Ha ! Voilà Monette avec ses parents quelle n’avait jamais
connus : Léonce et Grégoire Vilare. Il paraîtrait que Grégoire serait mort
jeune à la guerre. Léonce
éleva Monette ou (Mariette de son vrai nom) toute seule. Comme ils étaient mal
habillés ! Ah voici Monette avec son mari Boris ! Boris Evrard, Rose
l’avait si peu connu, il avait été emporté par la tuberculose, mais ce dont
elle se rappelait le plus, c’est qu’il avait des moustaches qui la
chatouillaient quand il l’embrassait. Et puis aussi qu’il était brun et avait
une épaisse touffe de cheveux. Son nez était proéminent. Rose ressemblait
davantage à sa grand-mère. Elle avait comme elle, un petit nez retroussé, des
yeux bleus, d’un bleu profond, et des cheveux d’une blondeur vénitienne. Son
visage ovale et son front haut avec un port de tête d’une reine, Rose sortait
tout droit d’un conte de fées. Sabine avait raison.
Ses parents qu’elle avait
oubliés dans son souvenir, paraissaient si heureux sur cette photo. Marc, son
père tenait Colette, sa mère, enlacée. Marc n’avait que le nez et les cheveux
de Monette, et il était trapu. Colette avait les cheveux longs et était très
mince, elle avait du mettre des chaussures plates pour ne pas paraître très
grande près de son mari. Quelle tragédie ! Elle n’avait plus de
famille ! Si ses parents avaient vécu, elle aurait peut être un frère ou
une sœur. C’est au retour d’une visite rendue à Monette qu’ils avaient eu cet
horrible accident où ils avaient trouvé la mort. Heureusement, Rose était en
vacances à Barbot, la maison de Monette. Cette petite maison à l’orée du bois,
était mignonne et Rose s’y trouvait bien. Il lui semblait que Monette était
encore là et rien que le fait de toucher ses objets lui donnait un peu de paix.
Dans l’après midi, elle
s’en alla au cimetière porter quelques fleurs sur sa tombe. Elle avait fait un
assemblage à l’aide de roses, arums et chèvrefeuille qui embaumaient. Devant la tombe, elle fit le signe de la
croix, et arrangea le bouquet dans un vase. Elle se recueillait, quand,
soudain, une voix qu’elle ne connaissait pas, l’apostropha, elle se retourna et
vit une dame inconnue :
- Mademoiselle, connaissiez
vous bien Mariette ?
Elle parlait avec un drôle
d’accent, américain sans doute.
- Oui madame, c’était ma
grand-mère.
Cette dame bien habillée ne
devait pas habiter au village, mais que lui voulait-elle ?
- Je me présente ; je
suis la cousine de Monette.
- Quoi ? Sa cousine,
mais je ne vous connais pas et Monette ne m’a jamais dit qu’elle avait une
cousine !
- Comme vous ressemblez à
Ella.
- Qui est Ella ?
Madame je ne vous connais pas, et je dois m’en aller !
- Voici ma carte si vous
voulez en savoir plus je suis à l’hôtel du village. La Dame lui tendit une
carte où était écrit : ‘Audrey Smith, Plainsboro New Jersey USA.’
Rose demeura tout éberluée
et elle ne croyait pas cette dame. Jamais, au grand jamais, Monette lui avait
dit qu’elle avait une cousine. Au retour, elle s’arrêta chez Etienne. Sa mère
lui dit qu’il avait commencé à moissonner l’orge. Elle s’arrêta près du champ,
et Etienne arrêtant sa machine, lui fit signe de monter. Les pailles
nouvellement fauchées, lui griffaient les jambes mais elle continua. Dans le
bruit de la machine elle devait parler fort, car il l’avait remise en route et
la poussière fit tousser Rose.
- Tu ne sais pas la
nouvelle ?
- Non ! Raconte.
- Monette avait une cousine
et en plus elle est américaine !
- J’en doute, on le saurait
dans la région. De
tout temps à jamais, il était de notoriété que Monette était seule au monde
avec toi comme seule famille !
- Mais alors qui est cette
intruse ?
- C’est simple tu vas à la
mairie, et renseignes toi. Etienne reprit un peu surpris:
- Excuse-moi, mais dès que j’ai
fini les moissons, je t’aiderai dans tes recherches.
Elle se rendit à la mairie
mais dans les archives rien d’anormal, Rose s’appelait bien comme son père
(Marc Evrard) marié avec Colette Cerfois. Son grand-père (Boris Evrard) marié
avec Monette Vilare fille unique de Léonce et Grégoire Vilare. Pas de Smith ou
je ne sais quoi !
Monette lui avait raconté
que sa mère Léonce avait travaillé au domaine, mais il n’y avait aucun lien de
parenté. A cette époque les riches faisaient travailler les pauvres, et d’après
Monette, Léonce, sa mère était très pauvre. Au fait pourquoi Monette avait-elle
hérité du Domaine de La Grande Hothe ? Sans doute la ‘bourgeoise’ n’ayant
pas d’héritiers préféra-t-elle le donner à celle qui l’avait soignée, c’est à
dire Léonce.
Rassurée Rose dormit
tranquille ce soir là. Elle devait le lendemain reprendre son travail pour
quelques jours seulement car les congés seraient bientôt là. Elle n’avait plus
de goût au travail de secrétaire; Le bureau était surchauffé et le patron
toujours grognon. Seule Sabine lui fit fête dès son retour.
- Alors raconte ! -
Rien de nouveau ?
- Sauf que j’ai des parents
éloignés en Amérique !
- Quoi ?
Elle lui raconta toute
l’histoire,
- Mais pourquoi n’es-tu pas
allée voir cette dame ?
- Son nom ne correspond pas
du tout avec celui de mes ancêtres, je suis allée à la mairie.
- Mais cela ne veut rien
dire, il y a parfois dans les familles des choses cachées !
- Que veux-tu dire ?
- Rien, rien, Peut-être
vient-elle te réclamer l’héritage !
- Ah ! Non ! Le Notaire
a bien spécifié que j’étais la seule héritière, drôle d’héritage !
D’ailleurs ! Personne ne veut habiter à La Grande Hothe !
- J’aurai bien voulu
hériter ! A ta place je ferai faire des travaux ainsi le fantôme s’en
irait. !
En cette fin juin, la
chaleur devenait étouffante à Paris.
Enfin les congés furent
vite là et Sabine voulut bien revenir à Barbot avec Rose.
Une pluie torrentielle les
accueillit, avec les premiers orages de juillet. Les éclairs s’en allaient au
loin, en laissant déborder les fossés du bord de la route. Un arc-en-ciel
multicolore, suivit, serait-ce de bon augure ? Roméo s’élança vers sa
maîtresse l’aspergeant et pleurant à la fois.
- Je suis là, je suis
là ! Rose le caressait malgré ses pattes pleines de boue. Enfin chez
nous ! Chaque fois que Rose arrivait, elle trouvait cette maison immense
comparée à son studio de Paris.
- Tu as du courrier !
Entama Sabine, en effet la boite à lettre débordait. Elle débordait surtout de
prospectus. La soirée s’annonça agréable avec une fraîcheur bien appréciée.
Elles pique-niquèrent devant la porte sur la petite table que Monette aimait
tant. Le tilleul embaumait et Sabine déclara
- Vraiment, c’est le
paradis ! Ecoute ce silence ! A part le bourdonnement des abeilles
dans l’arbre c’était un silence à couper le souffle.
- Mais, où sont les
gens ? C’est vrai que cette maison est un peu isolée. Derrière il y a le
bois et devant des champs de blé et des prairies.
- Demain, je vais à la
cueillette des girolles. Une bonne omelette de campagne et une salade du
jardin.
- Quel jardin ? Rose
constata que le jardin de Monette n’était que friche !
Elle regretterait sûrement
ses bons légumes. Quant aux poules, Etienne venait recueillir les œufs et
soigner la dizaine de poules de la basse cour !
Sabine aida Rose à emmener
le linge de Monette au Secours Catholique.
Tandis que Sabine
s’apprêtait à partir, Rose, tenait dans ses mains quelques tabliers de Monette…
Elle ne pouvait se résoudre à s’en défaire, tant le cœur lui serrait.
- Gardes les, lui dit Sabine,
qui était revenue sur ses pas, ne la voyant pas arriver.
Elle garda quelques
bricoles, son châle, ses bottes, quelques pulls et tabliers.
Heureuse sera-t-elle, quand
elle les mettra, Monette sera un peu avec elle.
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