Chapitre IV

 

 

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IV

La chaleur étouffante du jour, laissait des soirées plus chaudes encore, en ce mois de juillet. Aussi à la fraîche, Rose et Sabine, après avoir dîné, allumèrent leur ordinateur.

Sabine tapa : « Revenants »

Le fantôme et l’avare’ apparut sur l’écran et elles se mirent à lire :

Adapté d’un conte populaire.

Le Fantôme de l’avare.

Je revenais de livrer des fûts de vin au port de Bordeaux, et m’étant arrêté en route pour acheter une dinde bien blanche et bien dodue, une tempête de neige soudain me força à ralentir ma monture. On était à la veille de Noël et je devais arriver assez tôt pour faire cuire la dinde. La charrette était pourtant vide mais les chevaux n’aimaient pas le mauvais temps. Je pris un raccourci afin d’éviter d’autres charrettes.

La neige devint de plus en plus dense, elle me fouettait le visage et la visibilité était quasi nulle. Au bout d’un moment, j’aperçus une ferme sur ma droite ; Je résolus de m’arrêter sinon la charrette risquait de chavirer et les chevaux de se blesser.

Le chemin était cahoteux et je sautais sur mon siége. Enfin j’aperçus une masure d’un autre âge. Le toit était en chaume et les murs en torchis. Je tirais sur les rennes afin de calmer les chevaux qui hennissaient, comme s’ils avaient vu un fantôme. La neige couvrait déjà le tiers du mur et j’aperçus à l’intérieur comme une lueur de flamme. Il n’y avait pas de carreaux aux fenêtres simplement une grille en fer forgé rudimentaire. J’aurai au moins un peu chaud en attendant la fin de la bourrasque. Le froid était si dense tout à coup que des glaçons descendaient du toit jusqu'à terre ! Je m’empressais de frapper à la porte, quand soudain un vieux monsieur m’ouvrit celle-ci. Ses yeux me lançaient des flammes et je fus surpris. Il était habillé d’un grand manteau de gros lainage filé à la main. Sa barbe blanche semblait ne plus vouloir pousser tant elle était longue. Il me fit signe de m’approcher du feu.

Il me débarrassa de mon capot qui était couvert de neige.

- Je vais rentrer les chevaux, me dit-il, de sa grosse voix.

Je m’assis sur un tabouret au coin du feu en l’attendant. Je fis le tour de la pièce du regard et le mobilier qui était sûrement d’une autre époque me stupéfia.

Un lit ou plutôt une planche sur laquelle était étendue une peau de bison servait de couche au vieillard voûté qui m’avait ouvert sa porte.

Plusieurs trophées de chasse étaient suspendus aux murs blanchis à la chaux. Tête de cerf, ours, et petit animal curieux. Qui pouvait être mon hôte ? Moi qui connaissais tout le monde depuis chez moi jusqu’à Bordeaux. Quel pouvait être ce personnage, j’avais beau me creuser la cervelle, je n’arrivais pas à lui trouver un nom. Il rentra et m’offrit un verre d’eau de vie, ce qui me réchauffa le gosier.

- Merci ! Mon bon Monsieur lui dis-je. - Voudriez-vous bien me dire à qui ai je l’honneur ? Moi qui connais toutes les contrées je ne vous ai jamais vu.

Il ne me répondit pas et ses yeux envoyaient des rayons lumineux, ce qui me fit froid dans le dos. Le silence se poursuivait tandis que je commençais à avoir peur.

Toutefois rassemblant tout mon courage, je lui reposais la même question.

Il se leva de son siége et à pas lents il s’approcha de moi, me posa une main brûlante sur mon épaule et d’une voix triste et rauque il me dit :

- Jeune homme, tu n’as pas encore trente ans et tu me demandes comment se fait-il que tu ne connaisses pas l’homme le plus riche du village : Jules Gaspar ? Je vais tout te dire car tu me sauves des flammes du purgatoire où je brûle depuis cinquante ans. Heureusement, tu es arrivé pour me délivrer de la pénitence que Dieu m’avait imposée. Je suis celui qui, il y a cinquante ans a refusé l’hospitalité à un pauvre malheureux qui se mourait de froid et de faim devant ma porte par un froid comme ce soir.

Tout à coup, sans que je le maîtrise, mes cheveux se dressèrent sur la tête et mes genoux s’entrechoquèrent, je me mis à trembler comme une feuille au vent du nord.

Le vieillard continua son récit d’une voix lente sans faire attention à moi.

- Il y a de cela cinquante ans, c’était bien avant que les Anglais n’aient foulé le sol aquitain. J’étais riche, très riche le plus riche du village. J’habitais dans cette maison et j’étais seul comme ce soir. C’était la veille de Noël. Je jouissais du bien-être de mon foyer par une grande tempête et un grand froid. Près du feu à l’abri du froid qui faisait craquer les pierres des murs. On frappa à ma porte j’hésitais à ouvrir ; J’avais peur que quelques voleurs s’en prennent à ma fortune ou ne vienne m’assassiner !

Je fis la sourde oreille, et peu de temps après, les coups cessèrent. Je m’endormis aussitôt pour ne me réveiller que le lendemain, il faisait grand jour quand des coups à ma porte me firent réaliser l’heure tardive. Les jeunes voisins frappaient de grands coups, avec leurs sabots. Et quand j’ouvris j’aperçus un jeune homme mort de froid devant ma porte. A cause de mon or, j’avais laissé un homme mourir de froid devant ma porte !

Après l’avoir fait inhumer dignement avec un office chanté pour le repos de son âme, je distribuais aux pauvres des environs ma fortune en expiations du crime que j’avais commis.

Deux ans plus tard, je mourus sous les fers de mes chevaux et j’allais rendre compte à Dieu de ma conduite sur cette terre que j’avais quittée d’une manière si tragique.

Je ne fus pas trouvé digne du bonheur des élus et je fus condamné à revenir à la veille de tous les Noëls, attendre ici qu’un voyageur de détresse ne vienne frapper à ma porte.

Vous êtes enfin venu ce soir et Dieu m’a pardonné. Soyez à jamais béni d’avoir été la cause de ma délivrance des flammes du purgatoire. Sachez que quoi qu’il arrive ici-bas, je prierai pour vous là haut. Le revenant, car s’en était un, parlait encore quand, succombant aux émotions terribles de frayeur et d’étonnement qui m’agitaient, je perdis connaissance.

Je me réveillai dans ma charrette, sur le chemin du retour, la tempête s’était calmée, et sans doute avec l’aide de mon hôte de l’autre monde je réussis à retrouver mon chemin.

Je tremblais encore quand j’arrivais chez moi où mes enfants et ma femme venaient au devant de moi En mangeant la dinde je leur racontai ma terrible aventure.

Quelque temps plus tard, je rencontrai le curé de la paroisse et il consulta ses registres. En effet, il y avait cinquante ans, un nommé Jules Gaspar était mort tragiquement sous les sabots de ses chevaux.

En parcourant l’hiver, les bords de Garonne, je frissonne encore au souvenir de cette veille de Noël ; Même si mes amis prétendent que j’ai rêvé. Jamais je n’oublierai les yeux de feu du fantôme de l’avare.

 

 

- Oh ! Je serais morte sur place, déclara Sabine !

- Je n’en aurais pas survécue ! Dit Rose !

- Pauvre homme il avait distribué tous ses biens ! Et encore ce n’était pas suffisant ! Ceux d’aujourd’hui alors qui se font avorter ou qui tuent au volant, que doivent-ils faire pour avoir la vie éternelle ? Leur châtiment doit être plus terrible ! Sabine interpella Rose.

- Laissons à Dieu le jugement, puisqu’il existe !

- Pourquoi ? Tu en doutais ? 

Elle firent le signe de la croix, et s’engouffrèrent dessous les couvertures.

L’orage les réveilla ce matin là, le matin de la grande découverte. Elles se hâtèrent d’aller à la maison hantée, où l’attendait Etienne. Il attendait devant la grande maison, avec tout son matériel. Seaux pelles, pioches, cordes et il avait réussi à se procurer un marteau piqueur.

- Y a t il du courant dans ton château ? Demanda-t-il à Rose.

- Ce n’est pas un château mais une maison bourgeoise !

Après quelques recherches, Etienne réussit à trouver le compteur électrique.

Ils montèrent tous au premier étage, portant leur attirail. L’orage continuait de gronder,

- Tant mieux que l’orage gronde, on entendra moins le fantôme ! S’écria Sabine !

- Ne fais pas la fière ! Tout à l’heure tu vas t‘évanouir à sa première sortie.

Etienne avait beaucoup de force, il maniait la pioche, comme si c’était son métier.

- Voyons voir ce qu’il y a là derrière ! Dit-il, si c’est un trésor, on partage !

Comme par enchantement le fantôme ne fit aucune apparition et ils purent continuer leurs travaux ! A mesure qu’Etienne sortait de gros blocs de pierres, les filles les roulaient un peu plus loin pour qu’il puisse progresser à son aise. Tout d’abord, avec la poussière ils ne virent rien. Le travail à moitié réalisé, ils s’arrêtèrent pour se désaltérer. Emplis de poussière, ils éclatèrent de rire !

- Si le fantôme vient, il va prendre peur de nous !

Ils ne virent rien que des vieux meubles au premier abord. Alors ils continuèrent, un grand tas de pierre s’entassait dans le couloir, et ils commencèrent à avoir peur. Enfin ! La dernière pierre ! Ouf ! Ils suaient à grosses gouttes et s’assirent en attendant que le nuage de poussière se disperse.

Que va-t-on trouver ? Pensaient- ils, tous. Leurs cœurs battaient la chamade.

Ils se levèrent, La pièce était sombre, Etienne pris la torche et éclaira les lieux. Alors tous les trois franchirent la porte car elle était grande. Il illuminait les murs : aucune image ou objet ! Il éclaira un lit semblable à ceux que l’on voit dans les films d’épouvante. Nul coffre fort ! Etienne dirigea les rayons de sa torche sur le sol. Sabine cria la première, Rose se prit les cheveux dans les mains en hurlant et Etienne en devint blême, et sa torche tomba par terre. A même le sol un squelette adulte gisait là. Ils reculèrent de frayeur, la fenêtre semblait être emmurée aussi, car dans ce lieu de ténèbres régnait une atmosphère d’outre tombe !

Une fois dehors, ils s’assirent et prirent de grandes respirations. Les filles ne sentaient plus leurs jambes, elles se mirent à pleurer tout à coup, en plus de la fatigue accumulée depuis plusieurs jours, blêmes comme les morts, elles dirent ensemble.

- Mais depuis quand était-il là ?

- Il faut appeler la police, dit Etienne blafard d’une petite voix.

Ils burent un peu d’eau et Etienne les rassura en les prenant toutes les deux par les épaules. Il les serra contre lui. Ils étaient accablés,

- Emmuré ! Alors cela existait vraiment ! Dit Sabine.

Pauvre gens ! Etienne, remis de ses émotions, appela la police, sur le portable.

Cela fit tant de bruit dans le village que Rose n’osait plus sortir, La Police, les pompiers, le parquet, les radios locales et nationales vinrent à la Grande Hothe. La télévision voulait l’interroger, mais Rose ne savait rien.

Sabine allait faire les courses, et Rose se terrait à Barbot. Quant à Etienne il passait tous les soirs, il avait fini les moissons.

 - Attends que cela se calme dit-il un soir à Rose, la police fait son enquête.

En effet après un certain temps, l’enquête n’ayant abouti à rien, l’affaire s’estompa.

La fraîcheur, suivant la canicule était la bienvenue. Et Sabine voulut emmener Rose faire les magasins. Elles s’amusèrent comme des folles, essayèrent, achetèrent et revinrent chargées de paquets !

A leur retour, une immense voiture les attendait devant la porte de Barbot.

- Qui cela peut-il être ?

Rose reconnu l’Américaine lorsqu’elle descendit de voiture. Maintenant que tout était fini, elle accepta de la recevoir.

Elle la fit asseoir, et elle lui dit :

 - Mademoiselle, j’ai beaucoup de choses à vous révéler !

- Des bonnes, j’espère ! S’enflamma Rose.

Voici, j’ai ici des lettres de Monsieur Welfagrost.

 - Qui est ce monsieur ? Coupa Rose

- Attendez que je vous raconte toute l’histoire.

- Hippolyte Welfagrost, propriétaire de La Grande Hothe, était le frère de ma mère.

A l’annonce de ce nom Rose sursauta !

- En quoi cela me concerne-t-il ? Riposta Rose qui était toute rouge soudain.

- Mademoiselle, ce que vous allez apprendre risque de vous choquer !

- Allez y dit Rose, son cœur battait la chamade !

Mon oncle, Hippolite Welfagrost a eu deux jumelles avec votre arrière-grand-mère Léonce !

- Mais, qui était-ce ? Demanda Rose à brûle pourpoint.

Une était votre Grand-Mère, Monette, Rose crut défaillir, elle s’évanouit et Sabine qui ne disait rien jura :

- Mais vous ne voyez pas que c’est trop pour elle ?

Elles l’étendirent sur le canapé, lui firent respirer de l’alcool.

Enfin, elle revint à elle et ouvrit de grands yeux.

- C’est tout ? Demanda Rose.

 – Hélas non !

-Vous ne me demandez pas qui était l’autre jumelle ?

- Si jeta Rose dans un souffle. Elle appréhendait ce qu’elle allait entendre, aussi elle respira un bon coup. Et retint sa respiration. Au point ou elle en était, il valait mieux aller jusqu’au bout !

- Ella ! Le cadavre que l’on a trouvé à La Grande Hothe !

- Elle s’appelait Ella ! Et pourquoi l’avait-on emmurée ?

- Emmurée vivante en plus ! S’enquit Rose.

Mme Audrey Smith poussa un grand soupir et reprit : Vous ne savez pas encore toute l’histoire ;

- Ma maman, Edith Welfagrost ne voulait pas que son frère épouse Ingrid.

- Et Pourquoi ? S’il vous plait ? Riposta Rose.

- D’une beauté à couper le souffle, Ingrid émergeait d’une famille où les femmes de mère en fille devenaient folles. Les maris devaient les enfermer sinon elles étaient la honte de la famille !

Mais Hippolyte n’en démordit pas, il voulut à tout prix se marier avec elle, il s’expatria en France et s’acheta ce domaine. Hélas, la guerre éclata et en bon patriote, il partit combattre.

Rose la laissait parler car elle savait maintenant qu’elle avait un lien de parenté avec elle.

- Par ailleurs, il fut content de partir à la guerre, sa chère femme commençait à devenir violente, et à le frapper.

- Elle donnait des signes précurseurs de folie et il s’aperçut mais trop tard que sa femme devenait folle. Aussi la confia-t-il à votre arrière grand-mère Léonce. Son mari Grégoire Vilare était lui aussi parti à la guerre, et Léonce devint vite veuve. Ils s’éprirent l’un de l’autre d’un amour fou, et passionné. Vous savez la suite…

- Alors, c’est vrai Monette était votre cousine….

- Oui, mais elle n’en a jamais rien su, je crois.

- Alors Ella, le fantôme aurait l’âge de Monette aujourd’hui ! S’en hardi Rose !

- Nous ignorions qu’Hippolyte avait des enfants, d’ailleurs il ne nous donnait que peu de nouvelles. Sa mère s’éteignit doucement à la suite de la perte de son fils. Il ne revint plus jamais en Amérique, trop déçu d’avoir échoué dans son mariage.

Quand Léonce accoucha, ce fut deux jolies petites jumelles, Elle accoucha à la Grande Hothe. Et la « folle », jalouse, vola l’enfant et renvoya Léonce. Léonce ne savait pas qu’elle avait des jumelles, elle était si malade au cours de l’accouchement qu’elle faillit y laisser sa vie. « La folle » l’éleva dans un cachot, caché de tout le monde. Elle engagea une nourrice et un valet muet.

- Et c’est elle qui vous a renseigné !

- Vous comprenez vite !

Sabine ouvrait une grande bouche ! Elle n’avait pas tout saisi.

- Hippolyte mourut quelque temps après, à la guerre. Auparavant, dés qu’il sut qu’il était père, il fit rédiger un testament, favorisant Léonce sa bien-aimée.

- Tout s’éclaircit, mais la folle ?

- Elle se jeta par la fenêtre dés qu’elle réussit à emmurer Ella.

- Quel âge avait Ella quand elle fut emmurée ? Demanda Rose.

- Dans les seize ans, on imagine d’après le médecin légiste.

- Il va falloir lui faire des obsèques religieuses à Ella.

- Oui, en effet c’est la jumelle de Monette.

- Avant de mourir, la nourrice soulagea sa conscience et révéla toute l’affaire.

Rose resta un long moment pensive……

- Vous resterez bien souper grand-tante ?

- Merci bien, un autre jour. Mes petits enfants m’attendent à l’hôtel. Ils m’ont accompagnée, cette fois ci,

Rose sauta de joie ! J’ai encore de la famille ?

- Oui ! Mais bien vivante celle-là.

Son cœur palpitait, et un bonheur immense l’envahit, car du côté de son arrière-grand-père elle avait de la famille, ses descendants du moins.

Sabine qui n’avait pas ouvert la bouche depuis un moment, dit :

- Et combien y en a-t-il ?

- Deux, un garçon de vingt ans qui se nomme wilfried, et Ruth, qui vient juste d’avoir seize ans, Répondit Audrey Smith.

Qu’elle histoire ! Rose et Sabine n’en revenaient pas !

Surtout Rose car en un seul coup elle avait une tante et des cousins !

Quelques jours plus tard, les obsèques d’Ella ‘le fantôme’ eurent lieu.

Rose entourée de ses cousins était très émue, elle pensait à cette lointaine parente qui avait souffert le martyre, emmurée vivante à l’age de seize ans. Audrey lui offrit des obsèques somptueuses. L’église abondait de fleurs blanches, l’air embaumait, d’un parfum subtil. Des violons jouaient prés de l’autel où reposait le squelette d’Ella. Madame Smith n’avait rien omis. Un recueillement digne d’un roi régnait dans l’église comble pour la circonstance. Tout le village était là, et aussi la famille d’Amérique. Les journalistes, ne furent pas acceptés dans l’église. Le prêtre, pria l’assemblée, de prier pour la défunte, afin qu’elle retrouve la paix, et la sérénité près de l’Eternel, notre Dieu. Mais Rose savait qu’après ces obsèques, Ella irait retrouver la sphère des Saints, n’avait-elle pas assez souffert à la Grande-Hothe ? Vivante et morte.

Qu’avait été sa vie, près de cette folle ?

Une fois Ella en terre, tous ressentirent un soulagement, sûrs d’avoir fait une bonne action.

Le mari d’Audrey, son fils et le reste de la famille, afin d’éviter les journalistes se rendirent au restaurant ; Etienne était là, ainsi que Sabine et le prêtre.

Rose rayonnait, elle n’aurait plus peur désormais. Elle pouvait envisager des travaux. Sa famille d’Amérique n’avait pas besoin de son argent. Ils étaient très riches.

M.Smith possédait un laboratoire de recherche scientifique à Cranbury, dans le New Jersey aux Etats Unis, et l’argent ne leur faisait pas défaut.

Rose parlait un peu l’anglais elle pouvait parler à ses nouveaux cousins, et ceux-ci étaient fiers d’avoir une nouvelle cousine.

Ils décidèrent qu’ils iraient le lendemain, s’il faisait beau, pique-niquer tous ensemble à La Grande Hothe.

Ce qu’ils firent le lendemain, un soleil éclatant se leva dès le matin.

Les paniers pleins de victuailles, ils décidèrent de rester au rez-de-chaussée de la maison, à la fraîche. Les Américains scrutèrent là maison de la Grande-Hothe. Ils étaient en admiration devant ces jolies pierres, et proposèrent d’aider Rose, à la restauration future. Dès qu’ils gravirent le grand escalier, Rose eut un pincement au cœur. Elle avait eu si peur en ce lieu, mais quelle ne fut sa stupeur de ressentir une paix, et un calme absolu. On ressentait même une paix comme jamais auparavant on n’avait ressenti. Point de revenant ou fantôme !

- Son âme est partie, dit Rose. Et la famille Smith entonna un chant religieux, qui donnait un Echo dans la maison. Elle avait des parents formidables ! Aussi fut-elle heureuse d’apprendre de leurs bouches qu’ils resteraient un mois entier !

Elle-même avait envoyé sa lettre de démission à Paris, elle envisageait de faire des chambres d’hôte à La Grande Hothe. Le pique-nique fut une vraie réussite, Rose et Sabine riaient en tentant d’imiter les jeunes Américains.

Leur accent était effroyable, quant à Etienne, c’était pire, il maîtrisait très mal l’anglais.

Quelques jours après, ils défrichèrent le parc et plantèrent quelques fleurs. Les charpentiers étaient déjà à l’ouvrage, quand les travaux commencèrent à l’intérieur.

 

Dans le bureau, qui était si propre le jour de sa découverte Rose trouva les lettres de Léonce. Des lettres enflammées, qu’elle entretenait avec Hippolyte, Mais si ces lettres étaient là et que ce fut Monette qui venait en ce lieu elle devait être au courant de cette histoire d’amour entre sa maman et le bourgeois ! Et par la même, son lien de parenté. Mais elle ne l’a su qu’à la mort de Léonce. C’est Léonce qui avait gardé ce secret toute sa vie, et elle mourut âgée.

Rose passa un été de rêve avec sa nouvelle famille, les travaux furent presque finis, qu’ils prirent congés.

Sabine consola son amie. Mais celle ci s’était tellement habituée à elle qu’elle lui proposa de rester pour l’aider dans sa nouvelle tâche. Sabine sauta de joie ! En l’embrassant et accepta avec joie.

Les jours commencèrent à raccourcir, en cette fin d’août.

Ce matin là Rose se rendit sur la tombe de Monette, pour y déposer un bouquet de Dahlias. Elle était déjà là depuis un petit moment lorsqu’elle entendit des pas dans le gravier, elle sursauta ! C’était Etienne ! Il était un peu triste,

- Qu’as-tu ? Demanda Rose.

- J’ai peur que tu ne repartes pour l’Amérique !

- Ah ! Je pensais que ta préoccupation première venait de Sabine !

- Sabine ! Je m’en moque…..

- Ah bon ! Je croyais que tu étais amoureux d’elle !

- Je ne fais que penser à toi…. Dit-il, en baissant la tête.

- Grand bêta ! Ne vois-tu pas que si je reste c’est pour toi ?

Il se fit dans les yeux d’Etienne comme de petites étincelles, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

- En Amérique, nous irons tous les deux pour notre voyage de noces ! Il la prit dans ses bras, et plus rien n’existait autour d’eux si ce n’est cette phrase sur la tombe d’Ella :

 

 

Une fraîche et douce colombe s’en est allée au ciel béni,

Meilleure habitante de l’empire Céleste.

 

Elle ne fut sur cette terre que spectre et douleur,

Quel injuste ennemi la cacha à la lumière !

 

L’on t’a vue souvent airer en ces lieux,

Ella ! Pardonne, à ta tortionnaire,

 

Vous qui passez par-là, arrêtez-vous, priez !

Que le nom de Sainte, elle a mérité,

Priez pour elle, de là haut elle pourra vous aider !

 

 

Fin

 

 


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