Miséricorde
Des heures du passant, alors que nous marchions
dans l’architecture couronnée de notre Ordre, un
vent mauvais nous signalait les hordes sans nom
qui voulaient nous atteindre et nous détruire de
notre sort, des troupes aguerries, de
formidables guerriers dont nous avions déjà
connu la lame, dans ces combats d’hier, que nous
croyions pour un temps disparu tant la trêve
perdurait dans ces semis d’oliviers où nous
avions renouvelé l’amour du Christ. Le firmament
disparaissait derrière la brume et leurs chevaux
légers se propageaient pour nous encercler, nous
les laissions venir, trempés dans l’acier et la
Foi, le regard franc devant leur agressivité
forcenée. Déjà la bourrasque des flèches de
leurs archers pleuvait drue sur nos troupes
enserrées, et déjà la mort parlait, de l’ami
d’hier, du méconnu, du frère, dans la tourmente
gréée qui maintenant se propageait sans limite.
Il nous fallait vaincre où mourir. Lors arguant
de nos destriers nous nous élançâmes dans la
mêlée.
Et la bravoure fut, et la force fut, et ces deux
raisons des armes dans le cœur vaillant et
intrépide de nos troupes fulgurèrent le destin
de cet impitoyable combat, voyant les guerriers
farouches fuir devant nos assauts intrépides,
laissant derrière eux blessés et morts, et
d’autres encore hébétés par la terreur et la
peur accouplés, incapables de combattre, les
yeux rivés vers l’infortune et le désespoir.
Nous les ramenâmes dans l’enceinte de notre
fort, et là calmés des ardeurs des combats,
prirent position sur leur sort, qui ne pouvait
être celui du commun, car en leur bravoure
justification d’une clémence qui n’était
ordonnée par la colère, la haine, ces
précurseurs de la bêtise affiliée à l’ignorance.
Ici se tient le lieu et là le second degré de
notre Chant.
Bien des êtres de ce temps auraient donné pour
conclusion la mort à ces êtres prisonniers de
leurs méfaits. Bien des êtres, sans se soucier
de leur respire, de leur conscience, de leur
clarté individuelle, bien souvent dans l’ombre
des passions, n’auraient eu d’autres ambition
que de les voir se balancer au bout de la corde
des gibets et des potences. Et qu’auriez vous
fait ? Je vous le dis, si vous n’aviez déjà en
vous la Charité pour écrin, vous les auriez
vous-mêmes condamné à cette mort qu’ils
cherchaient à donner, sans comprendre un seul
instant que ce que vous alliez rendre à Dieu,
était de votre espèce, de votre chair, de votre
famille Humaine, de ce chant de la Vie qui se
propage et parfois s’illumine, et parfois
s’endeuille, toujours se déclare au soleil
levant comme au soleil couchant. Oui, vous
auriez commis ce sacrilège qui est celui de voir
son ennemi détruit devant vos yeux. Et l’auriez
vous convaincu de votre Foi éternelle en
commettant ainsi ?
Non, bien entendu, nul d’entre ceux que vous
auriez conduit à la mort ne se serait interrogé
sur la pureté de votre Foi, sur l’allégresse et
la joie qu’elle porte, sur cette ramure
indescriptible qui voit chaque Humain prédestiné
à l’Humain et par delà la temporalité à la Vie
fantastique et magnifiée, nul et chacun d’entre
eux n’aurait eu à votre égard au moment de sa
disparition physique que haine à votre égard. Et
maintenant, en Charité, qu’inscririez vous pour
ces Etres vivants devant vous, ces Etres qui
sont nés, ont été des enfants souriants, ont été
des adolescents pleins de vivacité, et
maintenant des hommes de plénitude ?
Qu’inscririez vous dans le marbre de la devise
éternelle sinon que cette motivation profonde
née de l’Etre allant vers l’Etre, bien plus
puissante que la Charité ? Tout simplement la
Miséricorde !
Pilier mémoriel de tout ce qui transcende
l’univers dans son accomplissement comme dans sa
désinence, la Miséricorde est le fer de lance de
toute viduité, Miséricorde pour la Vie,
miséricorde pour tous les Etres Vivants,
miséricorde pour l’oiseau, pour le loup, pour
l’agneau, Miséricorde à l’encan pour tous les
Humains, nos sœurs et nos frères en volonté de
Dieu, Miséricorde toujours renouvelée dans le
feu de l’action et dans la pure contemplation
qui prédestine toutes actions, Miséricorde pour
toutes faces de la Vie en la Vie et par la Vie,
dans cette étreinte voyant passant l’heure de
l’écume, là en ce lieu interstitiel entre ce que
nous nommons la Vie et la Mort, pour rendre à la
Vie sa Lumière et son éblouissant langage, celui
de la détermination vitale et arborée !
Ainsi dans le signe qui convient, je viens de
vous rendre profane l’action souveraine qui ne
se méprise, qui ne se targue ni ne se fête, une
action juste et salvatrice déployant ses
oriflammes par toutes vagues des Océans, cette
particularité de l’Humain de faire en sorte que
la Vie ne se quitte dans le tumulte et la
dénaturation, que la Vie au regard de la Vie
toujours donne la Vie et jamais ne se lasse, car
chaque particule de son Chant est d’une
nécessité absolue au front de la transcendance
qui se perpétue en ses volitions, ses
ordonnances, ses conjonctions, ses œuvres et ses
respires, des plus humbles comme aux plus
sacrés, des plus nobles comme aux plus
belliqueux, dans le témoignage des facettes de
ce cristal ultime qui apparaît dans l’onde
souveraine et la clarté de ce monde où chacun de
nous est présent et signifiant, où chacun de
nous est prestige et luminosité.
Miséricorde, et notre cri de grâce était là
devant ces Etres ayant embrassé une foi de
soumission, leur révélant notre pure intention,
leur dessinant la vision claire et établie qu’il
n’existait en nous ni haine, ni désir, ni de ces
sensations évertuées par le dur combat et
l’épreuve de ce combat voyant ramenés alentour
nos morts et nos blessés, et leurs blessés aussi
pour leur donner ce soin que chacun se doit de
donner à l’autre dans l’épreuve, dans cette
terrible épreuve des armes qui ne devrait
exister dans la parure de ce monde si ce monde
n’avait été justement conçu pour nous mettre à
l’épreuve de cette parure manichéiste qui
parodie le sens de la vie, où le sens des idées
conflue vers la négation des autres idées dans
la croyance souveraine d’accroire qu’il fonde
l’avenir alors que chacune en ses souffles
qu’ils soient positif ou négatif ou dévié dans
un sens ou dans l’autre, rejoint la citadelle
qui se doit de naître et de prospérer.
Miséricorde donc, voyant ces Etres renaissant en
nos actes et nos prouesses, les uns les autres
se réclamant, les uns les autres voyant avec
respect le dessein de leur vie se poursuivre
sans l’acrimonie de la servitude et encore moins
de leur disparition, stance s’il en fut de plus
belle à voir dans leurs faciès redorés par un
ineffable sourire qui initiait ce remerciement
naturel du combattant pour le combattant, mais
bien au-delà de l’Humain pour l’Humain, qui dans
son aristocrate grandeur compose l’avenir, sans
s’écarter de la Voie Humaine la plus nécessaire
et la plus sacrée. Et nos propres sourires
devant cette joie à peine dissimulée, notre
propre joie devant ces Etres délivrés du fardeau
de la désespérance et ses fléaux. Ivoire de
certains les larmes et le couronnement devant la
mansuétude de notre Ordre qui jamais ne faillit
dans ces instants terribles où la Vie œuvre et
ordonne.
Ainsi la miséricorde qui ne s’entend uniquement
sur le respire de ce que pouvez vivre
frontalement mais bien entendu sur tout ce qui
est Vie et mesure de la Vie par le couronnement
du sacre des Vivants en ce lieu de la Terre, en
ce lieu de votre enfance, en ces Pays qui vous
sont racines, et ces multiples Pays dans
lesquels la souffrance s’inflige par des êtres
sans renom, des fois dévoyées, des rites sans
lendemains, gloses des âges des ténèbres qui
font supporter aux Etres Humains la panoplie des
guerres et des outrages, de ces vastes
déliquescences qui sont les brumes des stances
du développement de la Vie, qui sont les défauts
des pierres d’œuvres abruptes et sans avenir qui
faillissent dans la mission du vivant.
Car ne vous y trompez ils sont sur les cordes
raides de ce qui est informe et forme, à peine
sortis du néant que déjà voulant revenir au
néant, dans de vastes démesures qui sont l’image
même de ce gouffre amer qui forge la minéralité
et ses dantesques écumes, pierres du servage,
pierres de l’atrophie, pierres en ruptures qui
semblent briller mais qui ne sont que pauvres
cristaux amers et voilés qui sont les parures de
toute monstruosité et de toute barbarie, affines
dénatures dont vous rencontrerez jusqu’en ces
lieux de pouvoir les injures et les flatteries,
de basses courtisaneries qui infectent les
pouvoirs pour mieux les réduire à leur dominante
scorie, qu’il convient ici même de comprendre en
la pure Miséricorde qui nous tien lieu car
mesure de leur déclin, dans la compréhension de
leur dessein mis à nu dans le fleuve éclatant de
la Vie qui progresse comme un fleuve souverain
parmi les rives de ce temps et de cet espace où
nous sommes tous liés les uns aux autres.
Miséricorde donc, deuxième pilier de votre
évanescence, Miséricorde pour chacun d’entre
nous et pour tous les Etres Humains qu’ils
soient de la Lumière la transcendance, qu’ils
soient de la noirceur les récepteurs,
Miséricorde pour démonstration du chemin à
naître par delà les scories, les failles, les
oublis, les sempiternelles atrophies qui
s’applaudissent, les nanismes quels qu’ils
soient, les impostures, les méprises, les
querelles, les écheveaux de l’infidélité au
sacre de l’Humain, Miséricorde par toutes voix
dans la Voie sereine qu’il convient de déployer
dans l’affirmation de la Croix qui nous
prédestine, nous uni et nous relie à l’Eternité,
des cieux, des terres, des vents, des eaux,
éclairs du mystère de l’Etre debout au milieu
des puissances les plus chimériques comme les
plus transcendantes, toujours en veille,
combattant de la Vie pour la Vie et par la Vie,
en la Vie salvatrice et désirable.
Et ici comprendrez vous qu’il n’est de miroir ni
même de falaise pour cacher la témérité de nos
odes, qu’il n’est de brouillard pour masquer
notre volonté, qu’il n’est de désert profond où
nous perdre, car nous sommes porteurs de cette
vitalité naturelle qui élève et non n’affaiblie,
car nous sommes vivants de la Vie elle-même dans
son élan supérieur et sa randonnée souveraine,
car nous sommes Guerriers de la Vie, son
étendard comme son oriflamme, et rien ni
personne ne pourra taire notre destin qui est
celui non de la complaisance, non du parjure,
non de la forfaiture, non de ces brisants qui
font et défont les pouvoirs larvaires qui
s’imaginent le pouvoir, et ne nous connaîtrions
nous point qu’en ce degré de la Miséricorde,
déjà nous nous reconnaîtrions quelque soit le
lieu, quelque soit l’espace.
Ainsi vous faut-il comprendre ce sens de
l’éblouissement pour entrer dans ce jeu de la
raison qui veille, dans cette force fabuleuse
qui est le cristal souverain de chacun et que
chacun doit éveiller pour en apprécier la gloire
infinie, ces degrés de compassions, ses degrés
de conjonctions qui mènent tout un chacun vers
la prospérité de ses états, dans ses capacités
les plus profondes dont les complémentarités
nous sont fastes et demeure, dont les harmonies
nous sont splendeurs et majestés, dans
l’autorité comme dans la fécondité de
l’autorité, dans cette vaste propension à Etre
que l’Etre enfin initié déploie comme l’étoile
le firmament de ses ondes pour réchauffer le
cœur des planètes, ici le cœur des Etres
Humains, nos sœurs et nos frères en Dieu que nul
ne peut conduire à l’affliction, que nul ne peut
conduire à la mort, que nul ne peut chercher à
soumettre, sans rencontrer sur son chemin, notre
Foi, notre Joie, notre Demeure étincelante et
foudroyante.
Ordre de la Charité et plus encore de la
Miséricorde ou vous, impétrants, cherchez non un
refuge mais une Eternité, vous faut-il bien le
comprendre, car si vous ne le comprenez, il
n’est de notre lieu votre renaissance, sinon
qu’en l’accomplissement miséricordieux de notre
désinence qui vous éveillera vers ces autres
Ordres qui par complémentarité destinent le
Chant de l’accomplissement. Ordres en fastes
dans l’enchantement des cohortes des pèlerins
qui vont et viennent la sacralisation de ce
souvenir aigu de la charnelle innocence, du
Christ la souffrance, du Christ l’immortelle
destinée, les uns les autres Hospitaliers, les
uns les autres Teutoniques, les uns les autres
de Malte l’enseignement, les uns les autres de
confréries les plus vastes et les plus
itinérantes, toujours sous le regard de notre
veille tutélaire dans l’embrasement de leurs
conquérantes fortunes et infortunes.
En ce sacre de la Miséricorde qui nous tient
lieu, et qui sera votre, défenseur
inconditionnel de la Vie par toutes faces en
toutes faces, par tous lieux en tous lieux,
Guerriers souverains n’apportant ni tributs, ni
devises, n’éclairant aucune vassalité ni parodie
de pouvoirs matérialisés et sans nombre, libres
Guerriers de la Vie oeuvrant pour le salut
commun, pour le salut de toute l’Humanité, de
tout ce qui est Vie, devenir de la Vie, gravité
et perfection de la Vie, car puissance de la Vie
en ses vitales appartenances, fleuve majestueux
dessinant d’eaux claires et vives les
frondaisons de la beauté, ce calice de la
multiplicité où la multiplicité s’unit afin
d’éclairer participe, chacune de ses racines
épousées, dans la novation fidèle des floralies
qui ne se détruisent mais, écharpes de soleil,
s’élèvent vers le firmament pour glorifier
l’Harmonie de tout ce qui est…
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