Sur le chemin de Jérusalem
Et ce temps passé, un temps souverain où nous
hâlions les lendemains à naître. Ivoire d’un
semis de féerie, nous déferlions en troupes
composées les plus fabuleux déserts, devisant le
sort, l’immensité et la plénitude en la Croix,
notre demeure, notre silence comme notre Voie.
Félicité des Ages qui viennent, nous étions en
prouesse de nos choix, en force de nos talismans
les plus secrets et nos voix s’égayaient armure
et bouclier de la pureté, notre élan et notre
joie. Dieu souverain, notre Chant, en sa Déité
circonscrite, Jésus Christ, notre Seigneur. Ici
le lieu comme le temps, ici dans la bravoure,
sans faiblesse, nous aidions notre prochain à
traverser sans refuge les terres inhospitalières
afin qu’ils reconnaissent l’ardeur de leur Foi,
et nos chants irriguaient le songe comme le rêve
de tous ces Peuples en émois, de leurs règnes
comme de leurs sels, toujours en guets de leurs
rivages compris, notre sang leur atour, notre
volonté, leur inexpugnable volition. Ainsi et
dans les hymnes les plus féroces aux accents de
la guerre, aux accents de l’outrage, aux accents
de la barbarie, toujours nous allions ce message
de la pure fraternité qui convient à la Foi, à
ses serments, à ses audaces, à ses désinences,
dans le feu et dans la flamme, dans la douleur
et la consomption, dans l’ovation comme
l’opprobre, et nous ne comptions nos morts et
nos blessés pour compagnons de désolation et de
promiscuité, et nous ne cherchions de refuge
dans la compassion, et nous ne doutions de notre
charité comme de notre miséricorde puisées dans
le cœur même de notre respire, de ce respire de
la Vie que nous a légué et pour toujours Notre
Seigneur Jésus Christ, pour lequel chacune de
nos actions, chacune de nos paroles, chacune de
nos émotions, étaient et resteront vouées.
N’attendez ici des récits de combats épiques,
des chants de guerre, et de morbides errances.
Ce que je conte là, à l’aube de mon crépuscule
n’est pas devenir de ces vagabondes
circonvolutions de l’effort à être, mais bien
plus que tout cela, de tout ce paraître, bien
plus que votre imagination en éveil ne saurait
embraser si elle n’a pas su embraser l’Eternité
et en revenir pour initier la pure viduité
messagère et Templière, celle qui ne s’inscrit
dans la verroterie des talismans, mais dans la
pureté des vitraux que l’on peut encore et
toujours contempler aux plus secrètes arcanes de
ces Temples qui ont fleuri et continuent à
fleurir nos terres occidentales, là bas aux
fronts de gloire et de majesté de tout ce qui
est et non de tout ce qui paraît, là bas, dans
cette concrétion de nos Peuples qui ne
s’asservissent devant Dieu mais l’honorent pour
ce qu’il est, l’indéfinissable et le multiple,
Grand maître Souverain de l’Ordre Cosmique qui
nous est naissance, accomplissement et devenir,
Absolu par essence et substance, indéfinition
dans la définition de la théurgie des mondes
dont nous sommes d’humbles cristallisations,
poussières d’étoiles qui reviendront sa Vie de
Lumière et d’espérance, la Vie inépuisable et
gracieuse, la Vie souveraine et majestueuse
s’élançant vers ces firmaments qui se dressent
sur l’horizon des cœurs vierges des passions
matérialisées et contristées, qui s’éploient et
se déploient dans la magnificence, là sous vos
yeux, là dans votre regard profond, ici dans
votre sentiment d’appartenance et de gloire,
dans l’appropriation de la beauté qui se
louange, dans l’harmonie la plus téméraire et la
plus belle à voir, celle d’un sourire, d’un vol
d’oiseau, d’un signe du vent dans les ramures
des arbres millénaires, dans ce souffle qui nous
traverse, nous féconde et nous désigne, par delà
les orées, les cristallines devises de l’avenir,
au-delà des temporalités broyées par le fer et
dans le sang, au-delà des guerres outrancières,
au-delà des immolations et des mensonges
larvaires, au-delà de ces fauves latitudes qui
ne sont que crispations de la léthargie qui
frappe de cécité la plupart des Humains, qu’il
convient de déciller, ainsi et dans ce chant qui
se destine, et dans cet hymne qui se doit afin
de porter la lumineuse perception à
l’aperception, afin de situer le cœur même de la
raison qui porte l’imagination à sa plus noble
appartenance, celle de l’Action pure, celle de
la densité de ses écumes, celle de ses
conditions, celle de sa destinée nuptiale et
conquise, celle du Jeu, le Jeu Divin, le Jeu
Humain, le jeu qu’universelle renommée le cil
ouvre en ses limites afin d’initier le Règne… |