VI CONTEMPLATION
Contemplation, voici le maître mot de votre apprentissage au plus grand jeu qui soit, celui où l’imagination sans limites trouve ses consonances et vous apprends les dissonances, ces fêlures qui existent dans le cœur de l’âme Humaine, ces ersatz qui pleuvent dans la pensée et l’obvient, toutes faces et tous masques, des plus comiques aux plus tragiques, que vous devez comprendre pour mieux les isoler et leur rendre leur juste valeur dans l’archéomètre composant votre Esprit, instrument remarquable pouvant jouer de toutes les mélodies comme de toutes les symphonies, mais aussi de toutes les cacophonies.
Contemplation, l’Or prairial est ici dans ses conséquences, ses déterminations et dans ses téméraires aventures, celles qui mènent de l’infiniment petit à l’infiniment grand, du microscopique au macroscopique, car tout est en un et un est en tout, et vous verrez dans vos voyages s’agencer ce postulat universel qui vous fera réfléchir à toutes situations, toutes contraintes, toute forme du devenir comme toute latitude de l’avenir, par delà les affines passions, les fortes pulsions, par delà les agencements les plus ciselés comme par delà les roches brutes et fauves qui sillonnent les terres.
Contemplation en croix en la nef du Temple de la Terre, vous pourrez être et déjà ne plus être, passer d’un état au suivant dans la reconnaissance de chaque caractéristique qui fonde l’Humain en sa désinence et son sacre, de la matière le premier feu qui ne s’isole mais façonne jusqu’à l’Etre devenu que vous êtes, miroir du mouvement, de la liberté d’entreprendre et circuler, libre destin de l’essaim terrestre, dont l’augure est tremplin de l’Esprit qui vogue au-delà des contingences grâce à l’imaginal, sans barrières et sans limites, en reconnaissance de tout ce qui est, dans la compréhension sinon dans l’effleurement de la perception qui va bien plus puissante dénomination, celle de votre Ame qui s’élance au-delà de toute gravitation pour connaître les fondements des Univers.
Contemplation qui voyage et perpétue ce voyage dans l’allégorie qui devient architectonie de chaque face de votre demeure, image de la demeure de l’Eternité, en ses volitions, ses forces, ses épanchements, ses desseins, ces ambres en majesté que chacun de nous réfléchie dans la pureté et l’innocence, dans cet Art unique qui est celui de l’Unité de toutes choses, de toutes forces, de toutes évanescences comme de toutes concrétions, Unité majestueuse dérivant et déclinant toutes forges célestes et toutes devises de l’Eternel, reprises au sein de cette harmonie suprême où rencontres sont la transcendance et l’immanence.
Contemplation sans dérives, sans naufrages, par delà les frontières du vide lui-même qui se comble de toute existence, de cette Magie souveraine qu’est la Vie allant de rivages en rivages les étreintes les plus nobles et les plus révélatrices, oeuvrant de ci delà les arcanes des participations les plus éloquentes, les plus vives, et les plus imaginatives, pour qu’elles montrent le chemin dans le chemin même de la multiplicité des Vivants dont la vie attend le miroir, l’onde souveraine, l’incarnat suprême et ouvragé.
Contemplation, alors que se taisent les cieux pour se parer des étoiles en nombre, de ces soleils de feu autour desquels gravitent un nombre incalculable de planètes, sur lesquelles la Vie se répand, sans abri sinon celui de la volition évolutive, la volition graduée et supérieure délaissant aux abîmes les scories, les mansuétudes de la folie, les ivresses barbares, les reptations fétides, toutes formes sans lendemains en la cristallisation de son axe qui, mantisse, s’œuvre et œuvre participe de la création Absolu en sa divinité comme en sa Gloire, seuil inexprimable dont l’atteinte et perpétuation et résolution.
Contemplation d’autres Univers en leurs prismes essentiels qui gravitent la perfectibilité, annoncent la félicité, et dans les ombres les chutes erratiques, de ces maux qui défont les civilisations les plus humbles comme les plus lumineuses, leurs chants entonnant les hymnes des tréfonds pour porter au langage la conscience de l’admissible comme de l’inadmissible par la Voie en ses réponds et ses horizons, des âges les semis, les ouvertures, les fracassantes indéterminations, et les violentes destructions qui furent et perdurent sur d’autres mondes enceints de nocturnes indécisions.
Contemplation qui tait l’accroire que les civilisations Humaines seraient les seules détentrices de la Vie, alors que des milliards et des milliards d’étoiles content l’ascension de la Vie elle-même dans son immaculée densité, alors que par la nuit étoilée se devine par delà le sérail des temps comme des espaces, des stances magnifiées qui illuminent le versant des pôles, dans l’acclimatation des feux solaires qui ne s’égarent, là où se fondent des mouvances et des combats tragiques, là où chacun en son espérance sans limite évertue le seul feu de sa compréhension pour d’une félicité venir les mondes en leurs prestiges, leurs destinées et leurs accomplissements, qui tous viennent la formalité de cette réalité qui doit maintenant conjuguer l’essor de votre Imaginal.
Contemplation de ces mondes et de ces rives, de ces Etres et de ses enchantements, de ses prouesses et de ses sens, dans la détermination qui fonde la magnificence, ici se tiennent les tenants et les aboutissants de ce qui ne s’exprime, de ce qui ne se voit, de ce qui est inexprimable, car conjugaison de l’essor transcendantal en son union avec la Nécessité Immanente qui veille chaque écrin de son déploiement, dont vous faites partie, infinitésimale certes mais nécessaire à l’accomplissement, celui de l’expansion sans limite de la Vie par les milliards et les milliards d’Univers enfantés et fécondés.
Contemplation des chants et des hymnes qui parcourent les immensités et dont vous pouvez entendre les voix par les chœurs qui régissent la course des univers, dans leurs frondaisons, dans leurs orées, dans leurs citadelles couronnées, dans leurs féeries adventices, dans ces cours charnelles où l’eau vive se déploie pour d’un oriflamme enfanter la raison et sillonner les espaces et leurs sources comme les vagues des Océans les plus pugnaces, ceux qui fertilisent les sols, ceux qui jaillissent les fontaines de jouvences, ceux qui dans leur nature sont hospices de l’embrasement salutaire hâlant les vierges horizons.
Contemplation de ce monde en vous et des mondes en dehors de vous qui se ressemblent, s’assemblent, se correspondent, ne s’éperdent dans des questions sans réponses, mais vont au-delà du simple apprentissage pour couronner par leur limpidité l’extraordinaire vitalité qui se doit, afin d’initier ce port salutaire de la raison de la Vie, dans sa solsticiale appartenance, solstice du jour, solstice de la nuit ouvrant les portiques de l’Harmonie en chacun, et pour chacun et par chacun dans ce temps comme cet espace, dans ces temps comme par ces espaces que vous contemplez.
Car tout ce qui est en haut est aussi tout de qui est en bas, dans l’arc en ciel de la beauté qui nanti la course des mondes comme votre propre course par ce monde, et l’Imaginal en sa raison vous conte cette ardeur à laquelle votre sensibilité ne peut que consentir, sauf si elle est déviée par une quelconque scorie dont vous savez désormais vous séparer, pierre brute, devenue diamant vous transmettrez cette Harmonie qui est cœur de tous les Univers et pour lesquels tout Etre Vivant est né dans l’enchantement comme dans la composition, fractale universelle de la lumière qui jamais ne se lasse, qui jamais ne vous abandonne, qui toujours présente est respire de toute vos forces.
Ainsi dans la contemplation la Magie qui se signifie, cette Magie universelle qui est le Temple de la Raison, cette Magie en concaténation de tous les actes comme de toutes les forces qui dans l’ordonnance de la volition est concrétisation, qui dans la faiblesse de l’appropriation est source de dégénération, ainsi et pour toujours, dans les temps qui ne comptent, car le temps n’est qu’une expression individuelle, en aucun cas le temps de l’Autre ou des Autres, et le temps peut être dépassé par la course de l’Imaginal qui transcende chaque graduation de sa quantité, exploitant ainsi de saut en saut les formes les plus éthérées afin d’illuminer le réel dans ses temporalités comme dans ses espaces les plus infinis, jusqu’à la rencontre de cet ultime destinée, l’Absolu Souverain, qui dans son faste nous comprend et comprenant nous assigne sa régénération dans le sublime, l’étoffe irradiante et non le haillon qui meuble de son paraître les écumes des déserts, les brumes des forêts profondes, les anses sauvages des mers délétères.
Contemplation, vous y voici et dans la compréhension de ce que l’on nomme mystères qui n’existent que dans la perte de la raison, car les mystères n’existent que pour gréer des pouvoirs sans noms et sans notions, des pouvoirs qui ne sont que des lieux de basses fosses où s’agitent le désordre et l’irraison, vous y voici impétrants de la Vie pour la Vie et en la Vie, le lieu ici n’a plus mystère de ces sortilèges et de ces incarnats, le lien n’est plus volatil, le lieu et le lien sont inexorablement attachés à la Vie et dans la parole à la Voie qui se lève comme le soleil dans une aube translucide, un soleil invincible qui parle de la nature Humaine, en ce lieu et en ces temps Humains qui se conjuguent.
Contemplation, et de la vision de l’Ame s’ajoutent et s’exposent les visions de l’Humain, de ses origines, de son accomplissement, de sa parousie, de sa divinité, et sèment ces visions les ordres qui se tressent comme les affluents de ce fleuve de la Vie qui ne se parodie, où la Vie trouve sa génération dans l’osmotique aventure de la Matière et de la Spiritualité, puis dans la genèse mature l’Esprit qui devient et apparaît pour signifier la Liberté et son degré d’action majeure, en la présence de ce substrat que nous nommons en ce lieu l’Humain, né pour cette aventure extraordinaire de la Vie.
Contemplation de la Nécessité qui dans la reconnaissance de toutes formes de l’Absolu se doit à la Matière pour en définir l’irradiation, comme à la spiritualité pour en élever l’avenir, par l’Esprit, concaténation de toutes formes et de toutes forces, délibérant la condition de l’événement symbiotique permettant à l’Humain de s’élever par l’Unité dans la tripartition de ses règnes, vers cette quadripartition avenant sa nature Spirituelle rayonnante et immaculée, potentiel de cette transcendance le fondant dans l’Immanence et lui permettant de se développer en tant qu’entité au-delà des contingences de la matérialité, des contingences des temps comme des espaces.
Contemplation, en force de la reconnaissance de la temporalité, par l’espace des temporalités, en devenir de la régénération du chœur sacré de l’Absolu Souverain, degré sublime qui ne peut être exprimé au cœur de cette latitude en laquelle nous sommes Vie et lumière de la Vie, en laquelle l’œuvre est conjonction, de par les nécessités, orientation, traduction de la raison dans sa réalité et sa vivacité, ultime perception qui se doit afin d’initier ce chant qui viendra naturellement lorsque vous serez en possession de ce rivage conjoint qui se décline dans la raison de votre expérience initiée.
Contemplation donc, de ce séjour qui gravite la Vie, ici, en ce lieu de la terre et de ses compositions, par toutes les formes comme toutes les espérances, qui s’inscrivent et se diversifient suivant les degrés tripartis en l’Etre et ses ascensions, des corps primitifs les natures qui se distillent dans le magma fécondé, des transes matérielles les essaims parasites de toutes les faces de cette terre qui se dissolvent dans la destruction, des instances spirituelles les masques avides qui se fondent dans une cristallisation sans devenir, matière et spirituel se voyant l’une l’autre substituée dans l’infécondité de leurs termes.
Contemplation qui dévoile les masques et arbitre les chants, ceux de ces sources décrites qui vont et viennent telles des sangsues sur le corps de l’Humanité, s’abritent derrière les mots et les armes pour détruire la beauté, pour enliser l’harmonie, pour destituer la raison de la Vie dans des bourbiers sans nom dont les félicités ne sont que des abstractions au sens de cette réalité dont nous parlons, qui est celle de la Lumière, de la Voie, menant au-delà du chemin de Croix qui est là pour élever l’Humanité, lui rendre sa grâce et sa félicité, le sens de son aventure nuptiale et signifiante.
Contemplation, ainsi en cette nef de cristal qui pour cette nuit sera votre parure et votre chant, votre devoir et dans la volition votre propre ordonnance, contemplation donc dans cette nef sacrée qui est volonté et marque de Notre Seigneur Jésus Christ qui a su montrer à l’Humanité par son dévouement, ses actes, et son accomplissement, que chacun d’entre nous peut aller au-delà de ce chemin et tel l’Esprit au dessus des eaux, voguer au dessus de la Croix, à sa ressemblance, pour mieux guider chacun d’entre nous vers la Lumière…