- Qu’est-ce là ?
Interrogea Rose. En effet, Sabine descendit une mallette luxueuse de la
voiture.
- Un ordinateur
portable !
- Tu comptes travailler
ici ?
- Mais non ! C’est
pour faire des recherches par rapport aux fantômes.
Avant de dormir, elle prit
son ordinateur, le posa sur le lit et dit à Rose :
- Viens voir nous allons
apprendre beaucoup de choses !
Elle l’ouvrit et tapa le
mot fantôme ! Revenants ! Spectre !
Allongées sur le lit côte à
côte elle poussèrent un cri ensemble.
Quelle ne fut pas leur
stupéfaction de voir apparaître sur l’écran, une immensité de cites, sur les
fantômes. Elles continuèrent et tapèrent ‘aquitaine’ :
En voici quelques uns du siècle
dernier : Le trésor de la palombière :
Dés le printemps les chasseurs s’affairent
pour nettoyer, arranger la palombière des dommages subis l’hiver. Il était une
fois un jeune garçon, Joêl Ripal qui habitait à l’orée du bois et qui n’avait
peur de rien.
Quand il n’allait pas surveiller le
troupeau de mouton de son père, il allait dans les bois, aider les résiniers ou
chasser l’alouette. Il connaissait tous les coins par cœur. Ses jambes étaient
longues, et les Landais l’appelaient ‘le Pioc’. Il était ici et un moment après
il était là. Nul n’était aussi rapide que lui pour arpenter un pin et y poser
des apos. (Palombes posées et attachées sur un bâton pour attirer le passage
des palombes.) Hors ce soir là, il traînait du coté de la palombière de
Leucatoy. Joël épiait l’alouette, quant il aperçut un chariot bizarre traîné
par un cheval, et, deux hommes l’accompagnaient, un devant et l’autre derrière.
Comme il ne connaissait pas cet attelage
il se cacha derrière un gros pin.
L’attelage s’arrêta et les deux hommes
descendirent un grand coffre.
Ils marchèrent entre les deux bouts de la
palombière qui faisait un arc de cercle et comptèrent les pas. Ils ne parlaient
pas le patois et Joël vit qu ils n’étaient pas du coin,
Ils s’arrêtèrent et à l’aide d’une pioche
creusèrent le sable profondément.
Le coffre fut vite mis en terre pourtant,
il semblait lourd.
Tout à coup Joël se raidit, l’un des
messieurs donna un coup de pioche à l’autre et celui-ci tomba à terre. Alors ce
qui le surprit encore plus, c’est qu’il fit rouler le corps au font du trou
avec le coffre. Et puis tranquillement il reboucha celui-ci.
Joël tremblait de tous ses membres et
n’osait bouger ! Il comprit bien qu’il s’agissait là d’un trésor. Et
malheur à lui s’il bougeait ! Le bonhomme dit tout fort
- Voilà qui est bien fait ! Le diable
gardera le trésor à qui voudra bien creuser ici, il fera sortir le mort de
terre ! Et il ricana « - Quand le chien labourera et le chat hersera,
le trésor pourra être levé » Mais pas avant ! , Personne ne pourra le
prendre ! En fouettant son cheval, il s’en alla entre les pins ou le
soleil tombait. Quand Joël sortit de sa cachette il faisait nuit noire. Il ne
sentait plus ses jambes tant il avait eut peur. Comme s’il sortait d’un
cauchemar, il ne retrouva pas son chemin de suite. Aucun bruit ne se faisait
entendre, alors doucement il reprit confiance en lui et rentra chez lui.
Le temps passait, les saisons aussi, Joël
ne soufflait mot à personne, de son secret.
Il allait souvent du coté de la palombière
et regardait si quelqu’un avait remué la terre mais les fougères avaient poussé
dessus. Il se rappelait toujours des paroles du bandit, peut être lui
serviraient-elles un jour !
Dans toute la lande commençaient à
circuler de drôles de bruits : on apercevait près de la palombière de
Leucatoy un fantôme. Les gens ne s’y approchaient plus dès le coucher du
soleil, ni chasseurs, ni vachers, ni résiniers ! Les gens savaient qu’il y
avait un trésor en ce lieu, enfoui là avec son gardien !
Et celui-ci demandait meilleure sépulture,
étant possédé par le diable. Toutes les landes parlaient de la chose et le curé
allait souvent en procession bénir cet endroit maudit, mais le fantôme
continuait d’errer dans toute la lande et les habitants restaient cloîtrés chez
eux, le soir.
De temps en temps Joël allait voir si la
terre n’avait pas était remuée et se hasarda même de piocher, en cachette mais
la terre était si dure qu’il y renonça.
Quand il eut vingt ans, il se confia à son
grand frère de trente ans et il lui redit les paroles qu’il avait entendues.
Ils se mirent à l’œuvre et réalisèrent une
petite charrue miniature et une herse aussi.
Un soir de pleine lune, ils prirent le
chien et le chat et s’en allèrent avec leur attirail vers la palombière de
Leucatoy.
Ils attelèrent le chien et le firent
labourer un petit morceau de terre devant la palombière puis en firent autant
avec le chat pour la herse, fabriquée de leurs mains.
De retour à la maison le soir même ils
demandèrent à leurs parents de les suivre du coté de la palombière de Leucatoy.
Sa mère leva les bras au ciel et le père leur dit :
- j’ai vu le fantôme ce soir encore !
Ils suivirent tout de même leurs fils,
malgré leur peur, ils leur avaient assuré qu’il ne se passerait rien !
Joël compta les pas et aidé de son frère
ils creusèrent tour a tour. Enfin le coffre apparut, ils l‘extrayaient tandis
que la mère avait peur du fantôme. Une fois emporté à la maison, en l’ouvrant,
le père fut ébahi, de voir qu’il était empli de pièces d’or et d’argent. La
mère qui tenait la lampe échappa celle-ci à terre ! Puis dit :
- Mais c’est une fortune ! Ils ne
savaient pas trop ce que cela représentait, humbles ils étaient et humbles ils
resteraient, aussi, ils allèrent se coucher sereinement !
Le lendemain, au réveil la mère trouva un
squelette devant la cuisine, assis sur le banc, près de lui un mot était
écrit :
- Je veux aller au cimetière, merci !
La famille Ripal qui avait grand cœur
partagea le trésor aux alentours, et l’on se souvint longtemps du trésor de la
palombière Leucatoy, que Joel Ripal avait réussi à déterrer.
Rose
et Sabine qui retenaient leurs respirations, elles se regardèrent et Sabine dit
tout de go :
-
J’aurais gardé les pièces !
-
Drôle d’histoire ! Répondit Rose.
Mais,
elle, qu’avait-elle fait de mal ? Rien, sinon d’avoir hérité, Elle n’avait
rien demandé, elle menait sa petite vie tranquille, avant le décès de Monette.
Elles
allèrent se coucher, bien décidées cette fois-ci à élucider le mystère.
En
effet, le lendemain, elles prirent pelles et râteaux, balais et sacs poubelles
et commencèrent à nettoyer la maison de la Grande Hothe. Elles
mirent la musique du transistor à fond pour se donner du courage !
-
On commence par le haut, commanda Sabine !
Elles
avaient ouvert tous les volets et fenêtres, le soleil rentrait abondamment.
Au
fond du couloir, Sabine vit bien qu’une porte avait été emmurée.
-
Mais pourquoi ont-ils emmuré cette porte ?
Rose
cria pour lui répondre :
-
Je n’en sais strictement rien !
Chacune
un balai en main elles remplissaient des sacs de détritus qu‘elles jetaient par
les fenêtres ouvertes.
Il
y avait bien une quinzaine de chambres, mais elles n’allèrent pas dans les
combles. Pour cela, elles iraient avec Etienne. Elles nettoyaient la dernière
chambre du haut quand un bruit assourdissant se fit entendre comme si la maison
allait s’effondrer ! Elles se serrèrent une contre l’autre, et penchèrent
leur tête vers le fond du couloir. Une demoiselle ressemblant comme deux
gouttes d’eau à Rose glissait sur le plancher venant vers elles. Elles
refermèrent la porte vite fait et s’assirent à terre.
-
C’est ton fantôme ! Prononça doucement Sabine à l’oreille de Rose. Celle-ci
claquait des dents et était blanche comme la neige. Après un grand laps de
temps elles ouvrirent la porte doucement, il n’y avait plus rien. Elles purent
sans encombre finir leur travail. Le rez-de-chaussée était maintenant propre.
Elles feraient du rangement le lendemain.
-
En fait, il s’agit de s’habituer à elle ! Dit Sabine !
Rose
cette fois-ci comprit qu’elle avait des liens avec le domaine, il y avait là un
lourd secret que personne ne lui avait révélé. Et elle en demeurait bien
triste !
Ce
soir là, Sabine reprit son ordinateur et tapa : (Esprits fantômes) sur
l’écran était écrit :
_ Il y a les
esprits vengeurs, esprits faux savants, esprits ventre, esprits perturbateurs,
esprits bienveillants etc.…. âmes errantes….Esprits frappeurs…Le Japon croit à
ces esprits fantômes ou autres entités appartenant à un autre monde….
Puis
sur (emmurée’ fantôme.)
Ce
qui suivit les stupéfièrent, et elles en eurent des sueurs froides.
Plusieurs
titres de livre ou pièces de théâtre étaient énoncés. :
L’appartement
de Cordélia :
_ En fait la
vieille dame avait emmuré son fils, qui voulait partir avec une fille, avant de
mourir elle-même d’une crise cardiaque
etc.….
_ Ils
apprennent que le fantôme est une vieille dame morte des années plus tôt, après
avoir emmuré vivant son fils et tué la petite amie de celui-ci. etc.…
_ Il est le
fils de la vieille femme. Il est mort emmuré par sa mère. Afin de tuer le
fantôme de sa mère il pénètre dans le corps de Cordélia….
Quelle
horreur !
-
Tu crois que c’est vrai ?
Elles allèrent plus loin et
lurent ceci :
(Fantôme du chai, conte d’antan):
Le chai se trouvait à l’autre propriété, et
il fallait de nuit comme de jour se rendre là-bas. Ce soir là, Rodolphe, allait
avec son ouvrier faire les remontages des dernières cuves vendangées. Les jours
avaient beaucoup raccourci, et la nuit
venait vite avec la fraîcheur. Il y avait bien un kilomètre à pied, et après le
dîner, s’éclairant d’une bougie, ils arpentaient le sentier qui menait à
‘Mattofén’.
Aussitôt arrivés le patron commanda de se
mettre à l’ouvrage.
Jean se mit à pomper le jus qui sortait du
tuyau et se déversait dans un douil (petite cuve en bois) pour le remettre dans
la grande cuve en bois. Il faisait aller et venir le manche de la pompe.
Rodolphe lui demanda si, par hasard, il
avait encore entendu les bruits.
- Oui,
hier au soir après votre départ, une plainte d’homme venait du fond du
chai ! Je me suis approché, mais je n’ai rien vu. C’était peut être un
hibou au dehors.
- Figure-toi que l’autre soir, j’ai vu une
forme bizarre venir du fond du chai, j’ai mis cela sur le compte de l’alcool,
mais bien entendu, je me demande ce que c’est ! dit Rodolphe.
- Croyez-vous qu’il va revenir ?
Demanda Jean.
- Faisons notre travail, nous n’avons rien à
nous reprocher que je sache !
Apres avoir fini une cuve ils passèrent à la
suivante, tout en se relayant.
Combien de temps durerait la chose ?
Ces bruits, ces plaintes ?
Sa femme fit même venir le prêtre pour bénir
le chai, rien n’y faisait, les curieux voulaient venir écouter ces bruits
bizarres de Mattofen.
Rodolphe aurait bien aimé habiter dans cette
maison près du chai mais sa femme décréta qu’elle n’irait jamais habiter au
milieu des bois, et en plus avec un fantôme !
Il est vrai qu’ils habitaient tout près du
village, et les enfants étaient vite à l’école. Rodolphe suait à grosses
gouttes, et s’épongeait le front.
Je
vais vous remplacer, suggéra Jean. Le vin coulait rouge comme du rubis et
parfumait le chai. Les vendangeurs avaient quitté les vignes, seul Jean était
resté aider le patron, ce soir là. Sa jeunesse et sa robustesse le rendaient
infatigable. Il portait la hotte à vendange bien pleine sans jamais rechigner
pendant toute la journée. ! Ils arrosaient la rappe (pulpe et grappe de
raisin) par en haut et le jus coulait. La fermentation se faisait bien et une
odeur âcre chatouillait les narines. Jean habitait
tout contre le chai, une chambre donnant au sud. Il vivait seul et n’avait pas
encore rencontré de femme voulant habiter là. Pour le moment il était bien tout
seul, et il pensait que les femmes ne donnaient que des ennuis.
- Allez vous reposer ! dit-il au
patron, je vais finir, ma chambre est juste derrière la porte.
- Bon à demain ! Et n’oublies pas de
bien refermer le robinet de la cuve avant d’aller dormir. !
- Comptez sur moi, dit-il.
Une fois Rodolphe parti, Jean s’assit pour
souffler un peu. Il avait grandement le temps de finir la dernière cuve. La
flamme de la bougie posée sur une barrique vacillait. Il est vrai que ce chai
était empli de courants d’air.
Il se roula une cigarette, lorsqu’il releva
la tête, un homme en haillon, grand, le nez busqué, un chapeau de feutre gris
sur la tête, marcha vers lui. Tout à coup le chai avait changé, ce n’était plus
des dalles par terre mais la terre elle-même. Au plafond un vent s’infiltrait
et laissait voir des lueurs de lune.
- C’est l’alcool ! Se dit Jean !
Il se hasarda à dire Bonsoir ! L’autre le regarda avec
des yeux qui lançaient des flammes.
- Je ne vous connais pas ! Reprit
aussitôt Jean. Il marchait avec des chaussures faites de peaux si l’on peut
appeler cela des chaussures tant elles étaient pointues. Sa barbe blanche était
si longue qu’il aurait pu s’en faire une perruque. Enfin il se mit à
parler :
- Bonsoir jeune homme ! Sa voix était
si rauque que Jean prit peur ! Il lâcha sa cigarette qui tomba dans le
vin ! Il fit le geste pour la sortir mais l’homme lui prit le bras ! Sa
main était brûlante !
- Laissez cela ! Reprit la voix rauque
j’ai vu pire !
- Mais par où êtes vous entré ? Demanda
Jean.
Comme il avait arrêté de pomper, le vin
commençait à déborder. Il ferma aussitôt le robinet en tremblant.
- Ah mon pauvre ami, par où je suis
entré ! Tu ne connais pas ma souffrance ! Il y a cent ans que je suis
ici, et toi seul peut m’en délivrer !
- Moi ! Mais comment ? Jean
claquait des dents,
- Par ta main innocente !
- Je ne vous connais pas ! Réussit à
articuler Jean.
Il se trouva par terre sur la terre froide,
sans s’en rendre compte.
L’homme le dominait et il continuait de
parler de sa voix lente :
La lueur de la bougie le faisait ressembler
à un spectre, oui un spectre ! Il ne sut comment il réussit à rester en
vie tant il avait peur.
- Mon enfant, il y a très longtemps, j’ai
tué un homme !
- Quoi ? s’exclama Jean
- Oui, je venais comme toi aider mon maître,
dans le chai, j’étais amoureux de sa femme ! Il n’y avait pas de pompe, il
n’y avait pas de robinet, tout était fait à la main ou à coup de seau. Nous écrasions la vendange avec les pieds, et
ils n’étaient pas toujours propres ! Je lui passais les seaux, qu’il
vidait en haut d’une échelle tout en haut de la cuve. Quand l’idée me prit de
pousser l’échelle ! Il tomba la tête la première, et se cassa le cou. Bien sûr
je consolais sa femme, pour l’épouser ensuite. Pris de remords, je ne pouvais
plus dormir, et un soir que j’étais ivre, je déclarai tout à ma femme. Elle ne
dit rien à cause de ses enfants, mais fit chambre à part à partir de ce jour
là. Un soir comme celui-ci je tombais dans une cuve en ébullition. Devant le
« très haut », je fus condamné à souffrir jusqu’à ce qu’un jeune pur
d’esprit et de cœur ne vienne me délivrer à cette même date.
Jean n’en croyait pas ses oreilles, et il
crut défaillir quand il lui dit :
- Merci, je vais quitter maintenant le
purgatoire grâce à toi. Je vais être au paradis. Et, de là haut, je veillerai
sur toi !
Quand Jean revint à lui le chai était
redevenu comme avant, et le vieillard avait disparu.
Il mit longtemps pour reprendre ses esprits
et il se demanda s’il n’avait pas rêvé. Mais il se rappelait la voix rauque du
vieillard, et sa main brûlante.
Le lendemain il ne put se retenir de
raconter son histoire, dans les vignes, et tous se mirent à rire. Sauf
Rodolphe, il s’était renseigné depuis longtemps, et il apprit dans les archives
de la mairie, qu’un homme
s’était asphyxié dans une cuve, en faisant son vin dans ce même chai il y avait
cent ans de cela jour pour jour !
Sabine et Rose eurent la
chair de poule : brrr !! Il fait froid !
Elles se blottirent l’une
contre l’autre, impressionnées par ces histoires !
- Quel châtiment ! Il
doit y en avoir beaucoup qui attendent, dit Rose, que quelqu’un vienne les
sauver !
- Tu crois qu’il y en a
beaucoup au purgatoire ? Répondu Sabine.
-Plus
que l’on ne croit, peut-être.
Rose
ne savait plus vers qui se tourner et elle décida que dès le lendemain elle
irait voir le prêtre.
Si
on faisait une prière, il paraît que les âmes n’attendent que cela!
Elles
se mirent à genoux, et récitèrent le ‘Notre Père’ et le ‘Je vous salue Marie’.
Elles se sentirent de suite beaucoup mieux.
Sabine
appuya sur le bouton de la télévision : Enfin un peu de gaieté ! Sur
scène les chanteurs et les chanteuses leur firent oublier un peu leur frayeur.
Rose
éteignit la télé soudain, elle ne supportait pas la musique en ce moment.
La
nuit, Rose s’agita dans son lit et elle apercevait Monette qui lui faisait
signe :
-
Viens, viens. !
Quant
à Sabine elle cria tout à coup, et se redressa dans son lit.
-
Oh ! Ce cauchemar !
-
A quoi as tu rêvé ?
-
Le fantôme me poursuivait dans le couloir de la Grande Hothe, et je me
jetais par la fenêtre pour lui échapper !
Le
lendemain matin, Rose déposa Sabine près du super marché, elle, elle irait voir
le prêtre. Elle venait petite, tous les dimanches à la messe, avec Monette qui
était très pieuse. Elle sonna et la bonne sortit,
-
Monsieur le curé est-il là ?
-
Non, mademoiselle, il est parti dans une autre paroisse.
-
Quand sera-t-il là ?
-
Vers sept heures.
Elle
allait rejoindre Sabine quand elle passa devant l’hôtel du village. Elle
s’arrêta et demanda si Mme Smith était encore là. Elle venait de partir la
veille pour l’Amérique.
Etienne
avait beaucoup à faire avec les moissons, mais Rose espérait qu’il en aurait
bientôt fini d’engranger. Elle le croisa avec Sabine au retour du super marché
! Il poussait le cadi, elle s’arrêta et ouvrit la malle. Il la salua.
-
Tu en fais une drôle de tête ! Lui dit-il.
-
Heureuse de me voir, j’espère !
Rose demeura
surprise de voir Etienne avec Sabine.
-
A propos, nous l’avons revu dit Sabine, en s’adressant à Etienne.
-
Qui cela ? Le fantôme ! Répondit celui-ci.
-
C’est peut-être, nous, qui fabriquons nos fantasmes, reprit Sabine.
-
Balivernes ! Même qu’elle me ressemblait ! Souffla Rose.
-
On aura tout vu ! Continua Etienne.
Et
Rose excédée, lui fit la demande des plus ahurissantes qui soient. :
-
Etienne quand tu auras un moment, pourrais tu venir à la Grande Hothe avec du
matériel de maçonnerie, pioche et marteau-piqueur ?
-
A vos ordres mademoiselle, demain matin neuf heures ! J’y serai !
Puis il repartit en les saluant.
-
Ne me dit pas que tu veux casser le mur ? S’indigna Sabine qui aimait les
belles pierres.
-
On verra bien ce qu’il y a derrière ! Y avait-il un trésor derrière cette
porte ? Peut-être qu’à cause des pillards ils emmuraient les trésors afin
qu’ils ne soient pas découverts.
Le
soir elle alla voir le prêtre, il la reçut avec joie,
-
Mlle Evrard ! - Comment ça va ? Rose ne sut que dire, et le prêtre de
continuer.
-
Cette pauvre Monette nous manque bien.
-
A propos, monsieur le curé, saviez-vous si Monette avait une cousine ?
-
Pas à ma connaissance ! Vous savez Monette était une femme discrète et
elle ne racontait pas tout. Sa famille a été éprouvée. Vos parents morts dans
un accident de voiture, Son mari Boris est parti avec la tuberculose. Et
son père, mort au champ d’honneur.
-
Monsieur le curé croyez--vous aux fantômes ? Rose enfin pouvait en parler
à quelqu’un de familier !
Ce
prêtre était si brave, il venait souvent, partager le repas du dimanche ;
Ma
fille, le principal est d’être en harmonie avec les lois de Dieu.
-
Vous n’avez pas répondu à ma question, monsieur le curé.
Il
se peut, continua le prêtre que des personnes soient possédées par le Démon et
seuls les prêtres exorcistes peuvent libérer la personne du démon. Pour ce qui
est des fantômes, je doute que ce soit vraiment cela. Autrefois, il y avait
bien des phénomènes, qui se produisaient dans certains endroits, mais à savoir
si c’était vraiment des entités !
-
Qu’est-ce que les entités ? Demanda Rose.
-
Cela peut être des esprits ou âmes errantes, n’ayant pas reçu les soins
nécessaires ou à la rigueur, ayant subi des atrocités à leur mort et qui
demandent réparation.
-
Comme à La Grande Hothe ?
-
Bah ! Ce ne sont que des commérages !
-
Il se trouve Monsieur le curé, que j’ai hérité de La Grande Hothe et j’ai vu ce
fantôme !
-
Si tu veux, je viendrai bénir la maison dimanche après la messe, ainsi ton
fantôme s’en ira.
-
Je n’ai pas connu les anciens propriétaires, je n’étais pas encore
nommé ici.
Rose
était rassurée, et prit congé avec joie ! Elle en savait un peu plus et il
lui tardait de savoir ce qu’il y avait derrière ce mur.
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